DIAGNOSTIC FOURRAGER POUR UNE AMELIORATION DES PRODUCTIONS ANIMALES DANS LE BASSIN ARACHIDIER
L’élevage
On estime à 300 000 le nombre de ménages qui s’adonnent à l’élevage (FAO, 2002). L’élevage est la seconde activité socioprofessionnelle rurale. Il contribue à près de 7,4 % du PIB national et 35,5 % du PIB du secteur primaire. Le système agropastoral abrite respectivement 67 % et 62 % des bovins et petits ruminants du Sénégal (Ministère de l’Agriculture, 1997).
Situation nationale du cheptel
Estimé à près de trois millions de têtes, le cheptel bovin semble stagner depuis 1997 (FAO, 2002). Les dernières estimations de 2004 n’ont pas montré de variations majeures de l’effectif des bovins estimé à 3 039 000 têtes contrairement aux effectifs des petits ruminants : les ovins passent de 4 613 500 têtes en 2003 à 4 739 000 têtes en 2004 tandis que les caprins, estimés à 4 025 000 de têtes, augmentent de 1,4% par rapport à 2003. Les nombres de chevaux et d’ânes sont estimés respectivement à 504 000 et 412 000 têtes en 2004 (DAPS, 2006). Les performances de productions enregistrées par certains auteurs (Thiam, 1999), en élevage semi intensif, montrent une aptitude bouchère assez bonne chez le zébu Gobra : 800 g à 1,4 kg de gain moyen quotidien (GMQ) ; les performances obtenues en extensif sont faibles. En effet, dans un système transhumant, le poids au sevrage ne dépasse guère 50 kg et il faudrait 5 à 6 ans pour qu’un bovin atteigne le poids de 250 kg (Touré, cité par Badiane, 2006). Le potentiel de production laitière ne dépasse guère deux litres par jours (Anonyme, cité par Morou et Rippstein, 2004). La production laitière nationale est estimée à environ 110 millions de litres et provient essentiellement de l’élevage traditionnel. Cependant, dans un système extensif les animaux à potentiel génétique inférieur résistent mieux à une alimentation qualitativement et/ou quantitativement insuffisante et de ce fait ils conservent un bilan alimentaire positif.
Conduite d’élevage
Dans sa conduite d’élevage, l’impératif pour le gestionnaire du troupeau est d’assurer l’alimentation du troupeau, la qualité et la quantité étant secondaires par rapport à la régularité. La satisfaction de cet impératif se traduit par la pratique de différents modes de conduite.
Le système transhumant
En raison de l’hétérogénéité et de la variabilité spatio-temporelle des terres de parcours tropicales, la liberté de mouvement est indispensable (Scoones, 1999). La mobilité des troupeaux se révèle être une stratégie de destockage spatial des ressources. Dans le centre nord de l’arrondissement de Niakhar (Ngayokhème), la pression animale élevée sur les ressources fourragères a motivé le départ des troupeaux en transhumance (Faye et al., cités par Dia et Faye, 1999). Sur un recensement de 81 troupeaux de Ngayokhème, 63% transhumaient déjà en 1972 (Lericollais cité par Dia et Faye, 1999), pour passer à 70%, en 1990 (Dia et Faye, 1999). En effet, les troupeaux dont la taille dépasse un certain seuil ne peuvent rester toute l’année en zone cultivée ; au Mali ce seuil est fixé à 100 têtes (Grayzel, cité par Bayer et Waters-Bayer, 1999). Il dépendrait de la densité de culture et de la disponibilité en main d’œuvre. Les familles qui ont un effectif assez limité adoptent le mode de gestion sédentaire.
Le système sédentaire
Le mode de conduite sédentaire est largement réparti dans les zones agro écologiques où la gestion du cheptel ne pose pas de contraintes particulières en période de culture. Il exploite différentes ressources dont le foin récolté des parcours et les résidus de culture. Le déstockage temporel de ces ressources est la principale stratégie de sécurisation alimentaire. Certains auteurs prétendent que l’établissement de ce lien étroit entre les systèmes pastoraux et agricoles est aussi inévitable que souhaitable, pour des raisons d’efficacité (Cown et al; Intire et al., cités par Scoones, 1999). Ces conclusions partent des possibilités de valorisation des résidus et sous produits agricoles comme moyen de diversification des ressources alimentaires ; laquelle diversification sous-tend l’intensification même sommaire. En effet, il est plus facile de s’adapter à un environnement variable si l’on a accès aux résidus de cultures, puisque ces derniers permettent d’atténuer la variabilité de la production qui caractérise les parcours des régions tropicales (Sdandford, cité par Scoones, 1999).
Etat sanitaire
Outre le vaste programme de lutte contre la peste bovine mis en place depuis plusieurs décennies et de son suivi actuel, la vaccination annuelle systématique contre la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et la lutte efficace contre les maladies telluriques ont conduit à une nette amélioration de l’état sanitaire du cheptel. Il reste, cependant, que les autres maladies infectieuses 5 (charbon symptomatique, pasteurellose, etc.) sévissent toujours et entraînent des pertes directes et indirectes appréciables (Thiam, 1999). Les parasites internes constituent également un problème qui revient périodiquement et les animaux au pâturage y sont constamment exposés. En effet, leur prévalence est presque égale à 100 %, même dans des milieux très secs comme les régions soudano-sahéliennes (Vassiliades, cité par Aumont et al., 1997). Bien qu’un grand nombre d’espèces de parasites puissent affecter tous les ruminants domestiques, les ovins sont les plus affectés parce que broutant près du sol. Environ 80% des parasites se tiennent dans les cinq premiers centimètres de végétation (Duval, 1994). L’impact du parasitisme est souvent sub-clinique : ce qui explique la perception sommaire et le manque d’intérêt des éleveurs pour la prévention.
Gestion foncière de l’espace
L’évolution de l’occupation de l’espace d’un terroir villageois d’Afrique tropicale est tributaire de trois facteurs principaux : les changements climatiques, la démographie et la mécanisation agricole (Karembe et al., 1999). Dans un système extensif, le ratio surface cultivable/surface cultivée doit être supérieur ou égal à deux (normes FAO) pour la pérennité du système. Ce point de vue est partagé par Achard cité par Karembe et al. (1999), qui estime qu’en zone nord soudanienne l’espace cultivable doit être égal au moins à trois fois l’espace cultivé. Le constat est que, dans le sud du bassin arachidier, la presque totalité des terres est mise en valeur. D’après Bertrand (1998), les populations rurales sont mieux placées pour assurer la gestion locale des ressources renouvelables. L’articulation entre les ressources de propriété familiale et celles communautaires est un élément fondamental de la gestion de l’espace rural. De nombreuses communautés ont développé des systèmes de gestion réussissant à concilier l’essentiel des besoins sociaux des différentes fractions communautaires. Toutefois, les motivations fondamentales des utilisateurs peuvent se résumer en terme de rareté, de nécessité vitale, de bénéfices substantiels de la gestion collective (Mathieu et Freudenberger, 1998). Conclusion L’élevage, malgré sa place non négligeable dans l’économie nationale, reste tributaire des contraintes du milieu. L’alimentation des animaux qui se fait essentiellement sur parcours naturel se positionne ainsi comme la contrainte majeure. En fonction des conditions agro écologiques locales, des stratégies sont adoptées pour réduire ces contraintes alimentaires.
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