De façon standard, il est convenu de définir l’atténuation d’un protecteur par la perte par insertion, soit la différence entre le signal sonore au niveau du tympan, avec et sans protection. La perte par insertion se traduit de l’anglais « Insertion Loss » et est notée par le symbole IL. Dans cette figure et celles qui suivent les principes illustrés s’appliquent tant aux protecteurs de type bouchon qu’à ceux de type coquille. Pour des raisons de simplicité, seul un protecteur de type bouchon est présenté afin de simplifier la schématisation.
Les méthodes classiques de certifications de la protection auditive sont réalisées en laboratoire et permettent de mesurer ou d’estimer la perte par insertion procurée par un protecteur auditif. Le concept même du IL (oreille protégée et oreille ouverte), qui sous entend la répétition du signal dans 2 conditions différentes, rend impossible la mesure du IL en continu dans le temps. Pour qu’une méthode puisse permettre de mesurer en continu l’atténuation, les niveaux de pression sous le protecteur et à l’extérieur du protecteur devront être mesurés simultanément. Ces niveaux de pression pourront, par la suite, être corrigés pour permettre une estimation terrain du IL. Et si plusieurs méthodes ont été développées, à ce jour pour faire la mesure terrain de l’atténuation, aucune n’a pourtant réussi à s’imposer pour devenir un standard reconnu.
Dans l’évaluation d’un protecteur auditif, il est important de bien comprendre les différents facteurs qui influencent la protection obtenue par le porteur, tel que décrit dans la section précédente. Mais il est aussi essentiel de mesurer, dans des conditions représentatives, le niveau réel de protection du porteur. En 1986, Berger (E. H. Berger, 1986) publiait une revue des méthodes de mesure disponibles à ce jour et, en 2007, proposait une révision 20 ans plus tard (Berger, Voix et Kieper, 2007). C’est en utilisant ces deux textes comme point de départ, ainsi que la revue du même sujet présentée par Hager (Hager et Voix, 2006) en 2006, que la présente revue des méthodes de mesure est construite.
Les différentes méthodes de mesure de l’atténuation des protecteurs auditifs peuvent être divisées en 2 catégories : les méthodes subjectives et les méthodes objectives . Les méthodes de mesures subjectives utilisent principalement la technique REAT (abréviation de « Real-Ear Attenuation at Threshold »). Les méthodes objectives recensées utilisent des instruments de mesure, essentiellement des microphones, pour déterminer les niveaux sonores. Elles sont, principalement, des dérivées de la méthode MIRE (abréviation de « Microphone-in-Real-Ear »). L’utilisation de microphones dans les méthodes de mesure permet, du même coup, l’acquisition en continu dans le temps .
Méthodes de mesure subjectives
REAT
La mesure d’atténuation de type REAT, est probablement la plus ancienne et certainement la méthode de mesure de l’atténuation des protecteurs la plus utilisée. La mesure du REAT est relativement simple. On détermine le seuil d’audition, à différentes fréquences (entre 125 et 8000 Hz), de chacune des oreilles sans protecteur. On refait ensuite la même procédure avec les protecteurs. La différence des seuils, en dB, entre les 2 séries de mesure nous donne l’atténuation obtenue par le port d’un protecteur auditif. Dans ce sens, l’atténuation obtenue par REAT est une perte par insertion subjective.
Cette valeur se rapproche de la perte par insertion subjective, définie précédemment , à l’exception faite qu’on ne peut exclure, lors de la mesure par REAT, l’influence des bruits physiologiques du porteur, noté PN (abréviation de « physiological noise ») du sujet. En effet, comme les tests sont réalisés au seuil d’audition (faibles niveaux), les bruits physiologiques générés par le sujet lui-même dans l’oreille occluse, vont ajouter un biais aux mesures. La relation entre le IL subjectif (noté REAT) et le IL objectif (noté IL) est donnée par : REAT = IL + PN
Malgré cela, le REAT est considéré par la communauté comme le « gold standard » de la mesure de l’atténuation des protecteurs et est accepté comme mesure équivalente du IL. Les tests terrain réalisés en utilisant la méthode du REAT nécessitent un endroit acoustiquement calme puisqu’ils sont réalisés à des niveaux liminaires. De telles conditions sont évidemment difficiles à trouver en pratique dans les milieux industriels. Il est très important d’avoir un environnement silencieux pour la réalisation des tests puisque le bruit de fond peut venir masquer le véritable seuil d’audition du sujet (E. H. Berger, 1986).
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