Description générale et localisation du lac des Oiseaux
Les Culicidae ou moustiques, sont capables de s’adapter à diverses conditions climatiques où à des changements des conditions environnementales (Clements, 2000; Becker et al., 2010), et donc de coloniser des écosystèmes très variés. Ainsi ils sont présents sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique, à proximité des étendues d’eau permanentes, ou temporaires, fortement polluées ou pures, grandes ou petites; même les plus petites accumulations d’eau dans les seaux, vases, pneus, empreintes de pas sont des habitats larvaires potentiels (Cléments, 2000).
Les moustiques représentent le groupe d’Arthropodes ayant l’impact sanitaire et vétérinaire le plus important (Marquardt, 2005). Leurs piqures peuvent causer de sévères irritations pour l’Homme et les animaux (Takken & Knols, 2007; Becker et al., 2010). Dans quasiment toutes les espèces de moustiques, les femelles obtiennent les protéines nécessaires pour le développement des oeufs par nourriture de sang des vertébrés. Cette prise directe du fluide dans les capillaires sanguins par une piqure, ne se résume pas seulement au désagrément passager (Failloux & Rhodain, 1999). Cette prise de sang va permettre à différentes formes de vie (virus, protozoaire, vers nématodes) d’exploiter les moustiques comme voie de transferts vers les hôtes vertébrés, pour la réalisation de leur cycle biologique. Les maladies vectorielles, dont celles transmises par les moustiques, sont l’un des problèmes majeurs de santé publique à travers le monde. Ces maladies ont connu récemment une forte recrudescence (Morrens et al., 2004) et représente aujourd’hui 14% des maladies infectieuses et 28% des maladies émergentes (Jones et al., 2008) qui pèsent lourdement sur la santé publique et l’économie mondiale (Morrens et al., 2004; Jones et al., 2008; Suaya et al., 2009). L’augmentation des échanges internationaux ainsi que le réchauffement climatique, ont permis à certaines espèces de moustiques de coloniser rapidement de nouveaux milieux (Patz et al., 1996; Benedict et al., 2007). Ces flux migratoires ont entrainé une propagation mondiale de maladies jusque-là endémiques de certaines régions du globe (Gould et al., 2010; Weaver & Reisen, 2010; Thai & Anders, 2011).
On citera par exemple le Virus du West Nile (VWN) qui sévissait principalement en Tunisie et en Israël jusqu’en 1999 (Jia et al., 1999). Dans la région du Maghreb, le VWN a été responsable d’épidémies en Algérie (1994) et en Tunisie (1997) et d’épizootie au Maroc (1996) (Le Guenno et al.,1996; El Harrak et al.,1997; Triki et al., 2001). Dès lors, le virus a sévi à plusieurs reprises au Maroc (2003, 2008 et 2010) et en Tunisie (2003, 2008, 2011) (Garboudj et al., 2003; Shufenecker et al., 2005, Figuerola etal., 2009; Ben Hassine et al., 2011). Depuis son introduction à New York il ya plus de 10 ans, il n’a cessé de progresser aux états unis où il s’est durablement installé ainsi qu’au Canada et au Venezuela (Petersen & Hayes, 2004; Venkasetan & Rasgon, 2010). Même si les facteurs ne sont pas encore totalement connus (changements climatiques) pour les uns (Guillet, 2001), mondialisation des échanges économiques et humains pour les autres (Gratz, 1999; Loubinos & Conn 2000), les maladies comme le paludisme, les filarioses, les encéphalites, la dengue et les fièvres hémorragiques apparaissent aujourd’hui en recrudescence. Ces maladies ont une importance sanitaire et socio- économique qui s’est accentuée avec les changements que subit le monde. En effet, les changements climatiques et anthropiques déclenchent l’émergence, la réémergence ou la recrudescence inattendue de certaines maladies vectorielles. Pour certaines maladies, comme le paludisme il n’existe pas de vaccins, des médicaments prophylactiques existent pour limiter l’infection mais plusieurs molécules commencent à montrer leurs limites à cause du développement de mécanismes de résistance chez les parasites (OMS, 2009). Pour la dengue, aucun vaccin ni traitement spécifique n’est encore disponible. Aussi, le contrôle de ces populations vectrices s’avère d’autant plus difficile car celles-ci sont en voie d’expansion. Pour ces maladies, le principal moyen de lutte reste le contrôle des populations de moustiques (Tolle, 2009; Becker et al.,2010).
La lutte contre les moustiques et les pathogènes qu’ils transmettent s’effectue à différentes échelles, de l’élimination des gîtes larvaires à la sensibilisation des populations autochtones. L’utilisation des répulsifs appliqués directement sur la peau ou imprégnés sur les vêtements, moustiquaires et rideaux, tels que le Diethyl Toluamide (DEET) répulsif conventionnel ou l’Ethyl Butylacetyla minopropionate (l’IR3535) répulsif biologique, est également recommandée (Fauld et al., 2010). A une échelle plus globale, les premiers moyens de lutte furent l’élimination de certaines zones humides permanentes ou temporaires (étangs, marais, marécages, étangs d’eau printanière), habitats naturels du moustique. Une prise de conscience de la valeur patrimoniale et écologique des zones humides, véritables oasis de biodiversité, a rapidement conduit à l’abandon de cette méthode en milieu rural, d’où le développement de stratégies nouvelles de luttes contre les moustiques. C’est ainsi que les premières luttes insecticides ont commencé avec la lutte chimique, utilisée à l’encontre à la fois des adultes et des larves de moustiques. La lutte à l’aide d’insecticides est actuellement le moyen le plus efficace pour lutter contre les moustiques. La découverte de la grande efficacité du DDT (Dichloro iphényl Trichloroéthane), premier insecticide de synthèse, contre divers Arthropodes, a valu le prix Nobel de médecine.