Différences entre les classes INNOMARCHE+ et INNOMARCHE

Déroulement

Procédure

Ce recueil s’est déroulé entre juin et août 2014 par le biais d’un questionnaire en ligne. Il a été complété par auto-déclaration et visait à inventorier les moyens mis en place pour « gérer » les connaissances.
Les entreprises contactées pour répondre au questionnaire proviennent d’une base de données fournie par Absiskey, composée de clients et de prospects. Les clients et prospects d’Absiskey ont pour point commun de mener des activités de recherche ou d’avoir des démarches innovantes. Ce fichier comporte 1509 contacts de PME, dont 1072 avec des adresses de courriel renseignées, valides, et dont l’interlocuteur correspondait au profil recherché pour répondre (PDG, responsable de l’innovation, responsable de la R&D).
Le questionnaire a été mis à disposition entre juin et juillet 2014. Chacun des 1072 contacts a reçu un courriel de présentation succincte comportant un lien pour accéder au questionnaire (disponible en Annexe 3). Une date butoir a été fixée pour clore l’accès au questionnaire et des relances ont été envoyées dix jours avant, puis deux jours avant la clôture du recueil.

Matériel

Pour réaliser cette cartographie des pratiques, dans un premier temps nous avons compilé les dispositifs évoqués par les consultants et ceux qui ont été rencontrés à travers l’étude de la littérature pour en créer une liste extensive. Les dispositifs ont été caractérisés selon les pratiques qu’ils permettent de satisfaire (Acquisition, Transmission, Evaluation et Exploitation des connaissances) pour constituer une première version du questionnaire.
En lien avec les modalités de recueil de données, plusieurs pré-tests ont été réalisés permettant de composer un questionnaire adapté au public de répondants (longueur, vocabulaire, etc.). Une des contraintes principales est le temps de réponse fixé à dix minutes. La conception d’un format plus court a nécessité plusieurs itérations.
Etant donné le public concerné, ces pré-tests ont été réalisés auprès de personnels d’Absiskey avec des profils similaires aux cibles du questionnaire, managers et responsables des opérations. Nous avons ainsi révisé le vocabulaire employé et rassemblé certains dispositifs autour de termes génériques. Nous avons également structuré le recueil autour de cinq catégories pour faciliter la saisie et inciter les répondants à renseigner d’autres dispositifs ne figurant pas dans le répertoire proposé.
Le questionnaire final est présenté en Annexe 4. Il comporte 5 questions à choix multiples centrées sur les pratiques de gestion des connaissances, 6 questions concernant les caractéristiques de la PME et 5 questions pour déterminer les performances en innovation de façon qualitative. L’évaluation de la performance en innovation est permise par des adaptations des questions soumises à travers les Community Innovation Survey (notamment CIS 2008, citée par Mongo, 2013), conduites tous les deux ans auprès des pays membres de l’OCDE. Le tableau qui présente la caractérisation des pratiques est disponible en Annexe 5.

Méthode d’analyse

Pour remplir nos objectifs de recherche nous avons utilisé la classification descendante hiérarchique double ou méthode Reinert (1983). Cette classification a été réalisée à l’aide du logiciel libre IRAMUTEQ version (2.0 alpha 7). La démarche consiste à former des classes de répondants (ou locuteurs) en regroupant les ensembles de réponses par opposition et non par agrégation.
L’analyse fournit une arborescence définissant des classes en fonction d’ensembles de réponses. Ces ensembles de réponses caractéristiques sont définis selon la fréquence de cooccurrence des items déclarés (Reinert, 1983). Les classes mettent donc en évidence les dispositifs les plus souvent associés et la méthode descendante permet d’identifier des classes significativement différentes dans l’échantillon. La méthode d’analyse rattache également chaque classe aux variables étoilées qui la caractérisent le mieux (également par analyse de cooccurrences). Pour caractériser les classes, nous avons utilisé les variables décrivant les caractéristiques de la PME et la performance en innovation. Ceci nous permettra d’identifier :
 en quoi la composition du système de connaissance détermine la nature des performances en innovation ;
 quelles sont les variables organisationnelles qui influencent la composition du système de connaissance. Pour cela, les items de la liste de dispositifs proposés aux répondants sont caractérisés par un tri de cartes en fonction des pratiques ATEE auxquelles ils permettent de répondre.
Certains items peuvent permettre de répondre à plusieurs pratiques. Le résultat du tri de cartes est disponible en Annexe 5 et propose une répartition sur les pratiques présentées dans le tableau 4.

Résultats

A l’issue de la période de mise à disposition, 44 PME avaient répondu au questionnaire en ligne. Ceci représente un taux de réponses de 4% (n=44). Deux PME ont fourni des réponses incomplètes et ont été écartées du traitement des données. L’analyse a donc été réalisée sur 42 réponses valides.
La classification descendante hiérarchique double sur le corpus de réponses mène à l’identification de 5 classes stables de répondants. (Le dendrogramme de répartition des classes est disponible en Annexe 6). Nous décrivons ci-dessous les caractéristiques qui représentent le mieux chaque classe, en appui sur les variables étoilées :
 La classe 1 représente 19,4 % des répondants. Elle est composée de PME de 50 à 149 salariés. Les PME représentatives de la classe 1 appartiennent aux secteurs de la « production et distribution d’électricité, gaz, vapeur, air conditionné ». Elles n’ont pas commercialisé de biens sur la période de référence annoncée dans le questionnaire, en raison de l’absence ou de l’abandon des activités liées à l’innovation. Si ces PME n’innovent pas en termes de biens commercialisés, le fait qu’elles aient mis en œuvre (et abandonné) des activités innovatives n’exclut pas la réalisation d’autres types d’innovation.
 La classe 2 représente 34,7 % des répondants. Elle est composée de PME de 150 à 249 salariés. Les PME représentatives de la classe appartiennent aux secteurs « l’industrie extractive » et de la « santé humaine action sociale ». Elles ont commercialisé des biens sur la période de référence annoncée dans le questionnaire. Elles déclarent avoir mis en œuvre des activités spécifiques pour innover.
 La classe 3 représente 16.7% de l’échantillon. La taille de l’entreprise n’est pas une caractéristique représentative de cette classe. Les PME représentatives de la classe appartiennent aux secteurs des « activités spécialisées scientifiques et techniques » et de « l’information et communication ». Elles ont commercialisé des biens sur la période de référence annoncée dans le questionnaire (de janvier 2011 à décembre 2013). Elles déclarent avoir mis en œuvre des activités spécifiques pour innover.
 La classe 4 représente 11,1 % des répondants. Elle est composée de PME de 25 à 49 salariés. Les PME représentatives de la classe appartiennent aux secteurs de « l’industrie manufacturière ». Sur la période de référence annoncée dans le questionnaire, elles ont commercialisé des biens nouveaux pour elles, mais pas pour le marché. Les PME de cette classe n’ont pas mis en place d’activités innovatives et lorsqu’elles en ont mis en place, elles ont été prolongées au-delà de la période de  référence annoncée dans le questionnaire. Si ces PME n’innovent pas en matière de biens commercialisés, le fait qu’elles aient mis en œuvre et maintenu des activités innovatives au-delà de la période de référence annoncée peut indiquer qu’elles réalisent d’autres types d’innovation.
 La classe 5 représente 18,1 % des répondants. Elle est composée de PME de 10 à 24 salariés. Les PME représentatives de la classe appartiennent aux secteurs du « service ». Elles ont commercialisé des biens sur la période de référence annoncée dans le questionnaire. Elles déclarent avoir mis en œuvre des activités spécifiques pour innover et poursuivre ces activités au-delà de la période de référence (de janvier 2011 à décembre 2013).
Les deux classes INNO MARCHELa classe 1 ne déclare aucun item permettant de répondre à la pratique « exploitation ». Il y a une surreprésentation des pratiques liées à l’acquisition de connaissances ainsi qu’une sous représentation des moyens de transmission de C et de K. Par ailleurs, la pratique « acquisition », évoque essentiellement des sources d’acquisition plus que des méthodes. Notons que dans le traitement des données, nous n’avons pas distingué l’acquisition connaissances en provenance de la PME et en provenance de l’extérieur de l’organisation.

Apports

Différences entre les classes INNOMARCHE+ et INNOMARCHE

D’après les résultats obtenus par l’intermédiaire du questionnaire en ligne, il existe deux catégories de PME dans notre échantillon : celles qui innovent à travers la commercialisation de biens (produits ou service) nouveaux pour le marché, et celles qui n’innovent pas selon ces critères. Pouvons-nous conclure pour autant à l’absence d’innovation dans ces PME ? D’après les informations dont nous disposons, la classe 1 est représentée par des PME n’ayant pas mis en place ou ayant abandonné ses activités innovatives et dont le système de gestion des connaissances comporte pourtant une formation en méthode de créativité. Il y a donc bien une intention de générer des C dans l’organisation et non par l’application directe de méthode de créativité, mais par la formation des salariés à leur mise en œuvre. La classe 1 peut correspondre à des PME axées sur l’innovation organisationnelle.
La classe 4 est représentée par des PME qui n’ont pas mis en place d’activités spécifiques pour commercialiser de nouveaux biens, ou qui les ont mis en place et poursuivi au-delà de la période de référence indiquée dans le questionnaire. Cette classe est représentée par des PME ayant commercialisé des biens nouveaux pour l’entreprise, et non pour le marché. Ceci ne signifie pas que le processus d’innovation a échoué, il peut avoir réussi à travers d’autres objectifs d’innovation. Cette explication reste cohérente avec la poursuite de travaux dédiés à la création et au développement de nouveaux produits. Par ailleurs, la pratique la plus développée concerne l’acquisition individuelle de connaissances et recense des moyens variés et nombreux. Les pratiques permettant la « conversion » de ces connaissances acquises individuellement en connaissances organisationnelles sont assurées par un seul item : les réunions entre collaborateurs. La centralité des acquisitions individuelles, peut indiquer des objectifs d’innovation touchant directement à l’amélioration de l’activité ou encore aux procédés. Les liens entre secteur d’activité représentatif de la classe, l’industrie manufacturière, et la typologie d’innovation privilégiée dans l’organisation restent à investiguer.
Malgré sa taille réduite, il semble que notre échantillon regroupe divers types d’innovation décrits dans la littérature pour dégager un avantage concurrentiel : l’innovation de bien, l’innovation organisationnelle et l’innovation de procédé. Conclure, sur le type d’innovation rencontré nécessiterait davantage le recueil d’indicateurs spécifiques à ces innovations. En lien avec le cadre de la recherche, nous allons cibler cette analyse sur les différences constatées entre classes INNOMARCHE+ et INNOMARCHE-.

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