Détermination des taux de change

Détermination des Taux de Change

Rationalité et irrationalité

La théorie économique a tendance à supposer que les taux de change, comme les autres prix, sont déterminés de façon rationnelle. “Les taux de change sont les prix relatifs des monnaies nationales, et dans un système de change flottant, ils peuvent naturellement être considérés comme déterminés par l’interaction de l’offre et de la demande sur les marchés de change étrangers.” (OCDE, 1985). En effet, les manuels économiques contiennent généralement des modèles simples d’un Pays A faisant du commerce avec un Pays B. Si B achète plus à A que vice versa, (i) A aura une balance commerciale excédentaire et B, bien sûr, un déficit et(ii) La monnaie de A sera plus demandée que celle de B et s’appréciera par rapport à B. Les exportations de A deviendront alors plus coûteuses et B lui en achètera donc moins. Les exportations de B deviendront meilleur marché, et A lui en achètera plus. L’équilibre sera restauré. Cet équilibre sera atteint à l’intérieur des paramètres où les deux économies6 retirent A long terme, et dans un cas extrême, les taux de change du marché reflèteront certainement les réalités économiques. Une autorité monétaire qui finance de manière éhontée les dépenses publiques en faisant marcher la planche à billets verra sa monnaie se déprécier sur les marchés de change étrangers car les cambistes se montreront peu empressés à l’accepter en paiement. En revanche, un pays peut axer ses politiques monétaire et économique vers une réputation à long terme de monnaie “forte”, attirant ainsi des fonds et garantissant que l’objectif se réalise de lui-même.

Cependant, à court, voire à moyen terme, c’est-à-dire, dans les délais dans lesquels les marchés de change (FOREX) opèrent la plupart du temps, on peut raisonnablement penser que les variations des taux de change sont entièrement aléatoires. En effet, les modèles “aléatoires”, uniquement fondés sur la théorie des probabilités, semblent offrir une capacité prédictive aussi satisfaisante que les autres. La recherche de rationalité est également pervertie par le rôle clé sur les marchés des taux de change, comme sur les autres marchés de capitaux, des prévisions. La tendance au “dépassement” des ajustements des taux de change en est une conséquence. Par exemple, une baisse des taux d’intérêt sur le marché intérieur entraîne une sortie de capitaux, qui, pour sa part, entraîne une dépréciation de la monétaire au dessous de son niveau d’équilibre à long terme. La dépréciation continue jusqu’à ce que les prévisions d’une appréciation rétablissant l’équilibre compensent la baisse du taux d’intérêt. En outre, les prévisions ne se réalisent pas nécessairement. Bien que les marchés à terme puissent être basés sur les prévisions des taux d’intérêt et des taux de change à un mois ou un an d’échéance, les taux réels peuvent être très différents quand l’échéance. En effet, des études ont démontré à plusieurs reprises que les marchés monétaires à terme sont de mauvais indicateurs prévisionnels des futurs taux au comptant.

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La nature apparemment irrationnelle des fluctuations à court, voire à moyen terme, est en outre reflétée par les effets imprévisibles des politiques conçues pour les influencer. Une augmentation des taux d’intérêt clés de la Banque Centrale ou l’intervention de la Banque Centrale sur les marchés monétaires eux-mêmes, peuvent avoir l’effet rationnel, voulu du soutien d’une parité monétaire. En théorie, ces deux politiques fonctionneront via les mécanismes normaux du marché, et via le circuit de “signalisation” par l’intermédiaire duquel l’action fournit des informations aux marchés sur la position des autorités. Néanmoins, l’effet réel peut être exactement inverse. Le “signal” envoyé, par exemple, peut être interprété comme exprimant un sentiment de panique plutôt que comme la volonté de soutenir la parité “La dépréciation du dollar en 1994 et début 1995 n’était corroborée que peu, voire pas du tout par les fondamentaux. A mon avis, sa seule explication résidait dans une dialectique circulaire où les cambistes vendaient les dollars en croyant à tort que le gouvernement des Etats-Unis voulaient que la monnaie soit dépréciée, citant à l’appui les articles de journaux. Les journalistes qui ont parlé d’une prétendue politique du dollar faible ignoraient les déclarations et intervention du gouvernement d’alors en faveur du dollar pendant cette période et avaient tendance simplement à citer que le dollar se dépréciait. En fin de compte, le cycle a été rompu quand l’intervention de la Banque Centrale, réalisée de manière coordonnée et digne d’un intérêt médiatique, a été capable de convaincre les observateurs des intentions du gouvernement américain et d’aider le marché à recouvrer le sens des réalités à la mi-1995.”

  

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