Revue exploratoire de littérature La revue exploratoire de littérature est développée en trois parties qui ont pour but de mieux cerner la problématique de ce travail. En guise de première partie, il est proposé d’approfondir les expériences de santé-maladie rencontrées par les personnes en situation d’obésité, leur impact sur la santé et la qualité de vie et la réponse apportée par la chirurgie bariatrique. La deuxième partie expose les pratiques en Suisse romande concernant le suivi des patients entreprenant la chirurgie bariatrique. Afin de se recentrer sur la discipline, la troisième partie propose un retour sur le rôle infirmier auprès des patients expérimentant la chirurgie bariatrique. Être en situation d’obésité et opter pour la chirurgie bariatrique L’obésité est une problématique de santé publique actuelle. Dès les années 1990, l’augmentation de la prévalence de l’obésité portent à la considérer comme épidémie d’envergure mondiale (Charles, 2011). Les pays en transition économique rapide ont été touchés de plein fouet par cette épidémie (Charles, 2011). En Suisse, l’Office fédéral de la statistique met en évidence que la prévalence de l’obésité a pratiquement doublé au cours des vingt dernières années (5,4% en 1992 contre 10,3% en 2012), et ce, comme dans tous les pays industrialisés occidentaux (Storni, Kaeser, Eichholzer, Richard & Favero, 2014). Dans l’optique de mieux comprendre la situation des personnes obèses concernées par la question de départ, il semble pertinent de se pencher sur l’étiologie du processus de prise de poids. Les déterminants de l’obésité sont multiples et s’influencent de diverses manières. La génétique détermine une susceptibilité à l’obésité, son expression est toutefois modulée par l’environnement (Basdevant, 2003). L’obésité peut survenir lorsqu’il existe un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques. Ce déséquilibre peut être influencé par plusieurs autres déterminants. Des déterminants psychologiques, comme la gestion des émotions, de l’anxiété, des pulsions ou de la frustration entrent en jeu et peuvent influencer les comportements alimentaires (Basdevant, 2003). L’obésité peut être reliée à un trouble du comportement alimentaire, l’hyperphagie. Il faut également noter le rôle de l’environnement nutritionnel et familial ainsi que des facteurs socio-culturels et économiques. Au cours des dernières années, des changements majeurs de la production, de la distribution, de la transformation et de la consommation alimentaire ont vu le jour et entrainent des conditions propices à l’obésité (Basdevant, 2003). Une étude de l’OFS met en évidence que les groupes de population disposant d’un faible niveau de formation et de bas revenus sont plus sujets à l’obésité et au surpoids (Storni, Kaeser, Eichholzer, Richard & Favero, 2014). Tous ces facteurs se combinent et s’influencent dans la genèse de l’obésité. 0000000000000000000000000 Il parait également important de détailler la santé et la qualité de vie des personnes en situation d’obésité dans le but de pouvoir mieux appréhender leur intérêt pour la chirurgie bariatrique et les attentes qui peuvent y être 17 associées. L’obésité a un impact négatif sur l’espérance de vie. Chaque augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) de 5 points au-dessus de 25 kg/m2 est associée à une hausse de 30% des causes de mortalité (Whitlock, Lewington, Sherliker & al, 2009). L’obésité est un facteur de risque connu pour les maladies cardiovasculaires telles que hyperlipidémie, hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, coronaropathies, fibrillation auriculaire, arrêt cardiaque, les problèmes respiratoires comme apnée du sommeil, asthme, hypertension artérielle pulmonaire, les problèmes métaboliques par exemple diabète de type II, syndrome métabolique, les problèmes musculosqueletiques pouvant correspondre à de l’arthrose, des lombalgies chroniques ou encore les problèmes gastro-intestinaux et hépatiques , stéatose hépatique, lithiase biliaire de même que certains types de cancer (Lewis, Dirksen, Heitkemper, Bucher & Camera, 2011). L’obésité influence également la santé mentale de l’individu. Les risques psychologiques associés à l’obésité sont la dépression, une faible estime de soi, le suicide et la discrimination (Lewis, Dirksen, Heitkemper, Bucher & Camera, 2011). 0000000000000000000000000000000 Suivi des patients dans les hôpitaux de Suisse romande Il a été jugé pertinent d’explorer les pratiques des hôpitaux de Suisses romande dans le but de relier ce travail à la pratique du terrain. Les données qui suivent, proviennent de divers centres hospitaliers dont les pratiques varient plus ou moins, qu’ils soient hôpitaux régionaux, cantonaux ou centres universitaires. En ce qui concerne la préparation et le suivi des patients candidats en chirurgie bariatrique, les renseignements suivants ont été obtenus lors d’entretiens avec différents professionnels de la santé. Ceci nous a permis de mieux comprendre comment cet aspect de la question est abordé actuellement en Suisse, avec des spécificités variables. L’approche préopératoire du patient présente des similitudes et des différences au sein des différents hôpitaux contactés. Tous les patients bénéficient de séances préopératoires. Celles-ci s’échelonnent sur une période de six à douze mois selon les établissements. Il s’agit, la plupart du temps, de séances de préparation et d’éducation menées en groupe. Les durées d’échanges s’échelonnent sur des périodes de trois fois 2h30 à quatre jours, continus ou discontinus. Il s’agit, la plupart du temps, de groupes fermés afin favoriser un climat de confiance propice à l’expression. Les séances sont animées soit par des médecins, des diététiciens et quelquefois des psychologues. Elles abordent pour la plupart les thématiques concernant l’opération bariatrique, l’alimentation, l’activité physique et les aspects psychologiques. Dans le cas d’un établissement, des art-thérapeutes proposent des ateliers thématiques concernant la transformation physique et l’image corporelle. Un hôpital propose des entretiens individuels auprès d’une équipe multidisciplinaire composée d’un diététicien, d’un psychologue et d’un spécialiste de l’activité physique. Les patients optant pour l’opération consultent plusieurs spécialistes pour étudier les possibilités de traitement (gastroentérologue, endocrinologue, pneumologue, psychiatre, chirurgien). Ensuite, le suivi postopératoire rencontre plus de variété selon les hôpitaux. Un médecin effectue sur rendez-vous les contrôles postopératoires à J15 et J30, puis les rendez-vous s’espacent, mais sont poursuivis à vie. Pour d’autres, la fréquence est trimestrielle la première année, semestrielle la deuxième année, puis annuelle. Le relai est parfois pris par les médecins traitants. Un hôpital propose un système de référence entre patients. Certains patients se sont regroupés en association. Un autre établissement propose des groupes de soutien qui fonctionnent en équipe spécialisée et dont le but est de travailler sur le changement de comportement, les rappels diététiques, l’activité physique et la gestion des émotions. 000000000000000000000000000000 Soins infirmiers postopératoires : Il s’agit dans un premier temps de définir et de délimiter la phase post opératoire. Si le début de la phase postopératoire est facile à identifier, il est plus difficile d’en déterminer la fin. Les auteurs consultés s’accordent à dire que la période postopératoire débute directement après l’opération au moment où le patient quitte la salle d’opération (Bruner, & Suddarth, 2011; Kozier, Erb, Berman, & Snyder, 2012). Le terme de la période postopératoire est défini de différentes manières: Il peut s’agir soit de la résolution des séquelles chirurgicales (Brunner et al., 2011 ; Kozier et al. , 2012), soit du retour à un équilibre biologique et physiologique (Rémond, 2007). Selon Pauchet-Traversat, Besnier, Bonnery, & Gaba-Leroy (2006), les soins infirmiers postopératoires sont l’ensemble des actes infirmiers qui ont lieu après un acte chirurgical. Dans un cadre plus général, la discipline infirmière est axée selon trois centres d’intérêts. Elle s’intéresse : (1) aux principes et aux lois qui déterminent le processus de bien-être et le fonctionnement des êtres humains malades ou en santé ; (2) aux modèles de comportements humains, en interaction avec l’environnement dans les situations critiques de la vie (3) aux processus, par lesquels des changements positifs de l’état de santé sont considérés (Donaldson, Crowley, 1978). Dès lors, des interventions de soins infirmiers peuvent être reliées à chacun de ces axes. Selon Meleis (2012), les interventions infirmières sont définies comme des actions délibérées, qui servent à prendre soins des personnes et dont le but est de favoriser leur bien-être et de diminuer leur vulnérabilité face aux risques pour leur santé. Les soins postopératoires se déroulent dans cette même optique, leur but étant d’aider la personne soignée à retrouver un état de santé optimal (Kozier, Erb, Berman, Snyder, 2012). Ces soins spécifiques regroupent différentes interventions infirmières qui concernent la surveillance de l’équilibre physiologique de la personne, la prévention des complications postopératoires, le soutien psychologique de la personne et de ses proches, l’information, l’enseignement des auto-soins, l’élaboration d’un plan de soins et d’un traitement post-hospitalier (Bruner, & Suddarth, 2011 ; Kozier, Erb, Berman, & Snyder, 2012). Les soins postopératoires n’ont pas uniquement lieu en milieu hospitalier. La continuité des soins en phase postopératoire par les soins à domicile, par des consultations à la clinique ou au cabinet médical, ou par téléphone, favorise un rétablissement sans complications (Bruner, & Suddarth, 2011).
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