Description et position systématique
Du fait de l’accroissement de la population, le monde fait face à un besoin également croissant en nourriture. En effet, 39 pays ont actuellement besoin d’aide alimentaire extérieure (FAO, 2018). Y compris dans ces pays, le Sénégal a un peu moins de la moitié de sa population (42%) qui arrive juste à satisfaire ses besoins alimentaires (WFP, 2014). Avec une alimentation à base essentiellement de céréales et d’un peu de légumes, de sucres et d’huile, les ménages en situation de grande vulnérabilité se trouvent en majorité en zones rurales. On note également que 60% des ménages sénégalais ne consomment pas d’aliment riche en fer, 27% ne consomment pas d’aliment riche en protéines (WFP, 2014). Pouvant participer à l’atteinte de la sécurité alimentaire dans le pays, le niébé (Vigna unguiculata (L.) Walp.) est une légumineuse originaire de l’Afrique du Sud-Est qui est maintenant présent un peu partout dans le monde. C’est une plante à haute valeur nutritive dont les graines représentent une précieuse source de protéines végétales et de vitamines (Odah, 1995 cité par Ndong et al., 2012). Elles contiennent 23 à 25% de protéine, 50 à 67% d’amidon, des vitamines B tel que l’acide folique important dans la prévention des défauts de naissance et des nutriments essentiels tel que le fer, le calcium et le zinc (Cissé et Hall, 1998 cité par Kébé et Sembène, 2011). En plus d’être une des légumineuses de base de nombreux plats sénégalais, le niébé fait l’objet d’un commerce important. Sa surface emblavée au Sénégal qui est de 183 422 hectares, a permis d’avoir une production de 105 016 tonnes lors de la campagne de 2016/2017 (ANSD, 2017). Cependant, malgré les efforts des cultivateurs, d’énormes pertes lors de la production du niébé sont notées et cela à plusieurs niveaux. Outres les pertes dues aux conditions climatiques, le niébé subit des attaques de champignons, de bactéries, de virus mais également d’insectes déprédateurs. Ces derniers, lors du stockage des graines, sont responsables de la destruction à hauteur de 80% à 100% du stock (Mofunanya et Namgbe, 2016). Parmi ces insectes déprédateurs, on retrouve Callosobruchus maculatus (Fab.), une bruche dont la femelle adulte pond ces oeufs sur les gousses ou directement sur les graines (Kébé et Sembène, 2011). Les larves de C. maculatus, au cours de leur développement, transforment l’azote en acide urique toxique qui va s’accumuler dans la graine et de ce fait la rendre impropre à la consommation (Doumma et al., 2011). Cet insecte a la capacité d’infester le niébé à deux niveaux : dès le champ et dans les lieux de stockage. Pour faciliter sa survie dans ces différents milieux, C. maculatus présente deux formes caractérisées par l’aptitude ou non au vol et qui ont été observées pour la première fois par Utida (1953). Ce dernier les nomma la « forme voilière » et la « forme non voilière ». En plus des différences morphologiques, ces formes présentent.également des différences comportementales. L’existence d’une composante génétique régulant l’apparition de la forme voilière a longtemps été étudié dans les travaux de Harrisson (1980), et de Brisson (2010) plus récemment chez une espèce présentant également ce type de dimorphisme.
Ainsi, face à ce polymorphisme et l’importance des gènes sur le phénotype, nous nous devons donc de compléter nos connaissances sur les évènements génétiques affectants ce dimorphisme. C’est dans ce sens que l’objectif de ce travail consiste à connaitre les caractéristiques génétiques des formes voilière et non voilière de C. maculatus au Sénégal. Pour atteindre cet objectif, nous nous sommes fixés les objectifs spécifiques suivants : Déterminer la variabilité génétique de chaque forme et identifier les haplotypes. Evaluer la différenciation et la structuration génétique en fonctions des deux formes Déterminer l’évolution démographique des deux formes et la relation phylogénétique existant entre les individus ces formes. Pour cela, notre travail est décliné en trois chapitres. Le premier est une revue bibliographique revenant sur les connaissances antérieures en rapport avec C. maculatus. Le second est une description du matériel et des méthodes utilisés au cours de cette étude qui sera suivi par un troisième concernant les résultats que nous discuterons avant de conclure et de dégager des perspectives et de formuler des recommandations à l’endroit des travaux futurs sur C. maculatus.