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IDENTIFICATION ESTIMATIVE ET COMPARATIVE
Historique
L’identification des personnes décédées est une préoccupation remontant à l’Antiquité (1600 av J-C). En effet, à l’époque des Romains, le corps d’un sujet non identifié était exposé publiquement, tout citoyen avait le droit de donner son avis sur son identité et/ou la cause de son décès. Dans nos sociétés actuelles, un individu dépourvu d’identité ne posséde aucune existence légale. Lui rendre son identité est donc une nécessité :
– d’un point de vue moral afin de favoriser un travail de deuil par les proches ;
– d’un point de vue civil pour permettre toutes les procédures administratives (succession, assurances, remariage…) ;
– d’un point de vue judiciaire, les causes et les circonstances du décès (accident, meurtre, suicide, mort naturelle…) doivent être recherchées. Lors de la découverte d’un squelette humain, mais aussi lors d’une catastrophe de masse, il est donc nécessaire, pour ces raisons, de redonner une identité au sujet. Selon les données initiales et la présomption de l’identité ou pas du cadavre, l’identification sera guidée vers un procédé comparatif ou estimatif [35].
Identification comparative
Elle est mise en œuvre chaque fois que l’identité sera présumée ou connue et que l’on disposera d’éléments ante-mortem précis. Ainsi, ces indices (dossier dentaire, photo, empreinte…) pourront être comparés aux éléments post-mortem issus de l’autopsie ou de l’analyse squelettique. Elle permet d’aboutir à une identification certaine et positive ou au contraire à une exclusion d’identité.
Identification estimative ou évaluative
Elle est mise en œuvre lorsque l’identité est inconnue et qu’aucune comparaison n’est possible (absence de papiers d’identité, corps calciné ou trop endommagé, restes osseux…). Ainsi, la tentative d’identification se fera sur les seules bases morphologiques et particulièrement squelettiques. Les objectifs seront d’évaluer les caractéristiques anthropo-biologiques du sujet afin d’aboutir à une identité présumée (possible ou probable). Dans tous les cas, elle devra être complétée dans un deuxième temps par une identification comparative afin d’aboutir à une identité certaine ou exclue. Dans les deux méthodes d’identification les éléments et structures dentaires sont souvent utilisés
STRUCTURES DENTAIRES UTILISABLES EN IDENTIFICATION HUMAINE
Dentition et tissus dentaire
L’homme possède deux dentitions successives et trois dentures. On distingue la dentition temporaire et la permanente ; chacune des deux comportant un nombre défini de dents, avec entre les deux une denture mixte composé à la fois des dents temporaires et des dents permanentes. Les dents possèdent une morphologie variée au sein d’une même denture. Elles sont implantées sur le maxillaire et sur la mandibule et leur croissance est limitée dans le temps. Les dents humaines sont scindées en couronne et racine, séparées par le collet. Elles présentent trois tissus durs minéralisés : l’émail, la dentine et le cément ainsi qu’un tissu conjonctif mou : la pulpe, qui remplit la cavité pulpaire. La dent est constituée des tissus les plus minéralisés de tout l’organisme. L’émail est une structure acellulaire, avasculaire et dépourvue d’innervation ; et sa couche externe est plus dure que les couches sous-jacentes [30]. La dentine et le cément sont donc des structures moins dures et les différences de degrés de minéralisation expliquent certaines lésions post mortem comme par exemple la séparation de l’émail et de la dentine par déshydratation.
Modifications dentaires post mortem
A la mort d’un individu, les phénomènes physiologiques cessent. L’apposition de dentine et de cément s’estompe ; ainsi l’estimation de l’âge d’un cadavre correspond à l’âge du sujet au moment du décès. Les phénomènes pathologiques cessent également comme par exemple la carie [30]. Les tissus minéralisés ne sont plus sensibles aux atteintes pathologiques du vivant de l’individu et sont ainsi stabilisés, les tissus mous quant à eux disparaissent rapidement. Mais les cellules de la pulpe dentaire qui bénéficient d’une très grande protection mécanique peuvent être analysées tardivement après le décès par examen génétique. Bien que résistante, la dent subit néanmoins certaines altérations comme des craquelures et des fêlures post mortem qui doivent être différenciées des atteintes ante mortem. Mais cette résistance fait de la dent un indice de choix dans l’identification des cadavres. Les dents sont parfois lésées par des traumatismes causés lors d’un décès, que ce soit accidentel ou non. Selon Keith-Simpson, l’examen de la bouche peut révéler certains détails indiquant la direction et l’intensité de la force, ainsi que la nature de l’instrument utilisé [54]. La modification de teinte post mortem peut être physiologique, mais dans les cas de strangulation ou de noyade [54], il existe aussi un rosissement au niveau de la dentine près de la pulpe qui est dû à une intense congestion pulpaire associée à des micros hémorragies. Cette coloration apparait dans un délai en général supérieur à une semaine, délai nécessaire à la survenue de l’hémolyse et à l’imprégnation des canalicules. Cependant on peut également la retrouver sur les dents de cadavres enterrés depuis deux semaines à 4 ans (Figure 2).
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PARAMETRES ODONTOLOGIQUES UTILISABLES EN IDENTIFICATION ESTIMATIVE
1. IDENTIFICATION ESTIMATIVE ET COMPARATIVE
1.1. Historique
1.2. Identification comparative
1.3. Identification estimative ou évaluative
2. STRUCTURES DENTAIRES UTILISABLES EN IDENTIFICATION HUMAINE
2.1. Dentition et tissus dentaire :
2.2. Modifications dentaires post mortem
2.3. Méthodes odontologiques de classifications des populations
2.3.1. Dimensions dentaires et races
2.3.2. Forme des arcades dentaires
2.3.3. Dimensions des arcades
2.3.4. Morphologies des dents
2.3.4.1. Morphologie coronaire
2.3.4.2. Morphologie radiculaire
2.3.4.3. Caractères dentaires secondaires
2.3.4.3.1. Tubercule de Carabelli
2.3.4.3.2. Tubercule de Bölk
2.3.4.3.3. Perles d’émail..
2.4. Méthodes avancées d’estimation du sexe
2.4.1. Méthode microscopique Etude Corpuscules de Barr
2.4.2. ADN et identification
2.5. Méthodes métriques d’estimation du sexe
2.5.1. Prédiction sexuelle à partir du foramen magnum
2.5. Méthodes odontométriques d’estimation du sexe
2.5.1. Caractères dimorphiques de l’organe dentaire inhérents à la formation et
la croissance
2.6.2. Méthodes odontométriques
2.6.2.1. Etude de Schranz et Bartha 1963
2.6.2.2. Méthode de Fronty 1978
2.6.2.3. Méthode de Bequain 1985
2.6.2.4. Méthode de Dimodent 1998
DEUXIEME PARTIE : DETERMINATION DU SEXE PAR LA METHODE DE DIMODENT
1. JUSTIFICATION ET OBJECTIFS
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Cadre et population d’étude
2.2. Type et durée de l’étude
2.3. Echantillonnage
2.4. Procédure de collecte
2.4.1. Prise d’empreinte et traitement des modèles
2.4.2. Mensurations
2.5. Equation de prédiction sexuelle
2.6. Analyse statistique
3. RESULTATS
3.1. Prédiction sexuelle
4. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE