DOMINANTES PATHOLOGIQUES DU CHEVAL
Importance économique, sociale et culturelle du cheval au Sénégal Au Sénégal, l’usage des équidés est très répandu en milieu rural comme en milieu urbain avec une importance à la fois économique, sociale et culturelle.
Importance économique
Dans les pays à tradition équestre, le cheval fait vivre de nombreuses familles à travers la traction hippomobile (travaux agricoles et /ou transport) et les entreprises de courses, de sport et de loisirs. En milieu rural, la presque totalité de l’agriculture repose sur l’énergie animale produite en particulier par les équidés. Cette utilisation sera d’actualité à cause de la faiblesse des revenus des producteurs et de l’inadéquation de la motorisation pour les petites exploitations agricoles (NDAO, 2009). De plus, les charrettes équines participent largement au transport des intrants agricoles (engrais, produits phytosanitaires, semences), des produits agricoles (récolte, produits animaux) tout en assurant leur distribution et leur commercialisation et parfois l’évacuation sanitaire vers les centres de santé (NDIAYE, 1978). En milieu urbain, le transport hippomobile joue un rôle important dans le transport des personnes et des biens malgré la modernisation du système de transport urbain. Dans la plupart des villes, les calèches font partie des moyens de transport les plus utilisés par les populations pour effectuer leurs déplacements. En guise d’exemple, dans la région de Thiès, il est rapporté que pour le travail de six (6) jours par semaine, les fiacres et les charrettes ont généré pour leur propriétaire un gain monétaire net quotidien moyen équivalent respectivement à 60% (2202 FCFA) et 66% (2779 FCFA) de leur chiffre d’affaire quotidien respectif (3608 et 4200 FCFA) (LY et al, 1998).De même, dans la région de Louga, le transport hippomobile assure plus de 70% des déplacements des populations (MOSSUS, 2008).Ainsi, l’utilisation du cheval comme moyen de transport permet au conducteur d’entretenir sa famille, son cheval et de payer les taxes communales.
Importance sociale et culturelle
Le cheval occupe une place importante dans la société traditionnelle africaine. Animal estimé et familier, le cheval chez les peulhs et les wolofs faisait partie de la dote exigée au mari (DJIMADOUM, 2004). En pays sérère, on faisait monter la nouvelle mariée sur un cheval pour faire le tour de l’arbre à palabre, avant son entrée au domicile conjugal. Certains chevaux, du village de Pekh, dans la région de Louga, sont élevés uniquement pour la danse selon une chorégraphie pérennisée depuis fort longtemps dans l’empire du Cayor où les victoires étaient fêtées par fantasias. Le cheval est utilisé aussi pour les défilés, les escortes des grandes personnalités ou encore pour accueillir les hôtes de marque. C’est ce qui justifie la présence des écuries au niveau de la gendarmerie nationale du Sénégal (AKPO, 2004).
CONTRAINTES DE L’ELEVAGE DES EQUIDES
Les contraintes de l’élevage du cheval au Sénégal sont d’ordre environnementale, alimentaire, bien-être et sanitaire.
Contraintes environnementales
Le pays est caractérisé par une saison des pluies qui dure, à peine, trois mois sur douze. Les pâturages sont constitués de graminées et de ligneux qui sont la ration de base du bétail en général et des équidés en particulier. De plus, l’avancée progressive du désert du fait de la désertification, rend difficile la conservation du tapis herbacé, d’où la raréfaction des pâturages en saison sèche. A cela s’ajoute parfois l’insuffisance de points d’eau pour l’abreuvement des chevaux en divagation dans la zone sylvo-pastorale. Dans le sud du pays, en l’occurrence en Casamance, la végétation est abondante et la pluviométrie satisfaisante, mais cette zone est hostile au cheval à cause des glossines, vecteurs de la trypanosomose (NDIAYE, 1978).
Contraintes alimentaires
L’alimentation du cheval doit être adaptée à ses besoins propres. En effet, en élevage traditionnel, les rations sont composées de façon empirique avec des insuffisances sur le plan qualitatif et quantitatif. Dans les élevages modernes, les rations sont souvent équilibrées, mais les facteurs alimentaires sont aussi à l’origine de certaines coliques du cheval (FALL, 1992). Durant la saison sèche, les équidés disposent de peu de réserves alimentaires, et sont donc souvent laissés à eux-mêmes pour la recherche de vaine pâture. Cette situation provoque des problèmes d’infertilité et d’avortement chez les femelles reproductrices (FALL, 2003).
Contraintes au bien-être
Le bien-être animal est ainsi défini par l’OIE (BROOK, 2010) comme la manière dont un animal évolue normalement dans les conditions qui l’entourent. Le bien-être animal est considéré comme satisfaisant si les critères suivant sont réunis : bon état de santé, confort suffisant, bon état nutritionnel, sécurité, possibilité d’expression du comportement naturel, absence de souffrance telle que la douleur, la peur ou la détresse. Ainsi donc, le bien-être animal requiert la prévention et le traitement des maladies, la protection appropriée, les soins, l’alimentation adaptée, des manipulations réalisées sans cruauté, et l’abattage ou mise à mort effectués dans les conditions décentes. Partant de ces considérations, il est à noter que le bien-être des équidés est loin d’être assuré malgré l’existence de rares textes réglementaires en la matière. C’est le cas de l’Arrêté N°468 du 24 janvier 1994 dont l’article 2 qui stipule que Tout cheval qui réside au Sénégal doit avoir un livret sanitaire et signalétique délivré par le service de l’élevage au frais du propriétaire. De même, l’arrêté interministériel N°10411/MA/DIREL du 06/11/1995 dont l’article est relatif au harnachement, en cuir ou en nylon, ne devant comporter aucune partie métallique susceptible d’occasionner des blessures à l’animal avec un rembourrage particulier des harnais au niveau des endroits du corps où s’opère la traction (cou, poitrail, garrot) et aux fers de cheval qui doivent être en bon état et fixés pour éviter les dérapages qui peuvent conduire à des problèmes de boiterie. Enfin, l’arrêté ministériel N°8660 du 20 novembre 1996 rend obligatoire la vaccination contre la peste équine au Sénégal (article 2). En effet, malgré ces textes, les équidés sont confrontés aux contraintes du bienêtre (maladies, inconfort, insécurité, etc.).
Contraintes sanitaires
De nombreuses pathologies associées à un manque d’hygiène freinent le développement de l’élevage équin au Sénégal. Ces pathologies sont moins présentes dans les élevages modernes en raison des mesures prophylactiques qui y sont pratiquées. Elles sont majoritairement d’origine parasitaire et infectieuse, mais, les blessures (figure 4), les boiteries, les affections de l’œil et les coliques sont aussi fréquemment rapportées ou observées sur le terrain surtout chez les chevaux de trait (DJIMADOUM, 1994).Par ailleurs, les coliques du cheval par leur fréquence, la spontanéité de leur développement, la rapidité de leur évolution et leur gravité représentent un des plus importants problèmes en médecine vétérinaire (BELEI, 1991).
PREMIERE PARTIE :ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE |