Diversité, répartition et importance médicale des anophèles

Généralités sur le paludisme

Le paludisme est une protozoose due à un hématozoaire du genre Plasmodium transmis d’une personne à une autre par la piqûre infectée d’un moustique femelle Anopheles. Cinq espèces plasmodiales sont responsables du paludisme humain : Plasmodium falciparum (Welch 1897), P. malariae (Laveran 1881), P. vivax (Grassi et Feletti 1890), P. ovale (Stephens 1922) et P. knowlesi. Cependant, Plasmodium falciparum est l’espèce la plus répandue dans toute l’Afrique sub-saharienne et est responsable de la majorité des infections graves et mortelles (Mouchet et al., 2004).

Les vecteurs du paludisme

Systématique des anophèles

Les anophèles appartiennent à l’embranchement des Arthropodes (Arthropoda=pattes articulées), à la classe des Insectes (Insecta=corps segmenté en trois parties dont la tête le thorax et l’abdomen), à la sous classe des Ptérygotes (Pterygota=pourvus d’ailes), à l’ordre des Diptères (Diptera=avec deux ailes et une paire de balanciers), au sous-ordre des Nématocères (Nematocera=avec des antennes rondes et longues), à la famille des Culicidae (= moustiques), à la sous famille des Anophelinae, au genre Anopheles qui regroupe tous les vecteurs du paludisme humain dans le monde. Ce genre comprend trois sous-genres : Anopheles (où l’on retrouve les principaux vecteurs du paludisme), Bironella & Chagasia (Knight & Stone, 1977). 

Diversité, répartition et importance médicale des anophèles

Il existe actuellement environ 3500 espèces de moustiques recensés dans le monde dont plus 400 sont des anophèles. Environ 80 sont impliquées dans la transmission du paludisme (Mouchet et al., 2004). Mais dans la pratique, seules 20 espèces assurent l’essentiel de la transmission dans le monde (Pages et al., 2007). Les anophèles ne sont pas des insectes invasifs, et chaque continent héberge sa propre biodiversité d’Anopheles. La transmission du paludisme est essentiellement assurée en Afrique par le complexe Anopheles gambiae et certaines espèces du groupe An. funestus. Anopheles gambiae est le principal complexe d’espèces cryptiques vectrices du paludisme en Afrique. Le complexe Anopheles gambiae regroupe neuf espèces différentes : An. gambiae s.s., An. arabiensis, An. quadriannulatus, An. coluzzii, An. amharicus, An. bwambae, An. merus, An. melas et An. comoriensis (Coetzee et al., 2013). An. arabiensis est l’espèce la mieux représentée dans les savanes sèches (zones sahéliennes et soudanosahéliennes), contrairement à An. gambiae s.s. et An. coluzzii qui prédominent dans les zones 4 de savane humide. An. melas et An. merus sont des espèces halophiles (Czeher, 2010) et sont inféodées aux côtes africaines occidentales et orientales respectivement. Elles sont limitées dans les endroits présentant des collections d’eau salée ou saumâtre. Le groupe funestus est constitué de neuf espèces : An. parensis, An. fuscivenosus, An. confusus et An. aruni, présentes en Afrique de l’Est ; An. vaneedeni localisée en Afrique du Sud, et An. brucei rapporté au Nigeria, alors qu’An. funestus, An. leesoni et An. rivulorum sont largement présentes sur l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne (Carnevale et al., 2009).Le statut et la position de chaque espèce dans le groupe Funestus ont été revisités. Il n’est maintenant accepté qu’An. Funestus appartient à un groupe composés de cinq sous-groupes dont 3 groupes contenant 13 espéces sont présents dans la région afro tropicale : An. funestus-like, An. longipalpis type C, An.rivulorium-like, longipalpis type A, (Dia et al., 2013) ces quatre espéces s’ajoutent aux 9 citées plus haut, ce qui fait un total de 13. Au Sénégal, sur une vingtaine d’espèces d’anophèles recensées, 4 sont des vecteurs majeurs (An. gambiae s.s, An. coluzzii, An. arabiensis et An. funestus) et 3 vecteurs secondaires (An. nili, An. melas et An. pharoensis) (Faye et al., 2011 ; Diagne et al, 1994 ; Dia et al., 2003 ; Dia et al., 2008 ; Coetzee et al., 2013 et Diop et al., 2002). I-

Cycle biologique des anophèles

Le cycle de vie des anophèles comprend une phase aquatique et une phase aérienne avec quatre stades successifs : œuf, larve, nymphe et adulte (figure 1). Figure 1: Cycle de développement des anophèles (Source: MRTC/Laboratoire de génomique 2014) 5 a) La phase aquatique La phase aquatique correspond à tous les stades pré-imaginaux : œufs, larves et nymphes. Il y’a 4 stades larvaires séparés par des mues qui correspondent à des augmentations notables de taille qui peuvent être de l’ordre de 10 fois, du stade I au stade IV. Ce phénomène d’accroissement ne se retrouvera plus dans la phase ultérieure (Carnevale et Robert, 2009). Environ 150 œufs sont déposés par une femelle à chaque ponte à la surface de l’eau (Stefani, 2011). Chaque espèce d’anophèle préfère pondre dans un type d’habitat particulier. Il arrive parfois qu’elle pond dans des eaux polluées (Pages et al., 2007). Les sites de ponte sont très variables : petites empreintes de sabot d’animaux, flaques d’eau de pluie, cours d’eau, etc… Les œufs éclosent au bout d’un à deux jours après la ponte libérant des larves qui flottent parallèlement à la surface de l’eau. Elles se nourrissent des particules alimentaires en suspension. La durée de développement larvaire est en général de 8 à 10 jours. La température de l’eau et les facteurs nutritionnels sont des paramètres dont dépend la durée du développement larvaire. Ainsi plus la température est élevée, plus le développement est rapide. Ensuite la larve évolue en une nymphe qui a la forme de virgule. Elle ne s’alimente pas, elle reste à la surface de l’eau et s’enfonce au fond si elle est dérangée. La durée du stade nymphal est de 2 à 3 jours et prend fin lorsque le tégument se fend et que le moustique adulte émerge. C’est le début de la phase aérienne. 

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