Diagnostic spatial territorial

Diagnostic spatial territorial

La démarche de diagnostic spatial transfrontalier 

Toute problématique d’aménagement cherche à définir le fonctionnement d’un espace pour le rendre plus efficient. Dans ce cadre, la démarche de diagnostic spatial est essentielle, parce qu’elle se situe en amont du travail. Elle a pour objectif de déterminer l’organisation d’un territoire, ses spécificités, ses atouts et ses contraintes. Ainsi, doivent être prises en compte toutes les caractéristiques du territoire : sa structure politique, ses traits démographiques, ses disparités spatiales, son histoire, sa géographie… et éventuellement le rôle que peut constituer la frontière. Si la méthodologie du diagnostic spatial est largement connue aujourd’hui (CERTU, 2003), et ses étapes de réalisation sont bien déterminées, il n’en reste pas moins qu’un diagnostic spatial qui intègre la présence d’une frontière est encore difficile à appréhender parce que les clés de lecture d’un tel travail ne sont pas encore clairement établies. C’est pourquoi, l’objectif de cette section est de montrer ce que la frontière amène comme particularités dans une démarche d’analyse territoriale. Différentes méthodes de diagnostics territoriaux seront ici présentées, en insistant sur les éléments de différenciation entraînés par les contextes non-frontaliers, frontaliers ou transfrontaliers. C’est cette comparaison qui nous permettra d’établir les meilleures prises en compte et compréhensions des effets de la frontière dans l’espace. 

Saisir les enjeux d’un espace 

Le but de tout diagnostic est de disposer de connaissances et de compréhensions du fonctionnement actuel d’un territoire, de déceler les véritables enjeux qui vont permettre d’envisager son futur, dans une démarche de prospective. Tout diagnostic spatial vise ainsi à déterminer l’organisation du territoire, en tenant compte de son fonctionnement à différentes échelles et à différentes époques, et des interactions spatiales et sociales qui le caractérisent, afin de faire des propositions d’aménagement ou de porter à connaissance publique un état des lieux. Pour ce faire, la démarche de diagnostic d’un espace non spécifiquement frontalier peut se réaliser en plusieurs étapes. Au préalable, la mise en relation des répartitions des thématiques majeures du territoire (démographie, économie, transport, environnement, etc.) permet de comprendre les interactions entre l’espace et la société dans ces lieux (Brunet, 2001). L’analyse aboutit à une typologie régionale de l’espace qui insiste, d’une part, sur les relations entre les phénomènes et, d’autre part, sur les éléments structurants du territoire (infrastructure de transport, structure du relief, dominante spatiale, liens avec l’extérieur, etc.) qui vont déterminer ses caractéristiques et son évolution. Ensuite, sont exposés les atouts et les faiblesses du territoire pour évaluer les futurs possibles et les besoins du territoire à différents pas de temps. On détecte ainsi les thématiques qui font enjeux dans le territoire, tel-00569939, version 1 – 25 Feb 2011 L’espace transfrontalier franco-italo-monégasque proposition d’une méthode de diagnostic spatial territorial 58 c’est-à-dire celles qui le fondent, assurent son devenir et qui nécessitent l’attention des aménageurs et des scientifiques, mais aussi les territoires à enjeux, c’est-à-dire ceux qui cristallisent les possibilités de développement ou au contraire de difficultés (Préfecture des Alpes-Maritimes, 2003). Par exemple, les diagnostics de population-logement-tourisme établis sur les différents quartiers de Nice (UMR ESPACE, 2004) ont permis de démontrer que les problématiques du logement et des transports pouvaient être considérées comme des thématiques à enjeux forts, notamment pour les territoires en périphérie de la ville (espaces collinaires ou plaine du Var). Enfin, la dernière étape consiste à prendre en compte les stratégies et les actions des différents acteurs et gestionnaires du territoire. On se positionne ici clairement dans une analyse de la gouvernance territoriale (Pasquier et al, 2007). Cette étape finale est essentielle du fait que ce sont les acteurs qui façonnent pour une large part les territoires, mais aussi parce que le diagnostic est un outil opérationnel de débat et de concertation entre les acteurs (CERTU, 2001). Tout bien considéré, la démarche d’un diagnostic spatial telle qu’elle est présentée ici peut paraître très simple, mais elle a l’avantage de mettre en valeur le fonctionnement d’un espace et ses spécificités. Le travail se complexifie si l’on choisit d’appréhender un territoire frontalier. 

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Les incidences d’une frontière dans un diagnostic territorial 

Frontalier et transfrontalier : les éléments de différenciation 

Considérer qu’un espace est frontalier ou transfrontalier signifie l’inscrire dans des spécificités ou des évolutions différentes. Ces deux notions sont en effet distinctes, et elles pourraient même former une sorte de continuum dans l’action dynamique d’une frontière dans l’espace. Elles trouvent racine commune dans le mot « frontière » dont le radical est « front », ce qui fait référence à une limite et/ou à une discontinuité induisant la différenciation géographique entre deux territoires (Guichonnet, Raffestin, 1974). À la frontière ou dans ses environs, interviennent ainsi des processus d’opposition entre les territoires, mais aussi de complémentarités et de relations entre les lieux. Lorsque le géographe ou l’aménageur qualifie un espace de frontalier, il insiste sur le fait que la frontière est un élément linéaire qui produit souvent de l’hétérogénéisation spatiale. On considère donc que la frontière a un impact très restreint d’un point de vue spatial : l’influence de cet objet se réduit à ses espaces environnants proches15. (Groupe frontière, 2004). Le géographe analyse ici la frontière comme une limite politique, qui traduit un rapport de force à un moment donné, mais qui catalyse aussi d’autres différences, d’autres variations ou parfois même des ressemblances dans l’espace. La cohésion territoriale est donc longue à se mettre en place dans un espace frontalier : de part et d’autre de la frontière, se construisent des espaces aux fonctionnements institutionnels, juridiques, culturels, économiques non similaires, même si des relations existent entre les lieux et les sociétés (Guichonnet, Raffestin, 1974 ; Renard, 1997; Dupont et al.,; 2006; Chery, 1997, Moine, 2003, 2006 ; De Ruffray, 2004, Hamez, 2006 ; De Ruffray et Hamez, 2009 ; etc.). 

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