DIVERSITE SPECIFIQUE DES TIQUES ET HEMOPARASITES ASSOCIES CHEZ LES PETITS RUMINANTS

DIVERSITE SPECIFIQUE DES TIQUES ET HEMOPARASITES ASSOCIES CHEZ LES PETITS RUMINANTS

Bio écologie des tiques dures

Mode de vie et Préférence Trophique Les tiques dures sont des parasites temporaires et leurs phases de vie libre sont plus longues que leurs phases de vie parasitaire (Drevon-Guaillot, 2002). Leur vie libre est étroitement liée aux conditions climatiques, surtout, thermo hygrométriques qui constituent d’importants facteurs et critères de survie. Contrairement aux autres arthropodes hématophages, les tiques ne disposent pas d’importants moyens de déplacement (François, 2008). Ainsi, durant la phase libre elles sont :  soit endophiles, vivant dans des terriers ou des nids où elles infestent l’hôte et s’y reproduisent la plus part du temps les rongeurs. Elles se déplacent peu, l’infestation de l’hôte est facile, en revanche, l’attente est longue (François, 2008). 9  soit exophiles, passant l’essentiel de leur temps au sol et détectent leur hôte à distance. Elles sont attirées vers l’hôte par le gaz carbonique émis et l’odeur. Une fois sur l’hôte, elles recherchent des zones propices, facile à percer (François, 2008). Néanmoins, beaucoup d’espèces sont dites ≪ mixtes ≫, c’est à dire elles sont endophiles aux stades larvaire et nymphale et exophiles au stade adulte (François, 2008). La vie parasitaire des tiques tient compte également de la spécificité d’hôte. Ainsi on distingue, des tiques spécifiques, qui ne parasitent qu’une seule espèce d’hôte (ovin vs caprin) ou groupe d’espèces (petits ruminants vs bovins ; herbivores vs carnivores) (Drevon-Guaillot, 2002). D’autre part, certaines espèces de tiques sont ubiquistes, c’est-à-dire qui n’ont aucune spécificité d’hôtes. Elles se fixent facilement sur des hôtes inhabituels, dont l’homme en particulier. Cependant, trois genres, Ixodes, Haemaphysalis et Amblyomma, seulement sont connus pour manifester un tel comportement trophique (Drevon-Guaillot, 2002, Perez-Eid, 2007)

Cycle de développement

Le cycle de développement comporte quatre étapes évolutives : l’œuf, la larve, la nymphe et l’adulte (Figure 5,(Perez-Eid, 2007). Les œufs (1 000 à 20 000 selon l’espèce de tique) sont pondus dans un gîte de ponte (exemples : abri naturel sous une pierre, litière végétale, crevasses etc (Morel, 2000). Le temps d’incubation va varier en fonction des conditions environnementales (4 – 10 semaines). Des variations brusques de température peuvent rendre les œufs non viables. Après l’éclosion, la larve hexapode s’active à la recherche d’un hôte pour se gorger (Morel, 2000). Elle se détache après gorgement et se métamorphose en nymphe sous abri (2 à 8 semaines selon l’espèce et les conditions climatiques). De même que la larve, la nymphe va à la recherche d’hôte et subit une vraie métamorphose (une ou plusieurs séries de mue(s) nymphale(s) allant de 5 à 25 semaines) (François, 2008). Généralement, l’adulte prend un repas sanguin plus important en volume et donc plus long (5 à 10 jours). Chez le mâle le gorgement est réduit (exemple : genre Ixodes) voire nul comme le cas des Métastriata (tous les genres de la sous-famille des Ixodidae excepté du genre Ixodes). Apres l’accouplement, le mâle meurt et la femelle, comme tout arthropode hématophage, va rechercher un hôte pour se gorger afin d’assurer la maturation des œufs. 10 Figure 5 : Les différents stades évolutifs des tiques (Perez-Eid, 2007) Suivant le nombre et la diversité spécifique des hôtes nécessaires au cycle de leur développement, on distingue 3 types de cycles parasitaires chez les tiques (figure 6): les mono, di ou triphasiques (Perez-Eid, 2007).  Cycle triphasique : Avec trois repas sanguins sur trois hôtes différents, que les hôtes soient de la même espèce ou non, observés sur 90 % des tiques dures Dermacentor, Amblyomma, Haemaphysalis, Ixodes (Gilot, 1985 et Pérez-Eid, 2007).  Cycle diphasique : De la larve à l’adulte, on assiste à deux phases parasitaires. Soit les larves et les nymphes effectuent leur repas sur le même animal, soit les nymphes et les adultes. Exemples de tiques à cycle diphasique les genres Rhipicephalus et Hyalomma  Cycle monophasique : De la larve à l’adulte, la tique se nourrit sur un seul hôte. On parle dans ce cas de cycle monophasique. Ex : Chez Rhipicephalus microplus. Le tropisme des tiques, pour un groupe d’hôtes particuliers ou une espèce d’hôte particulière, a permis de les catégoriser. Larves et nymphes peuvent avoir un tropisme pour certains hôtes, comme les micromammifères (mulots, campagnols, hérissons), tandis que les adultes vont rechercher des herbivores (bovins, cervidés…). Ainsi on a des tiques télotropes, di et monotropes.  Les tiques télotropes abordent tous les hôtes disponibles dans un habitat donné. Les adultes manifestent en général en fin de cycle, un tropisme d’hôte caractérisé envers les ongulés (cas d’I. ricinus).  Chez les tiques ditropes, les immatures (larves et nymphes) ne se nourrissent pas sur les mêmes hôtes que les adultes. Par exemple, Dermacentor reticulatus (les immatures 11 se gorgent sur les micromammifères (rongeurs et insectivores), et les adultes parasitent les herbivores (les ongulés). Pour les tiques monotropes, toutes les stases se gorgent sur un même type d’hôte. Figure 6 : Différents cycles de développement des tiques selon la complexité quantitative et qualitative des hôtes.

Importance médicale et vétérinaire des tiques dures

Les tiques jouent un rôle direct (ectoparasites) et un rôle indirect (transmission de pathogènes) Le parasitisme des petits ruminants par les tiques est véritablement responsable de plusieurs pertes directes et indirectes. Parmi les pertes directes, nous avons la diminution de la croissance, baisse de la production laitière (perte des trayons) et de viande et aussi la détérioration des cuirs (blessures causées par les tiques). D’autre part, les pertes indirectes (morbidité et mortalité) sont dues aux différents pathogènes transmis par les tiques. Certaines maladies dues aux pathogènes transmis par les tiques sont des zoonoses émergentes et/ou ré émergentes. (Socolovschi et al., 2009).

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Aspects épidémiologiques généraux de la transmission d’agents pathogènes par les tiques 

Généralité sur les hémoparasites Ces dernières années, à travers le monde une série de maladies à transmission vectorielle se sont propagées et dans de nouvelles aires géographiques, dont plusieurs sont causées par des hémoparasites. Ces derniers sont des micro-organismes tels que des bactéries (Anaplasma centrale, Anaplasma marginale des mycoplasmes …, des protozoaires (Babesia, Theileria…), des virus…transmis par des arthropodes dont les tiques (Camicas et al., 1994, Platonov, 2011, Ogden et al., 2014). Ils infectent une large gamme d’hôtes dont les animaux domestiques et les 12 animaux sauvages dans la plupart des régions du monde, causant des problèmes médical et vétérinaire avec un impact économique très important (De la Fuente et al., 2006).  Babesiose  Généralité Responsables de la Babésiose ou piroplasmose, qui sont dues à la multiplication de parasites sanguins obligatoires, plus de 100 espèces de Babesia ont été décrites et classées en grandes ou petites Babesia dont les principales espèces affectant les petits ruminants sont B. ovis, B. motasi et B. crassa. Babesia ovis est l’espèce la plus pathogène (Vannier et Krause, 2012). Les espèces les plus importantes sur le plan médicovétérinaire sont B. microti et B. divergens. Chez l’hôte vertébré, ces espèces envahissent les globules rouges.  Vecteurs et réservoirs Les tiques Ixodidae (Genres : Rhipicephalus et Haemophysalis) sont les vecteurs (Vannier et Krause, 2012). D’autres espèces de tiques appartenant à d’autres genres peuvent être impliquées dans le cycle de la transmission. Les hôtes naturels réservoirs sont respectivement les bovins et les rongeurs (Vannier et Krause, 2012). D’autres animaux domestiques tels que le chien, le cheval, les bovins.., peuvent être touchés. Quelques espèces de Babesia sont zoonotiques, mais dans l’ensemble faiblement pathogènes excepté chez les patients immunodéprimés (Schnittger et al., 2012). Quatre espèces zoonotiques de Babesia sont reconnues comme étant transmissibles à l’Homme par les tiques. La contamination par la transfusion sanguine peut être également noté chez l’homme comme chez l’animal (Koenen et al., 2013).  Fièvre hémorragique de Crimée-Congo  Eléments de virologie et répartition géographique Décrite pour la première fois dans les années 1940 dans la péninsule de Crimée lors d’une épidémie de fièvres hémorragiques sévères, la maladie de Fièvre hémorragique de CriméeCongo (FHCC) est due à un virus à ADN double brin enveloppé (groupe I). Il appartient au genre Nairovirus de la famille Bunyaviridae (Zeller et al., 1997). Le virus a une large répartition, il se retrouve en Afrique, en Europe et en Asie de l’ouest et absent du nouveau Monde.  Vecteurs et réservoirs Les espèces de tiques vectrices du virus sont principalement celles appartenant au genre Hyalomma mais également certaines des genres Dermacentor et Rhipicephalus. Chez la tique, le virus persiste par transmission transstadiale, transovarienne, vénérienne (plus rarement) et même par co-repas (Camicas et al., 1994, Bente et al., 2013). Les animaux étant 13 asymptomatiques, seul l’Homme développe la maladie. Le lièvre, le hérisson, les rongeurs et des espèces domestiques (bovins, ovins, caprins, cheval et porc) sont les principaux hôtes vertébrés du virus. Les animaux domestiques sont considérés comme des hôtes amplificateurs du virus : ils sont virémiques pendant au moins une semaine après la contamination et développent des anticorps spécifiques dirigés contre le virus, pouvant être détectés par un test sérologique (Camicas et al., 1994). La transmission vectorielle reste la principale voie d’infection de l’Homme par le virus (Mertens et al., 2013). 

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Aperçu sur l’élevage des petits ruminants au Sénégal
I.1.1. Le cheptel
I.1.2. Systèmes d’élevage au Sénégal
I.1.3. Importance socio-économique des petits ruminants
I.1.4. Contraintes du secteur de l’élevage des petits ruminants
I.2. Généralités sur les tiques
I.2.1 Taxonomie et systématique de l’ordre des Ixodida (tiques)
I.2.2. Morphologie Générale des Tiques dures
I.3. Bio écologie des tiques dures
I.3.1. Mode de vie et Préférence Trophique
I.3.2. Cycle de développement
I.4. Importance médicale et vétérinaire des tiques dures
I.5. Aspects épidémiologiques généraux de la transmission d’agents pathogènes par lestiques
I.6. La lutte contre les tiques et les agents pathogènes transmis
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1. Zones d’étude
II.2. Matériel Biologique
II.3. Collecte des tiques et prélèvement du sang au niveau des petits ruminants .
II.3.1. Collecte des tiques
II.3.2. Prélèvement du sang
II.4. Identification des tiques et hémoparasites au laboratoire
II.4.1. Identification des tiques
II.4.2. Identification des hémoparasites
II.5. Analyse de données
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. Résultats
III.1.1. Diversité spécifique et abondance relatives des tiques dans les différentes zones agro écologiques
III.1.2. Abondance relative et richesse spécifiques des zones agroécologiques
III.1.3 Taux d’infestation des petits ruminants des différentes régions
III.1.4. Distribution des tiques sur les différents sites de fixation au niveau des petits
ruminants
III.1.5. La prévalence des hémoparasites retrouvés chez les petits ruminants
III.2. Discussion

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