Déplacer les Halles à l’extérieur de Paris

Déplacer les Halles à l’extérieur de Paris

Le projet d’une modernisation des Halles fut longtemps mis de côté, mais il connut un renouveau et un coup d’accélérateur à partir de 1958. À la fin des années 50, la Quatrième République est à bout de souffle. Elle est minée par l’instabilité gouvernementale due, notamment, à son régime parlementaire. Les alliances entre partis politiques se défont aussi vite qu’elles sont apparues. Entre 1946 et 1958, la France va connaitre 24 gouvernements différents126 dont la durée d’existence s’étend de quelques jours à un an et demi au maximum. Un délai trop court pour mettre en chantier un projet aussi important que la modernisation des Halles de Paris. La difficile maitrise des finances publiques et les évènements en Algérie de mai 1958 accélèrent la chute de la Quatrième République. Le général de Gaulle (1890 — 1970) est appelé par le président de la République, René Coty (1882 — 1962), pour former un nouveau gouvernement127. La menace d’un coup d’État militaire et malgré les réticences des députés de gauche, de Gaulle est finalement investi de la fonction de président du Conseil, par l’Assemblée président de la République, René Coty, le 4 octobre 1958128. Charles de Gaulle est élu, au suffrage indirect, président de la République, le 21 décembre 1958. Il nomme aussitôt Michel Debré à la fonction de Premier ministre. Selon la Constitution, le Premier ministre est chargé de conduire la politique du gouvernement. C’est lui qui donne l’impulsion des réformes nécessaires à une meilleure administration du pays.

Michel Debré souhaite que le problème des Halles soit réglé au plus vite. C’est pourquoi, le gouvernement sous l’impulsion de Michel Debré, prend en charge le dossier des Halles de Paris. Désormais, c’est l’État, par l’intermédiaire du Commissariat au Plan, qui pilotera l’ensemble du projet de modernisation des Halles. Cette main mise du gouvernement va provoquer la colère des conseillers municipaux de Paris qui y voit une atteinte à leurs prérogatives. Mais cette décision venue d’en haut s’impose, car si tout le monde s’accorde sur le constat d’insalubrité, d’engorgement, de vétusté de tout un quartier, personne n’ose prendre le risque politique et financier d’amorcer ce transfert. Seulement, pour concrétiser ce transfert des Halles, Michel Debré a besoin d’un relais sur le terrain. Le 22 juillet 1961, le Premier ministre signe le décret n° 61-836130. Un commissaire à l’aménagement du MIN de la région parisienne est institué. Cet homme est responsable de l’ensemble du processus de création du marché tant sur le plan administratif que sur le plan de la réalisation des infrastructures. L’envergure du projet est telle que le gouvernement considère qu’il est impossible d’en laisser la responsabilité à une quelconque direction de ministère. Le marché parisien est un projet transversal. L’article 2 du décret précise : « Le commissaire est chargé, en liaison avec les collectivités locales (…), d’établir le programme technique et financier des opérations ainsi que l’avant-projet définitif du Marché d’Intérêt National de la région parisienne, pour les soumettre à l’approbation des ministres intéressés ; de procéder ou de faire procéder, en liaison avec le service des Domaines, aux acquisitions, amiables ou par voie d’expropriation, des terrains ou droits réels immobiliers nécessaires à l’implantation des ouvrages ou de rendre disponibles lesdits terrains, et d’entreprendre sur ces terrains tous les travaux préparatoires qu’exige la construction du marché ; de promouvoir (…) la création d’une société d’économie mixte qui sera chargée de la construction et de l’exploitation du marché (…) ; de prendre toutes mesures permettant d’assurer la coordination des études, des travaux et des activités de la gare routière de Rungis .

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avec l’approbation du ministre de l’Intérieur et du secrétaire d’État au commerce intérieur, toutes mesures utiles au transfert des activités commerciales des Halles centrales de Paris sur le Marché d’Intérêt National de la région parisienne. » Le commissaire est donc chargé du projet de A à Z. Il est responsable de l’acquisition des terrains, de la construction du marché et de la mise sur pied des structures administratives permettant l’exploitation du marché. Un projet gouvernemental nécessite l’accord de différents ministères, mais l’article 3 du décret indique : « (…) Le commissaire a délégation permanente de signature des ministres intéressés. Il dispose d’une autorité directe sur tous les services appelés à intervenir en vue de la réalisation des travaux (…) ». La délégation de signature permet au commissaire de prendre une décision sans avoir à en référer au préalable au ministre concerné et donc d’éviter que le projet ne soit ralenti par des tracasseries administratives. Le pouvoir décisionnaire du commissaire est donc important, car la délégation de signature est valable pour des ministères de premier ordre notamment ceux de l’Intérieur, de l’Économie, des Transports et de l’Agriculture. Cela révèle que le gouvernement considère que la centralisation de la décision est nécessaire quand l’État souhaite mettre en œuvre de grands projets. La multiplication des compétences et des périmètres d’autorités, qui parfois se recoupent et rentrent en conflits, peut-être un facteur de ralentissement voir d’annulation d’un projet. Par la mise en place de ce poste de commissaire à l’aménagement du Marché d’Intérêt National de la région parisienne, le Premier ministre réaffirme sa volonté de voir le projet aboutir.

 

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