Données sur les Gymnospermes

La notion de poison est fort ancienne. Une substance est un poison ou un toxique lorsque, après pénétration dans l’organisme, par quelque voie que ce soit à une dose relativement élevée (en une fois ou en plusieurs fois très rapprochées) ou par petites doses longtemps répétées , elle provoque, dans l’immédiat ou après une phase de latence plus ou moins prolongée, de façon passagère ou durable, des troubles d’une ou de plusieurs fonctions de l’organisme pouvant aller jusqu’à leur suppression complète et amener la mort.

La connaissance des propriétés toxiques de certaines substances existant dans la nature permettait aux initiés d’utiliser celles-ci dans le but de nuire à la santé ou de provoquer la mort. Tant il est vrai que l’humanité s’est toujours fort préoccupée d’utiliser et de perfectionner les moyens de tuer ! C’est pourquoi l’emploi des poisons est demeuré pendant longtemps l’apanage du crime et du suicide.

Données sur les Gymnospermes

Les Gymnospermes sont des plantes ligneuses, arborescentes ou buissonnantes, qui se subdivisent en plusieurs ordres : les Cycadales, les Ginkgoales, les Conifères et les Gnétales. Il existe aujourd’hui près de 600 espèces de Gymnospermes, réparties en 70 genres, ce qui est très peu en comparaison avec les Angiospermes.

Les Gymnospermes ont toujours été considérées comme des plantes à faible toxicité mais ils comprennent également des espèces très toxiques.

La famille des Taxacées comporte plusieurs espèces qui contiennent toutes une substance toxique, la taxine.

Taxus baccata ou l’If commun (en Europe) est un arbre ou arbuste à croissance très lente et de grande longévité. Toute la plante est toxique sauf l’arille qui est comestible. La graine est par contre très toxique. Taxus baccata est aussi reconnu pour le pouvoir curatif de ses infusions comme anticoagulant et cardiotonique (GUENARD et al., 1990).

La toxicité a été reliée à la présence, dans la plante, de l’alcaloïde nommé «taxine». Un autre alcaloïde diterpénique, le taxol, possédant des propriétés cytotoxiques anticancéreuses (cancer de l’ovaire et cancer du sein) a été également isolé. D’autres principes toxiques ont été également trouvés comme des hétérosides (Taxicosides), et des substances non azotées et diterpéniques (Taxanes). Chez l’homme, les symptômes suivants apparaissent une à deux heures après ingestion d’aiguilles ou de graines : vomissements, diarrhée, crampes abdominales, vertiges, hallucinations, dilatation des pupilles. En cas d’intoxication grave, on observe ensuite des convulsions, un pouls irrégulier (d’abord rapide, ensuite lent), des troubles du rythme cardiaque, une forte chute de tension et une mort subite par arrêt cardio-respiratoire. Les intoxications fatales dues à Taxus chez l’homme sont presque toujours des intoxications par ingestion de matériel végétal ou de décoction préparée à partir de la plante. Après ingestion accidentelle de petites quantités de la plante, on observe les symptômes suivants : malaise, nausées, douleurs thoraciques, essoufflement, palpitations et troubles de l’équilibre.

Les animaux sont eux aussi victimes d’intoxication au Taxus. Des intoxications sont décrites chez les chevaux, ânes, bovins, moutons, porcs, lapins, volailles, chiens et chats. Une intoxication aiguë se présente le plus souvent comme une mort subite sans symptômes préalables. Les chevaux y sont particulièrement sensibles : ils peuvent tomber morts cinq minutes après l’ingestion d’aiguilles d’if. La dose mortelle pour un cheval est estimée à 0,5–2 g/kg de poids corporel. 10 g de feuilles/kg peuvent tuer une vache. Le lait et la viande d’animaux intoxiqués sont toxiques même après cuisson.

Parfois, l’intoxication prend une forme subaiguë avec des symptômes tels que vomissements, diarrhée, tremblements, agitation, perte d’équilibre avec chute et ralentissement des pulsations cardiaques qui peuvent néanmoins conduire à une perte de conscience et au décès.

Les principes toxiques confèrent à la plante des effets narcotiques semblables à ceux de la morphine et une cardiotoxicité.

Juniperus sabina, gymnosperme de la famille des Cupressacées est aussi toxique surtout l’huile essentielle extraite des fruits et de la racine. Elle combat la verrue et l’affection rhumatismale. Elle est employée pour traiter la métrorragie et certaines personnes l’utilisent pour l’avortement. Les principes actifs de cette plante sont constitués de sabinol, sabinène, cadinène et thujone. Le sabinol a comme propriété de provoquer la contraction de l’utérus, entrainant ainsi l’avortement. L’huile essentielle de Juniperus est mortelle si la dose létale est ingérée. Cette valeur est estimée à 5 à 6 gouttes d’huile.

Données sur le genre Podocarpus

Podocarpus ou Pin des bouddhistes est l’un des conifères les plus anciens qui existent. Ils sont originaires de Chine, du Japon et des Indes. Dans le monde, le genre Podocarpus est représenté par environ 105 espèces.

Podocarpus est cultivé comme arbre d’ornement dans les parcs et jardins tant pour son port que pour son feuillage toujours vert. Il est populaire particulièrement au Japon et dans le Sud-est des États-Unis. Les différentes espèces de Podocarpus sont également utilisées comme bois de construction pour le plancher, les poutres et les meubles.

La partie charnue des fruits de la plupart des espèces de Podocarpus est comestible, crue ou cuite en confitures ou en tartes, et elle a une texture mucilagineuse avec un goût légèrement sucré. Par contre, la graine est légèrement toxique. Elle peut causer des symptômes comme les douleurs abdominales, la nausée, le vomissement et la diarrhée. Certaines espèces de Podocarpus sont utilisées traditionnellement dans leurs régions d’origine pour le traitement de diverses maladies (fièvres, asthme, toux, choléra, maladies de poitrine, arthrite, rhumatismes, maladies vénériennes et maladie de Carré chez les chiens). En Afrique du Sud, quatre espèces de Podocarpus sont utilisées en médecine traditionnelle à la fois en santé humaine et animale. Les écorces et les sèves des espèces P. latifolius, P. milanjianus, P. falcatus, P. gracilior, P. henkelii ainsi que P. elongatus sont utilisées par les Zulu pour traiter la maladie de poitrine et guérir les maladies des animaux domestiques (WATT ET BREYER-BRANDWIJK, 1962 ; HUTCHINGS et al, 1996). En Afrique de l’Est, la tige et l’écorce de P. falcatus et P. latifolius constituent un très bon remède pour le traitement de la maladie de l’estomac et du bétail (BEENTJE, 1994). L’huile extraite de ces plantes est utilisée pour traiter la gonorrhée et elle est aussi un vermifuge. La décoction de fruits sert à nettoyer les reins, les poumons et l’estomac.

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En Ethiopie, l’huile extraite de P. falcatus est utilisée pour guérir la gonorrhée et la poudre d’écorce les maux de tête (PANKHURST, 2000). Des études ont montré que des extraits de feuille et de tige de ces plantes présentent une puissante activité antimicrobienne, anti-inflammatoire, anti-tyrosinase, anthelminthique, inhibitrice de l’acétylcholinestérase et des activités antioxydantes (ABDILLAHI et al., 2011). Plusieurs espèces de Podocarpus, utilisées empiriquement pour soigner des maladies infectieuses, ont fait l’objet d’études scientifiques afin d’en extraire les principes actifs. Les limites de leur action ont été étudiées par la méthode de l’antibiogramme sur plusieurs espèces de bactéries.

L’écorce et les feuilles de plusieurs espèces de Podocarpus d’Afrique du Sud (P. elongatus, P. falcatus, P. henkelii, P. latifolius) ont été extraites par six solvants successifs de polarité croissante qui sont l’éther de pétrole, l’hexane, le dichlorométhane, l’acétone, l’éthanol 80% ainsi que l’eau. Les produits d’extraction ont été testés sur des bactéries pathogènes telles Bacillus subtilis, Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae et sur la levure Candida albicans. La CMI a été déterminée en utilisant la méthode de microdilution sur microplaque. L’extrait éther de pétrole de P. henkelii et l’extrait éthanolique du P. elongatus ont montré une forte activité antibactérienne contre Bacillus subtilis dont la CMI était de 0,098 mg/ml. L’extrait éthanolique de P. latifolius a présenté une CMI égale à 0,098 mg/ml contre Staphylococcus aureus.

La CMI de l’extrait dichlorométhane de P. henkelii et P. elongatus est de 0,39 mg/ ml vis-à-vis d’Escherichia coli. L’extraction par l’éthanol de P. elongatus a donné une CMI égale à 0,33 mg/ml vis-à-vis de Klebsiella pneumoniae. P. henkelii et P. latifolius ont montré une forte activité contre Candida albicans (CMI : 0,03 mg/ml).

Plusieurs molécules à activité antibactérienne et antifongique ont été également isolées de certaines espèces de Podocarpus. Le totarol, une molécule isolée de P. nagi, P. macrophyllus et P. totara présente une forte activité antibactérienne. Des diterpènes comprenant le ferrunigol, l’hinikiol et l’hinokione isolés de P. nubigena et P. saligna montrent une activité antibactérienne contre Staphylococcus aureus et Pseudomonas et une activité antifongique élevée contre Aspergillus sp, Fusarium fujikuroi, Fusarium ciliatum. Le nagilactone E de P. nagi présente une faible activité contre Candida albicans.

Parmi les espèces de Podocarpus présentes à Madagascar, seule l’espèce madagascariensis est endémique. A notre connaissance, Podocarpus de Madagascar ne fait l’objet d’aucune utilisation thérapeutique. Cependant, il est utilisé pour la construction et l’ornement.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Données sur les Gymnospermes
Données sur le genre Podocarpus
1. INTRODUCTION
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. MATERIELS
2.1.1. La plante
2.1.1.1. Classification
2.1.1.2. Description botanique
2.1.1.3. Distribution géographique de la plante
2.1.1.4. Date et lieu de récolte
2.1.1.5. Préparation et conservation du matériel
2.1.2. Produits chimiques
2.2. METHODES
2.2.1. Méthodes d’extraction des principes toxiques
2.2.1.1. Extraction à chaud
2.2.1.2. Extraction à froid
2.2.2. Méthodes de purification
2.2.2.1. Partition au n-butanol
2.2.2.1.1. Principe
2.2.2.1.2. Mode opératoire
2.2.2.2. Fractionnement par l’acétate d’éthyle
2.2.2.2.1. Principe
2.2.2.2.2. Mode opératoire
2.2.2.3. Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP)
2.2.2.3.1. Principe
2.2.2.3.2. Mode opératoire
2.2.2.4. Filtration sur charbon actif
2.2.2.4.1. Principe
2.2.2.4.2. Mode opératoire
2.2.2.5. Dialyse
2.2.2.5.1. Principe
2.2.2.5.2. Mode opératoire
2.2.3. Méthode de concentration
2.2.4. Méthode analytique
2.2.4.1. Chromatographie sur couche mince
2.2.4.1.1. Principe
2.2.4.1.2. Mode opératoire
2.2.4.2. Réactions de détection des familles chimiques
2.2.4.2.1. Préparation des extraits
2.2.4.2.1.1. Extrait acide
2.2.4.2.1.2. Extrait hydroalcoolique
2.2.4.2.1.3. Extrait aqueux
2.2.4.2.1.4. Extrait chloroformique
2.2.4.2.2. Détection des alcaloïdes
2.2.4.2.3. Détection des flavonoïdes (Test de WILSTATER)
2.2.4.2.4. Détection des leucoanthocyanes (Test de BATE-SMITH)
2.2.4.2.5. Détection des saponosides (Test de mousse)
2.2.4.2.6. Détection des tanins et polyphénols
2.2.4.2.7. Détection des désoxyoses (test de KELLER-KILIANI)
2.2.4.2.8. Détection des irridoïdes
2.2.4.2.9. Détection des anthraquinones (test de BORNSTRÄGER)
2.2.4.2.10. Détection des stéroïdes et triterpènes
3. RESULTATS
3.1. Extraction et purification des principes toxiques
3.1.1. Extraction
3.1.1.1. Extraction aqueuse à froid
3.1.1.2. Extraction hydroéthanolique à froid
3.1.1.3. Extraction aqueuse à chaud
3.1.1.4. Extraction hydroéthanolique à chaud
3.1.2. Purification
3.1.2.1. Partition à l’n-butanol
3.1.2.2. Fractionnement par l’acétate d’éthyle
3.1.2.3. Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP)
3.1.2.4. Filtration sur charbon actif
3.1.2.5. Dialyse
3.2. Rendement
3.3. Degré d’homogénéité des extraits
3.4. Caractérisation chimique
3.4.1. Propriétés physico-chimiques
3.4.2. Nature chimique
4. DISCUSSION
CONCLUSION

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