DEVELOPPEMENT DE LA PECHE MARITIME
TRADITIONNELLE
LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT
Des efforts ont été faits par l’Etat par le biais de la CIRPRH Morondava et par les différents organismes de développement, pour développer la Zone de Morondava ainsi que la filière pêche traditionnelle. Ces efforts ont concerné différents volets tels que l’éducation, la santé, la communication, le socio-économique, la finance par le microcrédit, et les appuis techniques. L’explication de toutes ces interventions et leur impact sur les pêcheurs traditionnels de la Zone de Morondava est l’objet de ce chapitre.
Les actions de développement par l’Etat et leur impact sur les pêcheurs traditionnels
La CIRPRH Morondava est un service du Ministère de la pêche et des ressources halieutiques s’occupant du domaine de la pêche, maritime et lacustre, dans la région Menabe. Nous ne mentionnons ici que les activités de la CIRPRH Morondava relatives à la filière pêche maritime. En général les efforts effectués sont basés d’une part sur la protection et l’exploitation des ressources halieutiques et d’autre part sur l’organisation des pêcheurs industriels et des pêcheurs traditionnels.
La protection et l’exploitation des ressources halieutiques
Des lois ont été promulguées pour la protection des ressources halieutiques : – fermeture de la pêche crevettière en décembre au février, – fermeture de la pêche langoustière en janvier au mars, – interdiction de vente et de transport des petits poissons, surtout les pepy en novembre au mars. D’après la CIRPRH Morondava, ces lois ont été prises afin de préserver les ressources halieutiques. Les interdictions concernent l’asara, période de reproduction et de croissance des ressources halieutiques et s’adressent aussi bien aux pêcheurs industriels qu’aux pêcheurs traditionnels. 61 Sur le terrain cependant, les pêcheurs traditionnels continuent à pêcher pendant l’asara, qui est une période de capture. Ils ne se plient qu’aux contraintes climatiques comme les cyclones et à la vente des captures, en particulier les crevettes. A titre d’exemple Pendant la période de fermeture de la pêche, la vente des crevettes s’effectue en cachette et leurs prix augmentent. D’après les pêcheurs des villages de Kimony Anivo et de Tatalavalo qui ont les possibilités d’écouler à frais leurs produits, le kilo des crevettes coûte jusqu’à 20.000Fmg pendant la fermeture de pêche, contre 12.500Fmg à 15.000Fmg le kilo en période d’ouverture. Par ailleurs, tous ceux qui procèdent aux collectes des produits, même les associations des pêcheurs, doivent avoir leur permis de collecte délivrée par la CIRPRH Morondava. Par la suite, lorsque ces collecteurs vont transporter leurs produits en dehors de la sous-préfecture de Morondava, ils doivent passer par la CIREL Morondava36 qui certifie la salubrité et l’hygiène des produits ou COS (Certificat d’Origine de Salubrité). Malgré cela la CIRPRH Morondava reconnaît que beaucoup de collecteurs privés à Morondava sont informels et la transformation des produits par les pêcheurs laissent à désirer. Les produits halieutiques venus de Morondava ne peuvent pas concurrencer ceux venus de Mahajanga du fait que les produits de Morondava contiennent trop de sable. Pour la CIRPRH Morondava, ce manque de qualité des produits des pêcheurs explique les bas prix pratiqués par les collecteurs. Une campagne de sensibilisation auprès des pêcheurs sur l’amélioration de la qualité des produits devrait être effectuée par la CIRPRH Morondava, mais faute de moyens celle-ci s’adresse surtout aux organismes de développement intervenant à Morondava comme par exemple la Composante Pêche du Pnud. Ainsi, les mesures prises par la CIRPRH Morondava affectent plus les collecteurs que les pêcheurs. Car pour les pêcheurs, il ex iste toujours des preneurs de leurs produits, quel que soit leur traitement. 36 Voir en annexe 5 sa présentation.
L’organisation des pêcheurs industriels et pêcheurs traditionnels
Pour augmenter l’entrée des devises, l’Etat, il faut le reconnaître, a toujours favorisé les pêcheurs industriels. Pour la loi, les 2 milles nautiques partant des côtes sont réservés aux zones d’exploitation des pêcheurs artisanaux. Mais selon la CIRPRH Morondava, par dérogation délivrée par le Ministère responsable, certains pêcheurs industriels peuvent pêcher aussi dans ces 2 milles nautiques réservés aux pêcheurs. C’est pourquoi des bateaux de grandes sociétés comme par exemple la SOPEMO pêchent avec les pêcheurs traditionnels. Cette situation ambiguë et non comprise par les pêcheurs crée les mécontentements des pêcheurs : la présence de plus en plus nombreuse des pêcheurs industriels constitue une menace pour leur activité. Les bateaux des pêcheurs industriels perturbent, avec leur va et vient, les pêches des pêcheurs traditionnels et détruisent leurs filets. Face à cette situation, des mesures ont été prises par la CIRPRH Morondava : – En cas de destruction ou perte des filets, la CIRPRH Morondava incite les pêcheurs à déposer une plainte auprès de son bureau, pour qu’elle puisse identifier et poursuivre les bateaux fautifs, et dédommager les pêcheurs traditionnels. Néanmoins, la plainte doit être visée par le PCLS du village de la ou des victimes, et dans laquelle est mentionnée l’identité du bateau : provenance, et numéro du bateau. Pour le numéro du bateau, compte tenu de l’analphabétisme de beaucoup de pêcheurs, la CIRPRH Morondava a accepté d’intervenir si des témoins oculaires se présentaient avec la victime. – Pour le dédommagement, un accord a été fait entre la SOPEMO, la Pêcherie de Menabe (toutes sociétés locales) et la CIRPRH Morondava d’octroyer des filets à leurs victimes ou de leur donner des poissons que les victimes vendent ensuite pour acheter leurs filets. Ces mesures prises par la CIRPRH Morondava n’ont pas produit l’effet escompté. Pour la CIRPRH Morondava : peu de pêcheurs ont déposé des plaintes alors que ces initiatives ont été prises pour les protéger. D’après le responsable de la CIRPRH Morondava, cela vient de ce que l’analphabétisme est flagrant dans les milieux pêcheurs, incapables de faire des démarches administratives telle que déposer une plainte, ou d’entrer dans des bureaux administratifs. C’est pourquoi la CIRPRH
INTRODUCTION GENERALE |