Diagnostic et perspectives d’amélioration du secteur agricole

C’est un fait communément reconnu, aucune société ne peut atteindre son plein potentiel si des groupes de population entiers sont exclus du développement et ne peuvent y participer ou y contribuer, ni en tirer parti.

Pour le cas de Madagascar, l’amélioration des conditions et cadre de vie des ses ruraux, frange majoritaire de sa population, constitue une des voies incontournables au pour parvenir au développement socioéconomique réel de l’ensemble du pays. D’autre part, la croissance agricole devrait être le pilier clé d’une stratégie nationale de croissance économique qui pourra simultanément diminuer perceptiblement la pauvreté (PADR, 1999). Vu la taille absolue de l’agriculture dans la production nationale, on voit difficilement comment Madagascar pourrait amorcer une croissance équitable sans dynamiser le secteur agricole. Celle-ci devrait passer par l’intégration effective de ces producteurs ruraux à toutes les étapes du processus de développement à entreprendre. Par ailleurs, l’amélioration du secteur agricole devrait prendre simultanément en considération ses éléments constitutifs car « la seule considération (d’une technique, choix d’un matériel génétique ou de son utilisation…) reste souvent d’un intérêt limité pour le développement car elle ne permet pas, à elle seule, de répondre à la question de savoir s’il est intéressant pour les opérateurs concernés (producteurs ruraux) d’adapter ce choix compte tenu de l’ensemble de leurs systèmes de production » (JP DEFFONTAINES, 1989) .

Délimitation de la sous-préfecture d’Antsalova

Délimitation géographique

Comprise entre 18°30 et 19°10 de latitude sud et 44°10 et 45°05 longitude est, la sous-préfecture d’Antsalova s’étend sur une superficie de 7 195 km² le long de la côte ouest de Madagasikara. Ses limites géographiques sont constituées respectivement par les rivières Sahoany au nord et Manambolo au sud, les falaises de Bemaraha à l’est et canal de Mozambique à l’ouest.

Délimitation administrative

Située à l’extrême sud de l’ancienne province de Majunga, Antsalova est une des quatre sousadministrations préfectorales de Maintirano. Elle est frontalière de la sous-préfecture de Maintirano (chef lieu de la préfecture du même nom) au nord et des préfectures de Bongolava à l’est et de Menabe au Sud.

Les écosystèmes et la biodiversité de la région

Les écosystèmes faisant la notoriété de la zone

Malgré son enclavement, la sous-préfecture d’Antsalova est reconnu mondialement grâce à la richesse et la contrasté de ses écosystèmes qui renferment une multitude de biodiversité souvent endémique de la grande île, voire locale.

L’Antsingy du plateau de Bemaraha

La notoriété mondiale d’Antsalova vient tout d’abord et en grande partie de l’Antsingy, une réserve de 152.000ha dans le plateau de Bemaraha au nord du fleuve de Manambolo.

La dénomination Antsingy vient de la constitution d’ »réseau très dense de failles, de crevasses et de surfaces de blocs calcaires sculptés en lames ou en aiguilles acérées appelées localement Tsingy » (Andriamahonina, 1992). On pense que la formation de ce paysage étrange remonterait à environ 200 millions d’années, lorsque la mer recouvrait intégralement la région avant de se retirer après que les coraux et les coquillages se sont empilés et soudés. Ces couches calcaires ont commencé alors à se karstifier il y a 5 millions d’années, pour former les Tsingy. La traduction malgache de ce mot peut être « marcher sur la pointe des pieds », ce qui traduit bien ces lames acérées.

L’Antsingy est composée de deux aires protégées bien distinctes, dont la moitié nord qui fait l’objet de Réserve Naturelle Intégrale (RNI) de 85 370 ha et la moitié sud d’un Parc National (PN) de 72 340 ha. Bemaraha dans sa totalité a obtenu le statut de RNI depuis 1927 avant que la partie Sud ne soit ouverte au public en 1997. (FAUROUX et RANDRIAMIDONA, 1997) .

Bemaraha est classé Patrimoine Mondial de l’UNESCO (patrimoine naturel), sous la référence 494rev, depuis 1990, pour une superficie de 152 000 ha. Le site comprend le paysage formé par les tsingy, la gorge de la rivière Manambolo, les collines et les forêts intactes, ainsi que la biodiversité qu’elles renferment. Le site répond à deux critères:

➥ Critère vii : Des phénomènes géologiques rares, d’une beauté exceptionnelle et unique au monde.
➥ Critère x : Les tsingy abritent plusieurs espèces d’animaux rares et menacées, et sont d’une richesse floristique exceptionnelle.

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Bemaraha est aussi classé IBA (Important Bird Area) par Birdlife International depuis 2001, portant le code MG 037.

A par la rivière Manambolo qui la coupe au niveau de ses célèbres gorges, l’Antsingy présente une hydrologie complexe avec des cavités souterraines où la plupart des cours d’eau qui alimentent la région y prennent source. Elle renferme également de nombreuses grottes qui ont souvent « servi d’abri pour les hommes durant les différentes péripéties de l’histoire » (Fauroux et Randriamidona, 1997) .

Les zones humides et les complexes hydrologiques qui les alimentent 

Les parties médiane et occidentale d’Antsalova renferment d’innombrables zones humides constituées de :

➥ nombreux lacs qui occupent souvent d’anciens méandres et gardent l’eau en permanence : le complexe lacustre Soamalipo-Befotaka-Anlerika, classé site RAMSAR en 1997 en est le plus reconnus sur le plan international.
➥ mangroves aménageables en terrain aquacole.
➥ de zones marécageuses comme le lac Bemamba qui constitue le grenier à riz de la région.

La plupart de ces zones humides constituent un véritable nid d’oiseaux dont certains sont endémiques du pays, voire de la région : « 15% de la population d’Ankoay ou pygargue de Madagascar (aigles pêcheurs) y trouvent refuge, les Sarcelles de Bernier s’y rencontrent, et les flamants y sont également présents » (Programme Bemaraha, 1998) .

Deux importants complexes hydrologiques alimentent ces zones humides :
➥ La Sahoany qui passe par le chef lieu de la sous-préfecture avant de se jeter à la mer dans le village du même nom ;
➥ La Manambolo, plus importante que la première, alimente la partie sud de la sous-préfecture. Elle arrose notamment trois communes. Elle passe tout d’abord par Bekopaka avant de se subdiviser en trois bras : l’un à droite passe par Ambohimena, le bras central par Bevoay, grenier à riz de la sous-préfecture, et le dernier par Trangahy puis Masoarivo) .

Table des matières

Introduction
Partie 1. Contexte de l’étude
I- Présentation du milieu
I.1- Délimitation de la sous-préfecture d’Antsalova
I.1.1- Délimitation géographique
I.1.2- Délimitation administrative
I.2- Les écosystèmes et la biodiversité de la région
I.2.1- Les écosystèmes faisant la notoriété de la zone
I.2.2- Les couverts végétaux et la biodiversité
I.2.3- Les pressions sur les ressources naturelles
I.3- Les conditions agro-écologiques
I.3.1- Le climat
I.3.2- Le vent
I.3.3- Le cyclone
I.3.4- Les sols
I.4- Le milieu socioculturel
I.4.1- Historique du peuplement
I.4.2- Evolution du nombre d’habitants et composition ethnique de la population
I.4.3- Démographie
II- Méthodologie et matériels d’étude
II.1- Cadre général de l’étude
II.2- Méthodologie de travail et déroulement des activités
II.2.1- Méthodologie générale d’approche
II.2.2- Déroulement
Partie 2. Résultats et interprétations
I- Préambule : Evolution des conditions d’exploitation du milieu
II- Les éléments du système agraire
II.1- Les éléments de structure
II.1.1- Valorisation de la terre, le mode de faire-valoir et le conflit foncier et
II.1.2- Le zébu reste en même temps le seul outil de travail et le seul capital
II.1.3- L’organisation agro-sociale
II.2- Les systèmes de culture
II.2.1- Le système de riziculture irriguée
II.2.2- Le système des cultures sèches
II.2.3- Les rendements et les productions agricoles
II.3- Les systèmes d’élevage
II.3.1- L’élevage bovin
II.3.2- Les autres types d’élevage
II.4- Les activités de subsistance et de résilience
II.5- Les échanges au niveau régional
II.5.1- Les produits agricoles
II.5.2- Les produits animaux
III- Typologie des producteurs
III.1- Les autochtones
III.1.1- Mode d’acquisition des ressources de production
III.1.2- Comportement face à l’évolution des systèmes de production
III.2- Les migrants
III.2.1- Les migrants anciens
III.2.2- Les migrants récents
Partie 3. Discussions
I- Opportunités et contraintes du secteur agricole
I.1- Les opportunités
I.2- Les contraintes
I.2.1- Niveau 1 des contraintes
I.2.2- Niveau 2 des contraintes
I.2.3- Niveau 3 qui extériorise les différents niveaux de contrainte
I.2.4- Notes explicatives
II- Proposition d’actions pour l’amélioration du secteur agricole dans la sous-préfecture d’Antsalova
II.1- Les priorités de développement d’après une approche participative
II.1.1- Priorités : l’agriculture, le transport et la sécurité d’abord
II.1.2- Une interprétation sectorielle
II.1.3- Les focus groups ont-ils raison
II.2- La proposition d’un plan d’action se conformant à la politique générale de développement du secteur agricole à Madagascar
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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