Développer une meilleure connaissance inter-acteurs et des publics

Développer une meilleure connaissance inter-acteurs et des publics

 Nous l’avons dit, l’un des faits qui explique un manque général de valorisation des cathédrales bretonnes est un manque voire une absence de coordination entre les acteurs, ce qui conduit à une duplication des activités et à un éparpillement des moyens. La première piste à étudier pour mieux valoriser les cathédrales serait d’abord de favoriser la connaissance entre les différents acteurs. Il s’agirait de connaître le mode de fonctionnement, le but et les activités de chacun pour, a minima, éviter une forme de concurrence en proposant les mêmes visites ou ateliers aux mêmes publics. Au-delà de cette simple inter-connaissance, une forme de coordination entre les acteurs pourrait être envisagée afin de définir un programme commun et global de valorisation des édifices. Ces temps de coordination ne seraient évidemment envisageables que dans les édifices où l’affectataire est favorable à une valorisation autre que seulement cultuelle et où les relations partenariales sont déjà pré-existantes. Cette coordination autour d’un programme de valorisation global permettrait de mutualiser les ressources humaines et financières et pourrait aboutir à la création de dispositifs innovants, tout en décuplant la visibilité autour de cette valorisation qui pourrait être relayée par les services de communication des mairies et offices de tourisme. En parallèle de cette coordination des acteurs, il nous semble essentiel, pour valoriser efficacement les édifices, de mener une analyse des publics. En effet, une lacune de notre mémoire, faute de données, est celle des publics. Il s’agirait dans un premier temps de relever certaines informations sur les visiteurs qui s’inscrivent à une visite guidée, un atelier ou qui assistent à une manifestation culturelle soumise à une billetterie : classe d’âge, origine géographique voire catégorie socio-professionnelle. Ces données pourraient être complétées, dans le cas de visites 75 Suggestions et pistes de valorisation guidées ou d’ateliers, par un questionnaire de satisfaction où le visiteur exprimerait son avis sur la durée et le contenu de visite ainsi que d’éventuelles remarques. Le traitement de l’ensemble de ces données serait utile pour déterminer les outils et dispositifs à développer pour satisfaire les visiteurs et attirer les catégories de public qui ne visitent pas la cathédrale. Ce dernier objectif n’est pas évoqué dans le but d’accroître toujours plus la fréquentation des édifices mais de « démocratiser », si nécessaire, l’accès aux cathédrales et aux connaissances historiques, architecturales et de culture religieuse propres à ces édifices qui font partie d’un patrimoine commun qu’il s’agit de conserver. S’il est difficile de mesurer le nombre de visiteurs dans les cathédrales, de relever des informations personnelles sur chacun d’eux et de déterminer les raisons de cette visite, quelques outils simples et peu coûteux peuvent être mis en place pour obtenir leurs remarques et suggestions à la suite de leur visite. Nous avons pris conscience de la possibilité d’installer ces outils lors d’une visite à la cathédrale Saint-Pierre de Vannes. Une « boîte à idées » est présente dans la chapelle d’accueil mais le visiteur est laissé dans le flou face à ce dispositif : sa présence entre des espaces comprenant des affiches et flyers liés à l’Église nous interroge sur la possibilité d’y glisser des idées liées au culte ou liées au monument de manière générale. Ces boîtes à idées pourraient être des outils très intéressants pour récolter les suggestions des visiteurs, à condition d’être placées dans des endroits stratégiques et mises en évidence par un panneau indiquant le but de cet outil et, éventuellement, quelques exemples d’idées qui ont été réalisées. De la même manière, un autre outil qui pourrait être installé dans les cathédrales bretonnes est un livre d’or dédié à l’expérience de visite. Ce type d’outil « permet en effet de saisir les attentes et réactions du public (ou ses sujets de mécontentement) afin de s’y adapter » 139, et cela permet de la même manière de rendre les visiteurs actifs dans le processus de développement des outils de valorisation. Nous considérons donc que les acteurs de la valorisation des cathédrales bretonnes pourraient utiliser des outils et méthodes dont se servent traditionnellement les gestionnaires de monuments privés pour développer la valorisation des monuments en tenant compte des attentes et besoins des visiteurs. 

Supports de promotion et de valorisation 

Nous l’avons vu, les cathédrales bretonnes sont souvent mentionnées sur les sites internet des communes et des offices de tourisme. Néanmoins, le contenu en reste assez sommaire, à l’exception de la cathédrale de Nantes qui dispose d’un site dédié, à l’initiative du diocèse, et des cathédrales de Dol-de-Bretagne et de Quimper qu’il est possible de visiter virtuellement. Un site internet propre à chaque cathédrale regroupant à la fois les informations pratiques sur les horaires d’ouverture au public, l’accessibilité et une présentation de son histoire et de ses caractéristiques serait un moyen de promouvoir et de valoriser les monuments, comme cela existe déjà pour les cathédrales Notre-Dame de Chartres140 et Notre-Dame de Paris141 notamment. Un tel site pourrait également regrouper les visites et ateliers proposés par l’ensemble des acteurs, de manière à promouvoir l’offre de valorisation. D’autres outils peu onéreux qui permettraient de promouvoir et de valoriser davantage les cathédrales bretonnes sont des dépliants de visite. Une première forme que ce dépliant pourrait prendre est celle d’un dépliant « individuel » de visite, généralisé dans toutes les cathédrales, sur le modèle de celui de Nantes, avec les principaux repères historiques et un plan très illustré présentant de brèves informations sur les chapelles et œuvres à voir absolument. Ce type de dépliant pourrait également prendre une autre forme, celle d’un dépliant répertoriant l’ensemble des cathédrales bretonnes. En effet, nous trouverions intéressant de développer un support commun, avec une présentation de chacune d’entre elles, permettant ainsi de donner envie aux visiteurs d’aller visiter les autres monuments et de donner des points de comparaison sur les cathédrales de la Bretagne historique. Ce type de support existe pour d’autres ensembles de monuments en France, comme c’est le cas en Auvergne où il est possible de se procurer un dépliant sur « L’art roman en Auvergne, cinq églises majeures » dans les églises Notre-Dame d’Orcival, Saint-Austremoine d’Issoire, celles de Saint-Saturnin et de Saint-Nectaire et Notre-Dame du Port. Ce dépliant, réalisé par le diocèse de Clermont, comporte une présentation des similitudes de ces édifices puis chacune des cinq églises est présentée sous les angles religieux, historique, architectural et artistique et bien illustrée. Le dépliant s’achève par un plan indiquant la répartition des édifices et un QR code permettant aux visiteurs étrangers d’avoir accès à ces informations dans l’une des huit langues proposées – anglais, portugais, italien, néerlandais, espagnol, chinois, japonais et allemand142 . Une autre possibilité pour développer la valorisation des édifices in situ serait de généraliser la présence de panneaux d’informations. Ces panneaux sont présents dans les cathédrales de Quimper et Vannes pour la culture religieuse, dans les cathédrales de Dol-de-Bretagne et Nantes pour des éléments historiques et artistiques. Il pourrait être envisagé de mettre en place une signalétique dans chaque cathédrale, avec des informations de culture religieuse qui nous semblent indispensables pour comprendre le monument, sa configuration, le mobilier et les œuvres qui y sont présents et les éléments principaux de son histoire et de son architecture, faisant ainsi appel à la curiosité des visiteurs. Il nous semble important que cette signalétique soit réalisée en français, en anglais et en braille afin de permettre à un maximum de visiteurs attirés par ce type de support de  pouvoir accéder aux connaissances qu’ils fournissent. Une telle signalétique « globale » existe déjà dans d’autres monuments, comme à la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans143, en français et en anglais. Si ce format de valorisation ne convient pas aux différents acteurs, un contenu similaire mais plus restreint peut être produit sur de petits supports transportables de type pancartes que les visiteurs peuvent se procurer à l’entrée du monument, comme c’est le cas à l’abbatiale Saint-Austremoine d’Issoire où un tel support guide le visiteur dans les différentes parties de l’édifice. Enfin, des supports plus visuels pour valoriser des éléments précis des cathédrales peuvent être envisagés. Un support de valorisation que nous trouvons intéressant concerne les vitraux de l’église Sainte-Madeleine, à Troyes. En effet, pour chaque verrière, un panneau reproduit la forme de cette verrière et indique le nom de la scène représentée sur les vitraux. Ce type d’outil de valorisation pourrait être dupliqué dans les cathédrales bretonnes, pour les vitraux mais pas seulement. Il pourrait également être développé pour valoriser le programme iconographique des chaires à prêcher, des retables, pour rendre plus intelligibles les tableaux et sculptures ou encore pour permettre aux visiteurs de comprendre les symboles ou armoiries représentés sur les voûtes, clés de voûtes ou piliers. Ces supports, en donnant aux visiteurs des informations basiques sur les scènes, personnages ou armoiries représentés, pourraient servir de point de départ à une information plus détaillée sur d’autres supports comme les audioguides. En effet, les supports de promotion et de valorisation des cathédrales bretonnes sous forme écrite – qu’il s’agisse de sites internet, de dépliants, d’une signalétique – sont des outils traditionnels qui ne conviennent pas à tous les publics.

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