Défis à surmonter lors de l’insertion professionnelle des EBP
Plusieurs défis communs peuvent être dégagés des participants de cette recherche.
Comme il est possible de le constater, les trois participants à cette recherche ainsi que trois enseignants sur six (total = 6 US) ont mentionné que la construction de l’estime de soi est une difficulté à surmonter chez les EBP. Dans le même ordre d’idées, le fait d’accepter son diagnostic (2 US) et de vivre avec les répercussions de ce dernier et de surmonter les obstacles vécus (2 US) sont des défis intimement liés.
Le deuxième défi ayant été mentionné le plus souvent est de faire face aux préjugés que peut apporter un diagnostic des troubles de l’apprentissage. Encore une fois, trois élèves ont mentionné cette difficulté, ainsi que deux enseignants (5 US) .
Sinon, d’autres défis ont été ressortis, mais de façon moins significative : la gestion des émotions (2 US) et le fait de rester positif malgré les obstacles (1 US) .
Objectif 1
lusieurs éléments facilitateurs sont ressortis de façon importante dans cette étude afin de répondre au premier objectif qui est d’identifier et d’analyser les éléments facilitateurs et les obstacles de l’insertion professionnelle des EBP inscrits en formation professionnelle. Tout d’abord, l’importance des attitudes en employabilité chez l’élève est ressortie de façon très significative. En effet, les participants ont mentionné plusieurs qualités nécessaires à l’insertion telles que l’assiduité, la ponctualité ou encore le dynamisme pour ne nommer que celles-ci. Cela est un constat étonnant, car bien que toutes ces attitudes soient demandées par les institutions scolaires et les employeurs sur le marché du travail, plusieurs d’entre elles ne les évaluent pas. En effet, il ne faut pas oublier que lorsqu’on jette un regard aux programmes de formation des DEP, ceux-ci sont axés en très grande majorité sur les compétences techniques (Compétences Québec, 2017). Le savoir-être est réellement un incontournable et il facilite bel et bien l’insertion (Selz, 1980, cité dans Dupont & Bourassa, 1994; Trottier & al., 1997), et ce, particulièrement chez les EBP. Cela fait du sens, car sans ces compétences, l’intégration de l’élève se déroule de façon cahoteuse dans la formation, les stages ainsi qu’en emploi.
Dans un autre ordre d’idées, plusieurs éléments facilitateurs provenant du milieu scolaire sont ressortis. Premièrement, il convient de mentionner que le soutien pédagogique individuel revêt une extrême importance pour l’élève EBP. En effet, cela a fait une différence importante chez presque tous les participants de cette recherche. Il ne faut pas oublier qu’un seul participant à la recherche n’a pas mentionné cet aspect, alors que tous les autres ont souligné que cela était extrêmement facilitant. De toute évidence, le soutien pédagogique individuel est un incontournable chez les EBP inscrits en formation professionnelle.
Deuxièmement, le soutien affectif n’est pas à négliger non plus dans le parcours des EBP, comme tenu du nombre total d’éléments mentionné à ce niveau, toutes catégories confondues (9). Bien qu’il n’y ait pas d’élément précis qui ressort de façon significative dans cette catégorie, ceci évoque le fort besoin de ces élèves d’être appuyés tout au long de leur démarche d’insertion que ce soit par leur parent, un professionnel, un collègue de classe, un enseignant ou autres.
Pour terminer, la mise en place de mesures d’adaptation peut également faciliter le cheminement de l’élève. Cependant, il faut garder en tête que, dans la plupart des cas, les employeurs ne fournissent aucune adaptation, donc il est primordial que ces mesures n’atteignent en aucun point les compétences techniques demandées. Quoi qu’on en dise, même si les élèves n’y ont pas droit dans leur milieu de stage ou de travail, cela leur facilite la passation des modules des DEP qui est plus axée sur le théorique de façon générale. Parallèlement, le professionnalisme des enseignants dans : les stratégies pédagogiques utilisées, le travail d’équipe effectué avec l’équipe-école, leur encadrement ainsi que leur rapprochement entre le monde de la théorie et la pratique est sans aucun doute nécessaire pour faciliter la première étape de l’insertion professionnelle de l’EBP, c’est-à-dire la phase de formation professionnelle. Ces résultats ne sont certes pas surprenants, mais un peu paradoxaux étant donné que la plupart des enseignants prennent plus de 10 ans à se former et que, du jour au lendemain, ils interchangent leur métier d’origine pour celui d’enseignant (Balleux, 2006). Il convient de se questionner si ces derniers reçoivent de l’aide ou une formation particulière concernant les besoins, les caractéristiques, les difficultés et les forces des EBP.
Objectif 2
Le deuxième objectif de cette recherche est de dégager les défis que les EBP peuvent vivre lors de leur insertion professionnelle. Comme il a été possible de le constater, la construction de l’estime de soi est un défi important (6 US) que les EBP doivent affronter, et ce, dès qu’ils entament leur formation initiale. Cela n’est pas étonnant étant donné les nombreux échecs et difficultés qu’ils ont surmontés à travers leurs parcours au secteur jeune : intimidation, classe adaptée, reprise de cours, parcours non linéaire, etc. Leurs propos concordent d’ailleurs avec les recherches qui font état d’un passé difficile (Doucet et al., 2013) chez les élèves de la FGA. Dans le même ordre d’idées, il n’est pas surprenant de constater d’autres défis qui sont liés et inhérents à la construction d’une bonne estime personnelle : le fait d’accepter son diagnostic (2 US) et de vivre avec les répercussions de ce dernier et de surmonter les obstacles vécus (2 US). Sans aucun doute, cela fait écho au principal défi que tous les élèves ont mentionné lors de cette recherche. Sans surprise, le défi le plus grand des EBP concerne la construction identitaire dans laquelle l’estime de soi prend une place importante. Ils doivent affronter et confronter les jugements des autres et d’eux-mêmes tout au long de leur insertion. Ceci fait référence au cinquième stade d’Erikson (1969), dans laquelle l’individu cherche à s’accepter tel qu’il est. Ainsi, bien que Moreau (2003, cité dans Guichard, 2012) ait démontré que les apprentis de la formation professionnelle sont dans une période dite « adulte émergent» marquée par l’instabilité et l’exploration identitaire, il semblerait que cette période soit bien plus importante qu’une simple exploration pour les EBP : c’est une étape dans laquelle l’acceptation de soi est primordiale.
Introduction |