Développement et sur la reproduction.
Les processus biologiques assurant le cycle de vie des organismes, la croissance, le développement, la reproduction et la maintenance nécessitent d’importants besoins en termes d’allocation énergétique (Kooijman 2000). La maintenance rassemble les coûts liés aux processus nécessaires à la vie de l’organisme. Par exemple, les coûts énergétiques associés au métabolisme protéique, afin notamment d’assurer le renouvellement des systèmes enzymatiques sont inclus dans la quantité d’énergie allouée à la maintenance. Les autres coûts dits de production, regroupent la croissance, le développement et la reproduction. Le cadre général regroupant la dynamique de tous ces processus et des flux associés suit le principe de l’homéostasie, qui s’applique à l’ensemble de l’organisme (masse structurelle et réserves) tout au long de sa vie (Kooijman 2000). Selon ce principe, la composition chimique des composants cellulaires est stable, bien que leurs durées de vie soient limitées, ces derniers sont constamment renouvelés grâce à la machinerie cellulaire. Parmi les grandes fonctions consommatrices d’énergie (développement, croissance, reproduction et maintenance), Briegel (2003) a fortement contribué à la compréhension des processus physiologiques de base, comme la digestion, l’excrétion, l’oogenèse, la synthèse de
réserves ou encore les capacités de vol et des stratégies énergétiques associées, chez des espèces de moustiques.
Il a par ailleurs été montré chez de nombreuses espèces d’insectes que les réserves nutritionnelles stockées durant la phase larvaire peuvent être directement réallouées à d’autres fonctions au stade adulte (Boggs & Fogel 2005 in Reim et al., 2006). Des processus impliqués dans la tolérance ou la résistance au stress entrent en compte quant à la gestion des ressources énergétiques (Sawabe & Mogi 1999, Marron et al., 2003). Le développement post-embryonnaire des insectes est caractérisé par des mues successives permettant la croissance et le changement morphologique de l’animal (Nijhout, 1994 ; Riddiford, 1996). Cet état physiologique dépend des molécules biologiques appelées hormones ; essentiellement les ecdysteroides et les hormones juvéniles (Braquart, 1998; Dhadialla et al.,2005). La croissance et la métamorphose de ces insectes sont contrôlées par l’α et β ecdysone, cette dernière est la plus active (Doane, 1973). Les fonctions de l’ecdysone dans la biologie reproductive des insectes varient grandement d’une espèce à l’autre. Ce sont chez les moustiques anautogènes que son activité gonadotropique a été la plus étudiée et décrite, plus particulièrement chez le moustique de la fièvre jaune, Aedes aegypti (Dallaire, 2003). Le volume des moustiques peut influencerquelques paramètres essentiels tel que le volume du repas sanguin consommé, le degré de son utilisation dans les voies métaboliques et le nombre d’oeufs qui arrivent à maturation (Rehimi, 2004; Djebbar, 2009).
Lors du développement larvaire l’hémolymphe subit des modifications métaboliques diverses. Ceci est lié aux différents états physiologiques tels que la nymphose, mue imaginale et diapause (Nowosielski & Patton, 1965). Ces derniers ont remarqué des forts changements des concentrations protéines, acides aminés et lipides. Ces modifications métaboliques intenses sont liées aux divers systèmes hormonaux et sont contrôlés par un mécanisme neuroendocrinien (Gade et al., 1997) ou à leur transport de site de stockage (le corps gras) via l’hémolymphe vers les organes utilisateurs, notamment la cuticule (Dapporto et al., 2008) et pour la vitéllogénèse (Zhou & Miesfeld, 2009). Le corps gras est l’organe de la conversion et de stockage des lipides, des glucides et des protéines (Chapman, 1998; Arrese & Soulages 2010). Chez les moustiques, la synthèse des lipides et des protéines se fait au niveau de cet organe au quatrième stade larvaire (Timmermann & Briegel, 1999). Le taux des glucides et des lipides chez l’adulte est le résultat des réserves stockées pendant le stade larvaire (Clements, 1996).
Les études moléculaires ont révélé que les effets des agonistes de la 20E sur la reproduction des insectes étaient dus à la perturbation de l’expression génique dans la cascade de la hiérarchie de la vitellogenèse et / ou choriogenèse (Swevers & Iatrou 1999, 2003; Sun et al., 2003). L’effet d’un analogue de l’ecdysone, le méthoxyfénozide a été observé in vivo sur le développement et la reproduction, en réduisant la fécondité et la fertilité sur différents modèles biologique (Saenz-de-Cabezon et al., 2005; Dhadialla et al., 2005; Djebbar, 2009; Rodriguez et al., 2010; Bouzareaa, 2014; Selmane-Meskache, 2014). Dans ce chapitre nous envisageons d’évaluer l’éfficacité du méthoxyfénozide et de déterminer si ce composé a un impact sur la composition biochimique des métabolites, la durée de développement, et le potentiel reproducteur de Culiseta morsitans espèce d’importance vétérinaire.