DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
De nombreux patients consultent pour des douleurs cranio-faciales avec le diagnostic préconçu de sinusites souvent posé à tort par le patient lui même Toute douleur projetée au niveau des sinus de la face n’est pas fortement d’origine sinusienne et il faut savoir penser à l’algie vasculaire de la face à une migraine, à une maladie de Horton, aux douleurs d’origine dentaire aux douleurs faciales en rapport avec un dysfonctionnement de l’articulation temporo- mandibulaire, à l’arthrose cervicale évoluée et aux douleurs en rapport avec une origine ophtalmologique .Toute fois des symptômes banals d’origine sinusienne peuvent être de véritables symptômes trompeurs masquant d’autres diagnostics.
LES TUMEURS MALIGNES DES SINUS
Accompagnées d’une épistaxis, les tumeurs malignes présentent une symptomatologie unilatérale ou surinfectée qui constitue de véritables signes trompeurs évoquant le diagnostic d’une sinusite chronique. L’inefficacité des traitements médicaux et la persistance des images radiologiques conduisent à une exploration des sinus suivie d’un examen histologique qui précise enfin le diagnostic. C’est le cas par exemple des tumeurs malignes de l’ethmoïde survenant préférentiellement chez les travailleurs du bois et dont les signes de début sont tout à fait banals (obstruction nasale, épistaxis, sensation de pesanteur faciale mais unilatéraux.Leur symptomatologie peut rester extrêmement discrète ou du moins très banale Obstruction nasale et rhinorrhée sont mises sur le compte d’une banale infection rhinopharyngée. Ainsi trop souvent, le diagnostic est tardif. De toute façon, la certitude ne pourra être apportée que par l’examen anatomopathologique d’un prélèvement biopsique .
LES KYSTES RETENTIONNELS
Ces Kystes sous muqueux sont caractérisés par une accumulation de liquide entre la paroi et la muqueuse. Ils sont souvent asymptomatiques mais empruntent la sémiologie de sinusite maxillaire chronique avec des signes cliniques tels que sensation de plénitude faciale, sinusalgie, pesanteur dentaire. La radiographie les dépiste en montrant une image d’opacités en bulle de savon. Au niveau de la TDM, leur image est celle d’une opacité ronde en soleil couchant ou levant . Elle est souvent liée a une anomalie de l’ostium, des méats ou des cornets L’examen endoscopique et tomodensitométrique prend tout son importante en révélant l’absence de pathologie dentaire associée et/ou la présence d’une malformation anatomique Les mucocèles sont des formations bénignes pseudo-Kystique, expansives des sinus lentement évolutives Quoique bénignes ces formations peuvent éroder l’os et s’étendre soit vers l’orbite soit vers l’endocrâne. Elles touchent l’adulte entre 40 et 60 ans, les formes de l’enfant sont exceptionnelles.
POLYPOSE NASO-SINUSIENNE:
La polypose naso-sinusienne est une maladie inflammatoire chronique, bilatérale et multifocale de la muqueuse naso-sinusienne. C’est une affection bénigne, relativement fréquente dans la population adulte et rare chez l’enfant. Elle peut être invalidante par l’obstruction nasale, la rhinorrhée et par l’existence d’une anosmie durable ou des céphalées d’origine naso-sinusienne. Le papillome inversé est une tumeur bénigne rare des muqueuses de la cavité nasale et des sinus annexes. Il représente 0.5 à 4% de toutes les tumeurs des fosses nasales. Il survient surtout chez l’homme de la cinquantaine, exceptionnellement chez l’adolescent. Le papillome inversé se caractérise principalement par une évolution locale lente, un potentiel ostéolytique, une tendance à la récidive et un pouvoir de dégénérescence maligne. Il constitue une masse naso-ethmoido-maxillaire unilatérale avec destructions osseuses localisées, s’infectant très fréquemment pour être responsable quelques fois d’une cellulite. Les signes d’appel sont essentiellement représentés par l’obstruction nasale. La conjonction d’un doute clinique et radiologique conduit forcément à une biopsie à l’examen anatomopathologique de tout le matériel d’exérèse .
L’infection se propage à partir des sinus de la base du crâne (sinus frontal, éthmoïdal ou sphénoïdal) par plusieurs voies : une voie veineuse antérograde, hématogène, ou directe [11]. La voie veineuse antérograde correspond à l’apparition de thrombophlébites septiques développées dans le réseau veineux de la muqueuse sinusienne, qui converge dans les veines du diploé frontal (veines de Breschet). Ces veines sont dépourvues de valvules, ce qui favorise l’extension de l’infection. Elles traversent la corticale antérieure et postérieure du sinus frontal et se drainent en derrière dans les veines méningées. On peut donc observer à partir d’une sinusite frontale une ostéite de la paroi postérieure, un abcès extradural à son contact ou un empyème sous dural par dissémination septique via les veines méningées. La diffusion directe vers la paroi antérieure explique l’association entre sinusite frontale, tumeur soufflante de Pott et empyème intracrânien Ce même mécanisme de diffusion explique la survenue d’une thrombophlébite du sinus caverneux lors d’une sphénoïdite, et de thrombose du sinus longitudinal supérieur au cours d’une sinusite frontale L’extension hématogène rend compte de l’apparition d’abcès cérébraux. Ils se développent dans les zones de flux veineux stagnant et correspondent à une diffusion rétrograde de la thrombose septique.