DEPENDANCE HOMMES- MILIEUX
De tout temps, l’homme s’est préoccupé de son environnement naturel. Toutes les civilisations anciennes, tous les humanistes ont eu conscience de la nécessité de faire corps avec l’environnement. L’entretien et la protection du milieu vital sont toujours apparus comme indispensables aux hommes d’esprit, de grande spiritualité, conscients de leur environnement ou simplement sensibles aux beautés de la nature [HERTIG & al, 2006]. Il est communément admis que, par leurs activités, leurs modes de vie, leurs organisations sociales, leurs croyances, leurs perceptions et leur connaissance de ce qui les entoure, les êtres humains, individus isolés ou regroupés en sociétés, entretiennent des relations étroites avec l’espace et les milieux naturels (désormais presque exclusivement anthropisés) dans lesquels ils vivent et avec lesquels ils interfèrent [CHENORKIAN & ROBERT, 2014]. L’homme se trouve positionner, en intermédiaire, entre des composantes de l’environnement : l’air, le biotope, la biocénose et l’eau. Cette dernière qui signifie la source de vie, s’évolue dans un cycle continu et dépendant mais elle est fragile à toute perturbation d’origine naturelle ou humaine (anthropique). Les activités humaines peuvent affecter le cycle naturel de l’eau et de ce fait sa disponibilité locale. La déforestation, certaines pratiques agricoles, l’altération des écosystèmes humides à proximité des côtes, le détournement des cours d’eau ou leur endiguement sont quelques activités qui peuvent influencer l’évaporation, la transpiration et les précipitations à une plus large échelle, et donc altérer le cycle hydrologique planétaire [RICKLEFS & MILLER, 2005].
Activité anthropique
L’invitée de toutes les dimensions de la vie humaine, l’activité humaine est désignée comme une énigme, une tension et une dramatique [DANVERS, 2012]. Un groupe humain subsiste et se développe par sa cohésion sociale ; il tente de subordonner la nature à son idée du monde. Les techniques sont passées de la simple survie à la maîtrise quasi- absolue [HUFTY, 2001]. Sur une plus grande échelle, la technologie scientifique a modifié le caractère de l’activité humaine et sa relation avec l’environnement. La nature n’est plus seulement ou principalement le lieu de l’activité humaine ; elle est devenue l’objet d’une transformation technologique et d’une responsabilité morale dont nous sommes encore, la plupart du temps, tout à fait inconscients [DUCHESNE & CAMBROSIO, 1984]. L’activité anthropique a de tout temps compromis une atteinte à l’environnement ou tout au moins interagi avec la nature. Les premières modifications majeures du rapport des hommes aux milieux sont apparues avec l’apparition de l’agriculture et les bâtis qui s’étendent avec la croissance démographique qui transforme le cadre de vie ordinaire. La plupart des activités humaines modifient plus ou moins profondément le fonctionnement des écosystèmes ou l’état de certains éléments de l’environnement, dont bien entendu les êtres humains. Plusieurs des modifications environnementales apparemment très éloignées du bien- être des humains affectent en retour l’ensemble des conditions de vie de ces derniers. Il existe donc une grande interdépendance entre les êtres humains et leur environnement. De prime abord, on associe la détérioration de l’environnement à une augmentation quantitative des impacts. A titre d’exemple de la quantité croissante des impacts, mentionnons l’accumulation des déchets, l’accroissement des rejets d’eaux usées, l’augmentation des gaz à effet de serre, le nombre impressionnant de véhicules motorisés et l’ampleur nouvelle des infrastructures modernes [LEDUC & RAYMOND, 2000]. VI-2/ Figures d’intrusion anthropique dans le PNEK L’idée de créer le parc national d’El Kala était un effort intellectuel et juste de la part de l’état algérien pour bien protéger un milieu naturel vulnérable de toute sorte d’intrusion anthropique. Le patrimoine naturel de la région est aussi une préoccupation que la société venait de saisir. Sa pérennité et sa solidité nécessitent des lois vigilantes et non tolérantes et doivent être, normalement, applicables par lettre. Le parc national d’El Kala est un exemple d’une dégradation anthropique au détriment de sa biodiversité et de ses potentialités hydriques. D’une part, une croissance démographique accompagnée de la dissémination des infrastructures et des rejets liquides et solides incontrôlables. D’autre part, le réaménagement du couvert végétal en terres agraires suivies d’un pâturage intensif et qui représentent le domaine le plus exercé par la population du parc.
Impact des rejets d’ordures
On avait montré, antérieurement, que la population humaine dans le PNEK s’est évoluée de 11299 en 1856 [GRIMES, 2005] à 128887 en 2009[AKROUM, 2013], accompagnée d’une large propagation de l’habitation sur les terres fragiles. Cette population est, dans leur majorité, classée partiellement ou totalement rurale. Des infrastructures à caractère économique et sociale sont implantées dans la région d’étude. La conséquence est aperçue par les rejets liquides et solides dispersés dans la nature et qui polluent l’environnement à long terme. Les eaux usées domestiques sont essentiellement porteuses de pollutions organiques. Elles se répartissent en deux catégories : les eaux ménagères des salles de bain et des cuisines qui sont généralement chargées de substances biodégradables, de détergents, de produits nettoyants, désinfectants, et détartrants ainsi que de pesticides pour usage domestique et de solvants pour le bricolage ; ces eaux peuvent aussi contenir des polluants cosmétiques et médicamenteux. La deuxième catégorie d’eaux usées domestiques sont les « eaux vannes » comprenant les rejets de toilettes. Ces dernières sont chargées de diverses matières organiques azotées et de germes fécaux [in PICARD, 2011]. L’épuration est destinée à réduire les pollutions issues des eaux usées pour les rendre (acceptables) par le milieu récepteur [in PICARD, 2011]. Concernant les eaux usées, et d’après l’ONA, à l’intérieur du parc, on se dispose de trois stations de traitement des eaux usées (Tab.46) est qui sont situées aux environs d’El Kala (Pht.22) : Tableau n°46 : Stations d’épuration existantes dans le parc d’El Kala. Stations d’épuration Capacités Volume moyen (m3/j) Qualité des eaux épurées (Sortie) (Eq/H) m3/j MES (mg/l) DBO5 (mg/l) DCO (mg/l) Station d’épuration à boues activées El Kala 25 000 1 900 1 295 30 54 84 Station d’épuration à boues activées Gantra 3 000 150 123 51 / 117 Station de lagunage naturel d’Oued El Hout 2 600 150 131 0 29 / Source : ONA-20 Photos n°22 : Stations de traitement des eaux usées dans le PNEK. Ces stations ne prennent pas en charge une grande superficie des terrains du parc surtout celles des agglomérations rurales qui jettent directement ces eaux dans la nature ou dans des fosses septiques comme une solution favorable dans de telles circonstances de vie. Dans certains cas, dans les agglomérations urbaines, les réseaux d’assainissement sont parfois endommagés et des quantités d’eau s’écoulent en profondeur (Pht.23). Photos n°23 : Échappées des eaux usées. L’existence de dépotoirs sauvages et communaux pour les ordures ménagères représente une menace réelle pour les ressources et les richesses naturelles dans le parc d’El Kala et donnent un mauvais comportement sur l’esthétique territoriale. Ces décharges permettent la reproduction des substances toxiques, des odeurs dégoûtantes, des rongeurs, des reptiles, des insectes… Dans le PNEK, nous avions observé huit décharges et sont toutes à ciel ouvert et situées au voisinage des forêts et des cours d’eau (Tab.47). Elles représentent une source de contamination du sous-sol et donc de la nappe phréatique par des polluants toxiques et représentent aussi un grave danger pour la faune, la flore et la santé humaine qui se trouvent proche des décharges (maladies) (Pht.24).