DETERMINANTS DE LA DYNAMIQUE DE LA VEGETATION D’UN MILIEU PÂTURE
Le Zébu Gobra
Le Zébu Gobra (figure 26) est un animal musclé, sub-convexiligne, longiligne, eumétrique. Les cornes sont en lyre haute, fortes à la base. Leur longueur peut atteindre 70 à 80 cm. La robe est généralement blanche ou légèrement froment. Surtout chez les mâles, on trouve des bringures et des charbonnures. La bosse est en forme de bonnet phrygien (coiffure rouge) dressé; chez les femelles, elle est plus petite et en forme de cône. Figure 26 : le zébu Gobra du Ferlo (avril 2013, saison sèche) 43 L‟animal est de grande taille : à 5 – 6 ans elle est de 1,23 m chez les femelles et 1,33 m chez les mâles. La production laitière est faible mais suffit à peu près au veau ; elle est susceptible d‟une certaine amélioration. Le rendement boucher est compris entre 50 et 53 % (Sow et al., 1988).
Evolution de l’effectif et de la situation démographique du cheptel
L‟analyse démographique du cheptel bovin du centre indique une variabilité de l‟effectif qui passe de 653 têtes en 1966 pour atteindre son pic en 1984 avec 2203 têtes. Cette hausse importante s‟explique par l‟introduction de nouvelles races bovines (Guzérat, Pakistanais) destinées aux éleveurs du milieu réel, en plus du nombre de Gobra qui était de 882 têtes. Par la suite cet effectif a connu une baisse considérable, atteignant 561 têtes en 1987, toutefois les valeurs les plus faibles sont notées à partir de 2010 avec des effectifs ne dépassant pas 222 têtes (figure 27). Cette baisse pourrait être expliquée par les réformes et ou cessions des animaux effectuées dès 1984 (figure 28) pour les raisons citées plus haut et qui s‟est accentuées en 1987 dues cette fois-ci à la compression du personnel du CRZ suite aux politiques d‟ajustement structurel de l‟Etat et qui a vu ce dernier rattaché au centre de Bambey à vocation agricole. Par rapport aux autres paramètres démographiques, on note une prépondérance des naissances excepté pour les années 1984 et 2010 où le nombre d‟animaux réformés et ou cédés ont pris le dessus. Des mortalités importantes sont également notées pour ces mêmes périodes. A côté des bovins du centre, on note la présence d‟animaux privés, présentant des effectifs plus importants, autorisés à exploiter les pâturages (figure 29). Ce phénomène est intervenu récemment vers les années 90, avec les difficultés structurelles qu‟a connues le centre. En effet, avant cette période, seuls les animaux appartenant au centre étaient autorisés à y pâturer. Il s‟y ajoute ceux des villages environnants et des transhumants en saison pluvieuse dont leur nombre est inconnu, d‟où l‟importance de la charge supportée par ces parcours qui n‟est pas sans conséquences sur la production et la qualité de ces derniers.
Suivi sanitaire
Il repose sur un traitement prophylactique contre les parasitoses animales internes et externes et une immunisation contre les différentes pathologies constatées dans la zone (Pasteurellose bovine, botulisme, charbon bactéridien, charbon symptomatique, Dermatose nodulaire) ; sur des visites quotidiennes effectuées sur l‟ensemble des animaux pour observer leur comportement et les supposés malades reçoivent un traitement basé sur un diagnostic (CRZ/Dahra, 2014).
Suivi zootechnique
Il se résume au suivi de la croissance pondérale mensuelle des jeunes de 0 à 12 mois, de la reproduction des adultes et également d‟un suivi trimestriel de la croissance pondérale des taurillons et génisses de 24 à 36 mois d‟âge. Ce suivi a permis l‟obtention du poids moyen des animaux suivant les catégories. Ainsi chez les vaches, il varie entre 227 et 461 kg, les génisses entre 160 et 442 kg, les taurillons entre 257 et 354 kg, les taureaux entre 416 et 526 kg, les vêles entre 61 et 112 kg et enfin les veaux entre 56 et 172 kg. Le mode de reproduction de ces animaux est basé sur la saillie naturelle avec la présence permanente d‟un taureau dans les lots. Pendant la période favorable (Août-septembre), la majorité des saillies est détectée par les bergers et notée au niveau de l‟infirmerie afin de procéder à la confirmation à travers la palpation transrectale.
Conduite du troupeau
L‟organisation du troupeau a subi en 30 années des modifications importantes. On peut distinguer cependant 3 types de conduites, dont les différences essentielles résident dans le contrôle de la vie de reproduction des femelles et l‟utilisation des taureaux. Dans un premier temps avant 1966, les femelles étaient placées sans distinction d‟âge et de numéro de vêlage dans un troupeau avec un mâle. La femelle, lorsqu‟elle vêlait, était placée dans un lot avec ou non le même taureau. Le lot était composé d‟environ de 50 têtes. Les taureaux étaient choisis en fonction de leur évolution pondérale et de leur aspect phénotypique. A partir de 1966, l‟organisation de la vie du troupeau a été modifiée. A l‟étable se trouvaient les veaux, les différents troupeaux de vaches aux 1er, 2ème et 3ème vêlages, et ultérieurement des troupeaux de sélection. En fait, seuls les veaux restaient en permanence à la bouverie, les vaches suitées venant pour la tétée deux fois par jour avant de repartir juste après vers les zones de pâturages. Tous les autres animaux séjournaient en extensif de même que les femelles après le sevrage de leur produit et ceci jusqu‟à leur vêlage suivant. Les mâles, lorsqu‟ils atteignaient l‟âge de 36 mois, étaient capables de débuter leur carrière de reproducteurs. Mais avant d‟être choisis, un premier examen était pratiqué sur leur croissance et leur conformation ; ils sont jugés par rapport à des seuils de sélection calculés. A partir de 1972 une nouvelle méthode de choix des mâles est mise en place. En effet, les meilleurs veaux étaient placés après le sevrage dans un troupeau de pré-testage collectif après un premier tri sur performances parentales (sélection sur ascendance) : vingt à trente animaux composaient ainsi ce lot. Ensuite, après une période dont la durée est à l‟étude, 10 mâles présélectionnés sur la base de leur croissance et de leur conformation subissaient un contrôle individuel (testage final) qui comporte une étude de la croissance de l‟animal, et de son indice de consommation propre. De plus, des récoltes de semence après dressage étaient effectuées régulièrement et ainsi la spermiologie explorée. A la suite de cette phase, 3 ou 4 animaux sont retenus comme futurs géniteurs sur la base de leurs différentes performances (vitesse de croissance, conformation extérieure, indice de consommation, qualité du sperme, aptitude au saut). Ils seront testés sur descendance par insémination artificielle ou par monte naturelle sur les femelles de la station (Sow et al., 1988). A partir de 2004, tous les animaux ont été ramenés à la petite concession (à la bouverie) pour un contrôle plus strict. L‟alimentation du cheptel repose essentiellement sur les pâturages naturels. Les animaux séjournent sur les pâturages de l‟extensif deux fois la journée ; une première à l‟aube et qui dure quatre (4) heures de temps (5h du matin à 9h) et une deuxième pendant le reste de la journée (10h30 du matin au crépuscule). Les animaux du centre sont en perpétuelle compétition pour la ressource avec, les animaux privés autorisés à pâturer dans le centre, ceux des villages environnants de même que ceux des transhumants pendant l‟hivernage du fait de l‟absence de clôture dans la majeure partie du centre.
Les points d’eau
Le centre disposait de deux forages dont l‟un situé en extensif (forage de Diéry à environ 6 km de la bouverie) et l‟autre dans la petite concession. Ils assurent l‟alimentation en eau de la population animale du centre, des populations environnantes et leur bétail. Il est à noter que le forage de Diéry n‟est plus fonctionnel depuis 2005 du fait d‟une baisse du niveau de la nappe. Ce qui a motivé le transfert des animaux de l‟extensif à la petite concession pour leur éviter les longs déplacements pour l‟abreuvement (CRZ/Dahra, 2012). L‟abreuvement se fait donc actuellement uniquement dans la petite concession au retour des pâturages de l‟aube en utilisant le même abreuvoir que les animaux privés (CRZ/Dahra, 2014).
Situation de la recherche
Le centre de recherches zootechniques, a connu plusieurs travaux de recherches portant sur des domaines aussi divers que sont la santé et la production animales (ISRA, 1982, 1985, 1987, 1988, 1989, 1991, 2002 ; CRZ-Dahra, 1970, 1971, 1973, 1979). Les principales activités ont porté sur la physiologie animale (Touré, 1985), l‟étude et l‟amélioration de la productivité à travers l‟étude de paramètres zootechniques des bovins (Denis, 1981; Diallo, 1984a, 1984d; Coly,1985 ; Kamara, 1985 ; Mbaye et Ndiaye, 1986 ; Mbaye et al., 1986), des petits-ruminants (Sow et al., 1985a, 1985 b) et des équins, les systèmes de production laitière (Ndong, 1982 ; Ngom, 2009 ; Dieng, 2011) et bouchère (Mime, 1982 ; Diop, 1989) et l‟alimentation du bétail (Diallo, 1982 ; Niang, 1982 ; Thiogane, 1982 ; Diallo, 1984c, 1984e ; Diallo et Ngoma, 1984, 1991a, 1991b ; Ndiaye, 1985). Des études sur les pâturages naturels (Boudet, 1980, 1981, 1983), ont été longtemps effectuées par l‟équipe agrostologique du LNERV et du CRZ de Dahra. Elles portaient sur la structure (recouvrement, richesse, diversité spécifique, etc.) (Raynal, 1964), le fonctionnement (phytomasse) (Valenza, 1981), la qualité (valeur fourragère) (Guérin et al., 1982), la capacité de charge (ISRA, 1989) , la dynamique et l‟amélioration (Guérin, 1981) des parcours, avec l‟utilisation dernièrement de la télédétection (Diallo, 1996 ; Fensholt, 2003) pour la caractérisation de la végétation. L‟importance de la documentation dans cette zone, fait d‟elle un cadre idéal pour les activités de recherches.
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