Des fragilités sous-jacentes dès avant la crise

Des fragilités sous-jacentes dès avant la crise

Le financement de l’économie se définit comme l’ensemble des processus permettant aux agents économiques (entreprises, ménages, administrations, etc) de couvrir les besoins financiers liés à leur activité. Il relève principalement de mécanismes de marché : la rencontre, autour d’un prix ou d’un taux d’intérêt, des capacités et des besoins de financement des entreprises, des ménages, des investisseurs non- résidents, des administrations publiques ou du secteur financier. Dans les limites que lui imposent la soutenabilité de son propre financement et l’internationalisation des flux financiers, il est attendu de l’Etat qu’il en organise le bon fonctionnement tout en veillant à ce que son équilibre satisfasse au mieux les priorités de la collectivité nationale. – le financement à long terme peut avoir pour objectif la réalisation d’investissements industriels ou la construction d’infrastructures : réseaux de transport, de communication ou d’énergie, logements ou équipements collectifs (hôpitaux, infrastructures de recherche). a comptabilité nationale distingue cinq secteurs institutionnels : les administrations publiques (Etat, organismes de sécurité sociale, collectivités territoriales, etc.), les sociétés non-financières (industrie, commerce, services), les sociétés financières, les ménages9 et le reste du monde, c’est-à-dire les autres pays. En comptabilisant les revenus, les dépenses et les investissements des quatre premiers, les comptes nationaux retracent l’épargne, l’investissement, la situation de besoin ou de capacité de financement. Le cumul de ces flux de financement alimente le total des actifs et des passifs qui déterminent la position financière nette de l’économie vis-à-vis du reste du monde. L’analyse des flux d’épargne et d’investissement fait ressortir un accroissement du besoin de financement du pays depuis quinze ans. En longue période, la somme de ces flux révèle une dégradation de la position financière nette de l’économie française et son interdépendance de plus en plus forte avec le reste du monde.

Un besoin de financement de l’économie principalement imputable aux administrations publiques

Dans la présentation des comptes nationaux, si le revenu disponible brut10 des agents économiques est supérieur à leurs dépenses de consommation finale, ces derniers sont réputés disposer d’une épargne « positive ». Dans le cas contraire, leur épargne est dite « négative ». revenus du patrimoine et les impôts nets des subventions et des transferts nets, notamment les prestations sociales nettes des cotisations sociales. Il est dit brut car il n’intègre pas la consommation de capital fixe. Il a progressé sans discontinuer, passant de 1 221,8 Md€ en 1996 à 2001,5 Md€ en 2011 en euros courants.  Globalement, l’économie française dégage un flux d’épargne positif, l’écart entre revenu disponible brut et dépenses de consommation finale s’élevant au total à 360,8 Md€ en 2011, soit un peu plus de 18 % du PIB (1 996,6 Md€). Parmi les secteurs institutionnels, seules les administrations publiques ne parviennent pas, avec les ressources propres dont elles disposent, à couvrir leurs dépenses de consommation courante, hors investissements. Leur épargne est négative, à hauteur de -32,4 Md€.

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Lorsque des agents disposent d’une épargne supérieure à leurs dépenses d’investissements (non financiers), c’est-à-dire quand leur revenu finance plus que leur consommation finale et leurs investissements, ils se trouvent en « capacité de financement ». Dans le cas contraire, ils présentent un « besoin de financement ». Au total, le pays présentait en 2011 un besoin de financement de 51 Md€, soit 12,3% de ses investissements totaux. En progression de 8,5 Md€ entre 2010 et 2011, ce besoin n’a pu être couvert que par des flux financiers en provenance du reste du monde. Onze ans après un point bas historique atteint en 1982, la capacité de financement de l’économie nationale a retrouvé un solde positif à compter de 1993. Après avoir progressé jusqu’en 2000, elle s’est érodée à compter de 2001, redevenant négative en 2005. Cette situation peut être rapprochée de l’évolution qu’ont connue les administrations publiques dont le besoin de financement, permanent depuis 1980, s’est fortement accru entre 1988 et 1993, entre 2001 et 2004 puis encore plus entre 2006 et 2009. A l’inverse, les ménages et les sociétés financières sont, de façon constante, pourvoyeurs de ressources à l’économie : la capacité de financement des ménages s’établit au voisinage de 4 % du PIB11 depuis 1990, celle des sociétés financières fluctue entre 0 % et 2 % du PIB.

 

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