Dernier problème à Arcueil le viaduc
La traversée par l‘autoroute de la vallée de la Bièvre (« CD 127 et Bièvre canalisée ») a été très délicate du point de vue technique, du fait de la nature du sous-sol ; mais elle a été également l‘un des éléments du lourd contentieux entre les P&C et la municipalité d‘Arcueil (avec les expropriations –voir II-B- et la disparition du stade). « Cinq mètres de remblais et de vase, une mince couche de galets aquifères délavant, 9 m d‟argiles très plastiques sous-jacentes, et enfin des marnes qui se transforment progressivement en craie blanche de plus en ment un ouvrage métallique d‟une seule portée d‟une cinquantaine de mè- tres, à apparence très légère, sans culée ni travée intermédiaire, qui donne- ra une impression très agréable au fond de la vallée ; cet ouvrage sera oné- reux, mais dégagera très largement ce fond de vallée et permettra de donner au CD toute la largeur qu‟on voudra. » Ce que comprennent immédiatement les élus d‘Arcueil, c‘est que cet ouvra- ge « d‟une seule portée, d‟une cinquantaine de mètres » sera forcément encadré par deux talus importants de chaque côté, tels un « barrage hydroélectrique » à travers la vallée ; de plus, la largeur de l‘emprise serait d‘environ 250 m, augmentant d‘autant l‘emprise de l‘autoroute dans la ville. Ils avaient souhaité un ouvrage « aéré », un viaduc qui aurait été le pendant de l‘aqueduc à l‘autre extrémité de la ville, ils vont avoir une « poterne » -il ne semble pas que ce mot soit le mieux approprié, mais il est bien connu localement à cause de la proche « Poterne des Peupliers », passage étroit sous le boulevard Kellermann, et c‘est celui qui apparaît dans la Presse, avec un sens assurément péjoratif .
Lors de son entretien du 22 juillet 1954 avec Lévy et Mothe, Bougard « renouvelle ses réserves quant à la conception de l‟ouvrage prévu en remplace- ment du viaduc », ce qui montre que ce terme était utilisé jusque-là ; il demande à être saisi du projet avant sa réalisation. Fin 1954, les P&C confirment leur choix de la solution « remblai + pont », mais le CM d‘Arcueil reste sur sa position et « décide d‟insister auprès des Pouvoirs Publics pour l‟établissement d‟un viaduc qui traverserait la vallée190 ». Il met en avant des raisons esthétiques, urbanistiques, mais aussi de sécurité : en effet, de précédents remblais sur ce sol instable ont entraîné, par leur masse, des « désordres » et même des dégâts considérables : de mesurer quelles seront les répercussions définitives sur notre localité, nous pensons qu‟il serait indispensable que la même liaison qui a existé entre le Service réalisateur et la Ville, pour le relogement des locataires et la constitution d‟un lotissement, soit adoptée pour ce qui concerne la traversée de la Vallée (…) »192 Il peut être plaisant de relever ici que les élus d‘Arcueil, après quelques années « houleuses », se félicitent de la coopération qu‘ils ont rencontrée auprès des P&C… et s‘en réclament pour ce nouveau « cheval de bataille » ! Le problème « pont ou viaduc ? » est en effet soulevé par les élus d‘Arcueil lors de chacune de leurs réunions avec les élus nationaux ou départementaux, autour de 1954/55 (voir II-A) .
Lorsque les études seront assez avancées, il n‟y aurait qu‟avantage à leur exposer loyalement la situation, avec tous ses éléments d‟appréciation, y compris naturellement le prix de l‟opération, qu‟ils ont tendance à consi- dérer comme secondaire puisque ce n‟est pas la commune qui le paie ». « (…) ce sera certainement un ouvrage d‟art plus important que celui envisagé qui traversera la Vallée, et nous arriverons très probablement à ce que les surfaces des terrains libérés soient utilisés d‟une façon plus ration- nelle, notamment par des installations sportives. sée de la vallée, apparaît essentiellement comme un bouchon. » Entre Gentilly et Villejuif, l‘autoroute est effectivement le plus souvent en tranchée, d‘où le problème d‘évacuation –ou mieux, d‘utilisation sur place- des déblais : l‘option défendue par les P&C « remblai + pont de 50 m » ne répondrait- elle pas à ce souci ? « A la demande de M. Sudreau, lui-même interprète du désir du maire d‟Arcueil, M. Rumpler (DR) a accepté que l‟ouvrage de franchissement du CD 127 forme au total un viaduc de 175 m de longueur, pour éviter de barrer la vallée de la Bièvre par un remblai. Il y a lieu de considérer cette acceptation comme une modification de l‟Avant-Projet de l‟Autoroute du Sud (DM du 2.07.51) ».