DIGESTION ANAEROBIE DE LISIERS DE PORC
LES PRINCIPAUX PARAMETRES CONTROLANT LA FERMENTATION METHANIQUE
La production de méthane dépend des conditions de fermentation, qui sont composées par : • les paramètres physico – chimiques de fermentation ; • les paramètres technologiques ; • et la qualité du substrat. Ces conditions permettent à la fois d’assurer les métabolismes des populations microbiennes présentes dans le milieu et de constater le bon déroulement de la fermentation. 4-5-1) Paramètres physico – chimiques de fermentation 4-5-1-1) Température de fonctionnement [4 ; 18 ; 22] La température est le facteur le plus important car pour chaque température existe un temps minimum où autant de bactéries sont formées. Elle influence directement le taux d’activité enzymatique des colonies bactériennes. En effet, à 10°C, cette activité est faible. Au-dessus de 65° C, les enzymes sont dénaturées par la chaleur. La vitesse de dégradation de la matière organique ainsi que la production de gaz dépendent de la température au moment de la fermentation méthanique. On distingue 2 plages de température optimale correspondant chacune à une population de bactéries méthanogènes: • Pour les méthanogènes mésophiles : 30° C < T° < 45° C. • Pour les méthanogènes thermophiles : 50° C < T° < 60° C. Pour le lisier de porc, on fixe la température de fonctionnement à 37° C [22 ; 23]. 4-5-1-2) Le potentiel d’hydrogène (pH) Le processus de digestion sera d’autant plus stable que le pH le sera. Le pH idéal à la fermentation méthanique est entre 6,6 et 7,6 avec un optimum entre 7 et 7,2 [38 ; 52]. 17 Pour un pH trop acide, il faut tamponner la charge par du carbonate de sodium.
L’anaérobiose
Si les deux phases préalables à la méthanogénèse peuvent se dérouler en présence d’air, la phase méthanogène ne peut se développer qu’en absence d’oxygène (flore anaérobie stricte). D’après HUNGATE en 1968, la quantité d’oxygène létale pour les bactéries méthanogènes est estimée à 10 ppm. Seul un milieu anaérobie permet la production de méthane. L’élimination de l’O2 présent au début de la fermentation est liée aux métabolismes des bactéries anaérobies facultatives (hydrolytique et acidogène).
Le potentiel redox
Un potentiel redox inférieur à -250 mV semble nécessaire à une activité méthanique stable. Il faut ainsi limiter au minimum l’apport de substances oxydantes telles que nitrates, nitrites et surtout l’oxygène. 4-5-1-5) Le rapport C / N [38] C’est un paramètre de contrôle du fonctionnement de digesteur. Dans le cas de méthanisation, il est possible d’obtenir un meilleur rendement de fermentation avec du lisier dont le C/N est entre 25 et 30. Le carbone est une source d’énergie et l’azote un élément de l’édification des structures cellulaires. Un rapport C/N élevé témoigne la présence de substance difficilement dégradable par les micro-organismes. Un rapport C/N faible témoigne d’une accumulation d’azote qui produit de l’ammoniac et qui pourrait devenir toxique à une teneur élevée.
L’humidité
Comme pour toute activité biologique, la présence d’eau est indispensable. L’humidité sert surtout à donner aux-micro-organismes des conditions favorables pour qu’ils puissent se multiplier et décomposer aisément. Un excès d’humidité ralentirait la multiplication végétative des micro – organismes, et provoquerait leur asphyxie.
La matière volatile (M.V) et la demande chimique en oxygène
La matière volatile et la D.C.O (la quantité d’oxygène, exprimée en milligramme demandé pour oxyder complètement les MO présentes dans un litre de liquide) sont deux grandeurs qui permettent l’estimation de la teneur en matière organique du substrat 18 La mesure du D.C.O est surtout utilisée pour les substrats dilués tels que les effluents industriels. La mesure de M.V et de la D.C.O en amont et en aval de la fermentation permet d’estimer l’efficacité de la dégradation et de l’épuration effectuée.
Les inhibitions par les précurseurs
Acides gras volatiles (A.G.V)
L’accumulation des A.G.V dans un substrat à faible pouvoir tampon induit un abaissement du pH; entraînant l’inhibition de l’activité microbiologique. 4-5-1- 8-2) L’ammoniac C’est la forme non ionisée qui est toxique. Comme les autres éléments minéraux, il est un facteur de stimulation biochimique à faible concentration. A concentration élevée, jusqu’à 3 g / l d’azote ammoniacal, il devient toxique. Cependant, il y a des cas où l’inhibition ne se produit qu’à des concentrations très élevées après adaptation progressive des micro – organismes (jusqu’à 5 g / l).
Les paramètres technologiques
L’agitation
L’agitation permet l’homogénéisation du substrat et elle empêche la formation de croûte et aussi la décantation des particules denses. Elle favorise le transfert thermique, ionique et métabolique dans le digesteur. Elle facilite le contact entre le substrat et les bactéries.
L’oxygène dissous
Une fuite au niveau du réacteur ou une entrée d’air à son intérieur tue les bactéries méthanogènes et conduit à l’arrêt de la méthanisation.
Le temps de rétention hydraulique
C’est le temps de séjour moyen du substrat dans le fermenteur. Cette durée est variable (dans l’intervalle de 10 à 30 jours) selon la technologie retenue et la température de fonctionnement. Lorsque le substrat comme le lisier de porc est à dominante cellulosique, il faut prévoir une durée minimale de fermentation de 21 à 25 jours. [52]. THELLIER en 1983 a trouvé un temps de rétention hydrauliques (TRH ou RT) de 20 à 30 jours qui est différent de celui de RAZAFIMAHEFA et ANDRIANAIVOARIMASY en 1999 qui est de 10 jours seulement.
La qualité du substrat
La qualité et la quantité de gaz produit durant la biométhanisation dépendent de la qualité du substrat utilisé. L’âge du produit contribue également à diminuer le potentiel méthanogène.
Les composés inhibiteurs contenus dans le substrat 4-
La cellulose
En général, certaines matières organiques d’origine végétale (déchets verts) et animale (déjections) utilisées en biométhanisation sont souvent riches en matières cellulosiques. Ces dernières sont toutefois difficiles à fermenter à cause de leur structure naturelle. La teneur en lignine peut être un frein à la dégradation de la cellulose. A l’état natif, la cellulose est associée à la lignine pour former un système fermé jouant un rôle protecteur: c’est le complexe ligno-cellulosique. Cette structure est peu accessible aux enzymes. Plusieurs enzymes (cellulase, xylanase, endoglucanases et autres) participent à l’hydrolyse du complexe mais très peu de micro-organismes possèdent les enzymes capables d’exécuter la lyse initiale de la cellulose native. Par contre l’hydrolyse partielle de la cellulose est obtenue par l’activité des nombreuses populations microbiennes. 4-5-3-1-2) L’alcalinité et le pouvoir tampon L’alcalinité du substrat est sa capacité à neutraliser l’acidité du milieu. [7] La production d’A. G.V et CO2 qui en résulte par la décomposition glucidique et lipidique des bactéries pendant la phase acidogène à tendance à faire baisser le pH. Ce phénomène est normalement limité par le pouvoir tampon du milieu. Cette alcalinité est due à la présence d’une production abondante de l’ammoniaque résultant de l’hydrolyse bactérienne de composés protéiniques, rendant ainsi le milieu basique. D’où la réaction : RNH2 NH3 + H2O NH4 + + OH- . Une alcalinité élevée signifie que le procédé est apte à s’opposer aux fortes fluctuations du pH. Inversement, si l’alcalinité est insuffisante, le pouvoir tampon ne saurait faire face à une augmentation brutale de la teneur en A.G.V. 20 Dans ce cas, l’ajout de bicarbonate ou de chaux est utile. La chaux en se combinant avec le CO2 du milieu, donne également du bicarbonate conformément à la réaction suivante: Ca (OH)2 + 2 CO2 Ca(HCO3)2.
Les éléments inhibiteurs
La toxicité des cations
En quantité modérée, les éléments minéraux tels que Na+ , K+ , Ca2+, …, sont indispensables au métabolisme bactérien car ils jouent le rôle des facteurs de croissance. A forte concentration, les ions deviennent toxiques car en se déplaçant du milieu le plus concentré vers le milieu le moins concentré, ils traversent les membranes bactériennes et les inhibent. Le tableau n° VII présente les concentrations seuils de quelques ions tolérés par les bactéries méthanogènes.
INTRODUCTION |