DIAGNOSTIC DES EFFETS DES PRATIQUES PAYSANNES SUR LA FERTILITE DES SOLS
Généralités sur le bassin arachidier
Le bassin arachidier couvre une superficie de 50000km². Il se situe entre 14°15’ et 17°15’ de longitude Ouest et 13°30’ et 16°15’ de latitude Nord (Buldgen et al., 1994) . Il est constitué de régions de Diourbel, Thiès, Fatick, Louga, Kaolack et la partie ouest de Tambacounda. Il occupe plus de 60% de la population rurale et 75% la production arachidière (Butare et al., 2004). La principale activité est l’agriculture suivie de l’élevage pratiqué par les serers, le peulh et peu de wolof.
Milieu physique
Relief et Types de sols
Comme dans la majeure partie du pays, le relief du bassin arachidier est relativement plat avec quelques dépressions. Au Nord couvrant le Centre-Nord du territoire (Louga, département de Kébémer, Thiès, partie continentale, Diourbel et Kaolack, département de Gossas), les sols les plus dominants sont : 1) Sols ferrugineux tropicaux peu lessives (ou sols Dior), très sableux avec 2 à 4 % d’argile ; 2) Sols bruns subarides (ou sols Deck) hydromorphes. Au Sud du bassin qui s’étend du Centre-Sud au Centre-Ouest du territoire (Fatick, Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, département de Koumpentoum), les sols les plus dominants sont : 1) Sols ferrugineux tropicaux lessivés (ou sols beiges) avec une texture sableuse et un lessivage d’argile ; 2) Sols peu évolués d’origine non climatiques gravillonnaires sur cuirasse latéritique ; 3) Sols ferrugineux tropicaux lessivés à taches et concrétions ferrugineuses (« terres neuves ») (CSE, 2005).
Le climat et la pluviométrie
Le bassin arachidier appartient au domaine nord-soudanien, qui est balayé pendant 7 à 8 mois par les vents de la mousson atlantique et 4 à 5 mois par l’harmattan. Elle enregistre des précipitations comprises entre 500 et 1000 mm reçues entre juin et octobre. La pluviométrie est croissante de nord au sud. Respectivement à Fissel, Ndiaganiao et à Ngohé les précipitations moyennes sont de 568 mm ; 564 mm et de 539 mm. Le climat dominant dans ces zones est un climat de steppe.
La végétation
Au sud, la savane dense est constituée d’arbres géants tandis qu’au nord la savane est mixte ou herbacée avec des arbres comme le Adansonia digitata (baobab) et le Borassus aethiopium (rônier). A l’ouest le couvert végétal est dominé par les forêts de mangroves. Le state herbacée est dominée par des graminées notamment des Andropogonae, les chloridae et des Eragrostyrae alors que la végétation des jachères est dominée par le genre Pennisetum (KEITA,1977) . Les rares formations ligneuses qui subsistent dans le Bassin arachidier sont localisées dans des aires protégées ou sur sols incultes. Avec la réduction du temps de jachère et l’insuffisance voire l’absence de la fertilisation des terres, les sols deviennent de plus en plus pauvres (Badiane et al. 2000) et sont très vulnérables à l’érosion avec la destruction du couvert végétal.
Le milieu humain
La population
Le bassin arachidier est une des zones les plus peuplés du Sénégal avec une densité moyenne de 50,7 habitants /km². Dans cette zone, les ethnies majoritaires sont représentées par les sérères, les wolofs et les peulhs. La population est essentiellement rurale, les activités de secteurs primaires telles que l’agriculture, l’élevage, la pèche et la foresterie sont exercés.
Le flux migratoire
Le bassin arachidier constitue une des plus grandes régions de départ, depuis la crise agricole des années 1970-1980. Au début, les mouvements étaient dominés par des flux internes en direction des grandes villes surtout pendant la saison sèche période pendant laquelle il n’y a plus d’activités agricoles (Roquet, 2008). Le départ vers l’étranger resté orienté vers la Page 10 Gambie mais aujourd’hui il tourne vers l’Europe par la forte implication des wolofs et la communauté mouride : les modou-modous.
Caractérisation des systèmes de productions
Un système de production agricole est défini comme un ensemble structuré de moyens de productions (travail, terre, capital) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en vue de satisfaire les besoins de l’exploitation. (Jouve, 1992,Lavigne-Delville, 1996),) Il se caractérise, entre autres, par les techniques (pratiques) et les moyens (main d’œuvre, capital…) employés, mais également par les niveaux de productions atteints. C’est un ensemble de sous-systèmes interdépendants et incluant production et transformation après récolte : systèmes de cultures au niveau de chaque parcelle, les systèmes de l’élevage. Ainsi, les revenus extra agricoles (salaire, artisanat, commerce, envois des migrants) influent positivement sur l’investissement dans les activités agricoles.
Systèmes de culture
Un système de culture est l’ensemble des succession de culture et des techniques mise en œuvre sur une même parcelle pour obtenir une ou plusieurs productions végétales (LavigneDelville, 1996). Dans le bassin arachidier, le systèmes de cultures est basé essentiellement sur l’arachide, le mil et le maïs, sorgho, niébé, le riz pluviale et le sésame sont des cultures secondaires (Diakhaté et al., 2017). Ces systèmes de culture se distinguent par types de champs (champs de case ou champs de brousse). Les champs de cases appelés Pifinid ou kholbine en langue serer se caractérisent par leur proximité des habitations, les cultures intensives et continues de mil et la gestion de la fertilité en matière organiques des sols (presque tous les champs de case sont fertilisés). Cette auréole des champs de case est d’une importance capitale car participe en grande partie à la sécurité alimentaire des familles, avec de meilleurs rendements qu’en champs de brousse (Ordu, 2013 ; Mbengue, 2015). Ces derniers, plus éloignés sont soumis à la succession culturale surtout avec l’alternance de mil et d’arachide sans année de jachère (Stomal-Weigel, 1988). Dans ces champs de brousse l’apport en matières organiques est très faible et irrégulier.
Systèmes d’élevage
Le système d’élevage peut être définit comme l’ensemble des techniques et pratiques mises en œuvre par une communauté pour exploiter, dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux dans des conditions compatibles avec ses besoins et des contraintes d’un milieu. Ainsi dans cette zone où la population est dominée par les agropasteurs, l’élevage joue un rôle essentiel dans la fertilité des terres et des fonctions sociales éminentes. Il y’a le développement d’un élevage intégré source de matière organique produite à l’étable. Le fumier transporté et épandu dans les champs avant l’hivernage compense partiellement les perte de matières d’origines animale dues à la transhumance des troupeaux villageois (Garin et al., 1990) . La plupart des résidus de récoltes sont exportés pour alimenter le troupeau, qui apporte en retour les fumiers et les poudrettes de parcs, la plus importante source d’apport de nutriments pour la culture du mil (Williams et al., 1995 ; Rufino et al., 2006). Cet apport de fumier est généralement réservé aux parcelles les plus proches de la maison (les champs de case) (Dugué, 1998 ; Audouin et al., 2015). Plusieurs auteurs considèrent qu’il y a ainsi un « transfert de fertilité » depuis les parcelles éloignées dont les résidus végétaux ont été utilisés pour nourrir le bétail, vers les champs de case qui reçoivent l’essentiel du fumier. Le système d’élevage est de type transhumant (Pieri, 1989) ou sédentaire assez intégré à l’agriculture (Fall et Lo, 2009). Le cheptel est constitué d’équidés, d’asins, de bovins, de petits ruminants et de volaille surtout le poulet local. Toutes les fanes d’arachides et de haricots, une partie de paille de mil et le foin de récolte dans les jachères servent de nourritures des animaux avant de partir en transhumance. La transhumance appelés maangue en langue serre est conduite par une équipe constituée uniquement d’hommes (les fils ou et les petits fils de chefs de la famille). Les équipes et leurs troupeaux quittent le territoire pendant la saison des pluies en direction de koussanar et ils ne remontent vers djolof qu’avec l’installation effective des pluies dans cette zone.
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