DETECTION DES RÉSIDUS D’ANTIBIOTIQUES
DANS LES VIANDES OVINES
Utilisation des médicaments vétérinaires
La chimiothérapie et la chimio prévention sont largement utilisées dans le contrôle des maladies animales en Afrique de l’Ouest. Les médicaments vétérinaires utilisés couramment dans le traitement de ces maladies sont les antibiotiques (essentiellement les tétracyclines), les trypanocides (diminazène et isométhamidium), les produits contre les parasitoses internes et /ou externes comme l’albendazole, l’ivermectine et le butox(Kane, 2008). Au Sénégal, le cumul des importations autorisées de médicaments et de matériels à usage vétérinaire s’élevait à 2 284 000 000 F CFA en 2008 (DIREL, 2009).. Cependant les antibiotiques les plus fréquemment importés sont la Tétracycline, le Téra-calcium, la Dihydro-streptomycine, l’Amoxilline, la Terramycine, la Pénicilline, la Tenaline, le Penistreptomycine et la Néoterramycine. Ces produits viennent généralement de France, de la Hollande, des Etats-Unis et d’Afrique du Sud. Ils sont utilisés aussi bien qu’à titre préventif que comme curatif chez les animaux de boucherie (Kané et al., 2012). La libéralisation de l’exercice de la médecine vétérinaire combinée à une lacune du dispositif réglementaire et législatif relatif aux médicaments vétérinaires (insuffisance ou non application des textes réglementaires et législatifs) ainsi qu’au faible pouvoir d’achat de la plupart des éleveurs, ont conduit au 7 phénomène de contrefaçon et de vente illicite des médicaments ainsi que leur mauvaise utilisation (non-respect des posologies). Les périodes d’attente avant l’abattage des animaux sur lesquels les médicaments sont utilisés ne sont pas toujours respectés. Ce qui pose un problème de résidus et par conséquent un problème de sécurité sanitaire des aliments pour le consommateur (Kané, 2008).
Les Résidus D’antibiotiques
Définition de « résidu »
Plusieurs définitions ont été proposées. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est considérée comme résidu ou contaminant “toute substance chimique quelconque qui persiste dans un milieu donné, en quantité généralement très faible (de l’ordre du ppb partie par billion ou par milliard, soit par exemple 1μg/kg), après qu’ellemême ou d’autres composés lui donnant naissance aient été introduits, volontairement ou non, dans ledit milieu, et dont la présence est de ce fait qualitativement anormale (CIV, 2013). Selon la Commission Européenne (règlement 2377/90/CEE) les résidus sont définis comme toute substance pharmacologiquement active, qu’il s’agisse de principes actifs, d’excipients ou de métabolites présents dans les liquides et tissus des animaux après l’administration de médicaments et susceptibles d’être retrouvés dans les denrées alimentaires produites par ces animaux (Stoltz, 2008). Selon le Codex Alimentarius(FAO/OMS, 2000)les résidus de médicaments vétérinaires comprennent les substances mères et /ou leurs métabolites présents dans toute portion comestible de produit d’origine animale, ainsi que les résidus des impuretés associées au médicament vétérinaire considéré.
Origine des résidus
Les résidus d’antibiotiques peuvent apparaître chez les animaux de production lors de différents usages des médicaments (Schwarz, et al., 2001).
Utilisation à titre thérapeutique curatif
Les antibiotiques peuvent être utilisés à titre thérapeutique curatif. L’objectif est d’obtenir la guérison des animaux cliniquement malades et d’éviter la mortalité (Zanditenas, 1999). Le traitement a aussi pour effet de réduire la souffrance et de restaurer la production (lait, viande). Il réduit l’excrétion bactérienne, permettant dans certains cas d’obtenir une guérison bactériologique et, lors d’infection zoonotique, il peut éviter la contamination humaine (Stoltz, 2008)
Utilisation en métaphylaxie
Lorsqu’une infection collective et très contagieuse se déclare dans un élevage avec de grands effectifs et évolue sur un mode aigu, avec suffisamment d’éléments concordants pour incriminer une (des) bactérie(s), l’ensemble des animaux est traité. Les sujets qui sont exposés mais ne présentent pas encore de signes cliniques (sains ou en incubation) font donc l’objet d’un traitement en même temps que ceux qui sont déjà malades. Cette pratique est qualifiée de 9 métaphylaxie. Elle permet de traiter les animaux soumis à la pression infectieuse alors qu’ils sont encore en incubation ou lorsque les manifestations cliniques sont très discrètes. (Maillard,2002).
Utilisation en antibio-prévention
Les antibiotiques peuvent être administrés à des périodes critiques de la vie, sur des animaux soumis à une pression de contamination régulière et bien connue. Dans ces conditions, on parle d’antibio-prévention car le traitement permet d’éviter totalement l’expression clinique. Cette modalité d’utilisation des antibiotiques est adaptée à une situation sanitaire donnée et doit être provisoire et ponctuelle. L’antibio-prophylaxie est également utilisée lors d’opérations chirurgicales pour prévenir les infections bactériennes (exemple, lors d’une césarienne) (Stoltz, 2008).
Utilisation en tant qu’additifs dans l’alimentation animale
L’usage des antibiotiques dans l’aliment à titre d’additifs est très limité actuellement. Ces « antibiotiques régulateurs de flore » (ARF) ou « antibiotiques promoteurs de croissance » (AGP pour « antibioticgrowth promotors ») sont utilisés à des doses très faibles, non curatives en vue d’améliorer la croissance des animaux par un effet régulateur au niveau de la flore intestinale. Ces antibiotiques sont tous des agents chimio thérapeutiques non utilisés en médecine humaine pour limiter les risques de sélection de résistance vis-à-vis de molécules d’intérêt médical majeur pour la médecine humaine (AFSSA,2006).
Natures et propriétés des résidus d’antibiotiques
Nature des résidus
La nature chimique des résidus est fortement conditionnée par les biotransformations. Les méthodes de dosage et d’identification qui ont permis de distinguer deux grands types de résidus : – les résidus extractibles – les résidus non-extractibles
Résidus extractibles
Les résidus extractibles ou « libres » représentent la fraction pouvant être extraite des tissus ou des liquides biologiques par divers solvants, avant et après dénaturation des macromolécules. Les composés concernés sont le principe actif initial et ses métabolites, en solution dans les liquides biologiques ou liés par des liaisons non covalentes, donc labiles, à des biomolécules. Ce sont des résidus précoces, qui prédominent dans les premiers jours suivant l’administration du médicament, mais ayant une demi-vie assez brève et dont le taux devient généralement négligeable trois à 10 cinq jours après le traitement. Ils ne forment qu’une proportion faible des résidus totaux (Dziedzic, 1988).
Résidus non extractibles
Les résidus non extractibles ou résidus liés sont des résidus qui résultent de l’association covalente entre un xénobiotique (composé parental ou métabolites) et les macromolécules animales et endogènes (Burgatet al, 1990). Autrement dit, les résidus non-extractibles sont des résidus dérivés de la liaison covalente du médicament souche ou d’un métabolite de celui-ci avec un produit biologique cellulaire soluble ou une macromolécule insoluble. Ces résidus ne sont pas extractibles de la macromolécule par les techniques de dénaturation, de solubilisation ou d’extraction exhaustive. (FAO/OMS,1996). Les résidus liés ont une demi-vie assez longue et constituent la majeure partie des résidus (Dziedzic, 1988).
Propriétés des résidus
Notion de biodisponibilité et de biodisponibilité de relais
La biodisponibilité des résidus pour le consommateur, ou biodisponibilité secondaire (par opposition à la biodisponibilité du médicament chez l’animal, qualifiée de primaire) représente la possibilité d’absorption par voie digestive des résidus de médicaments présents dans une denrée d’origine animale. Elle diffère selon la nature des résidus. En effet la biodisponibilité de la fraction résiduelle est supérieure à celle des résidus liés. Lorsque la biodisponibilité des résidus est évaluée par la biodisponibilité globale des résidus totaux. On parle alors d’une « biodisponibilité de relais » qui nécessite un animal relais. (Dziedzic, 1988).
Notion de toxicodisponibilité
Les métabolites reconnus toxiques sont en général extractibles et donc relativement bio disponibles. Leur toxicodisponibilité est donc toujours à craindre (Dziedzic, 1988). Les résidus liés sont généralement peu bio disponibles et sont également peu accessibles à la réponse immune de l’organisme pouvant entraîner une réaction allergique, leur toxicodisponibilité est donc faible (Labie, 1982).
Problème de résidus en santé publique
Les risques pour le consommateur et la Santé Publique liés à la présence de résidus d’antibiotiques dans les denrées alimentaires sont: – Le risque de toxicité directe, – Le risque allergique, – Le risque cancérigène, – Le risque de pathologie liée à la modification de la flore digestive, 11 – Le risque d’apparition, de sélection et de dissémination de résistances bactériennes aux antibiotiques au sein des populations humaines et animales (Reig et al, 2008).
Risque de toxicité directe
La toxicité directe des résidus d’antibiotiques est assez difficile à mettre en évidence car il s’agit en générale de toxicité chronique. Cette toxicité ne s’exprime qu’après consommation répétée de denrées alimentaires contenant des résidus du même antibiotique, c’est-à-dire qu’après absorption répétée de nombreuses faibles doses de toxique. Certains scientifiques évoquent alors une possible toxicité hépatique (Jeon et al., 2008). Les études permettant de montrer la toxicité des résidus d’un antibiotique donné sont longues et coûteuses (Stoltz, 2008). De plus, la molécule antibiotique subit des biotransformations dans l’organisme de l’animal. Les résidus d’une molécule antibiotique donnée ne sont donc pas tous identiques à la molécule originelle et n’ont donc pas tous les mêmes propriétés. La toxicité de chaque résidu peut être augmentée, diminuée ou modifiée par rapport à la toxicité de la molécule antibiotique originelle. La toxicité des résidus est même susceptible d’être modifiée lors des traitements de conservation ou de préparation culinaire (Labie, 1982). Le risque de toxicité directe dépend alors de la dose ingérée, de la nature chimique de l’antibiotique initialement administré et de celle des résidus (Stoltz, 2008). Les résidus de b.
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