Définitions et typologies du jôro
Comme nous venons de dire dans notre introduction, la définition du concept « jôro » s’avère être très difficile à déterminer car elle renferme de nombreux sens. Jôro peut avoir pour sens « bénédiction », « purification », « Grace », « vœux », …etc. Quant au Mpijôro, il est celui qui a les fonctions d’accomplir ces actes (bénir, purifier, gracier, demander des vœux) ou une sorte d’intermédiaire des humains entre les morts et les dieux. Ces fonctions et ses attributions semblent être d’ordre divin mais rien à voir avec la sorcellerie, l’oracle ou le voyant. Jusqu’alors, cette fonction est encore exercée par le sexe masculin. Celui qui possède ce titre doit atteindre au minimum la cinquantaine. A ce stade, on présume qu’il bénéficie de nombreuses expériences de la vie courante et religieuse, capables de résoudre les différends non résolus dans d’autres familles. Et il est à noter que ce titre qu’on lui attribue ou ce pouvoir qu’il exerce n’est pas et n’a aucune source de dynastie. C’est après sa mort que les Raiamandreny les plus âgés se réunissent et songent à nominer un nouveau mpijôro. Actuellement, ce mpijôro vit dans la ville natale de ses transcendants àAmbohipaosa. de l’immolation de bœuf et le non demande à celle-ci et jôro de tristesse qui doit avoir une immolation de bœuf et le non immolation de zébu. Cette immolation dépend du pouvoir d’achats du sujet. Il existe des variétés d’animaux mais les bœufs sont considérés le plus sain et le plus digne pour faire un sacrifice. Leurs sangs sont destinés aux ancêtres et leurs viandes sont préparées pour nourrir tous les invités. Pour cela, en voici les jôro de joie qui demande le Sacrifice d’un ou des bœuf(s) :
« Ny volam-bita »ou manala vava: C’est un rituel par lequel le Mpijôro enlève la promesse effectuée après la réalisation de ces vœux ou de cette prière. Celle-ci peut être un grand souhait ou une folle envie d’avoir une telle chose que le fidèle a tant voulue. A l’instar de cela, on peut citer une miraculeuse guérison, un couple stérile qui a enfin eu un enfant.
“Jôro fitokanan-java-bita” (Inauguration) : Tout ce que l’homme entreprend c’est grâce à ses ancêtres. Si une chose est faite ou a été établie, on leur doit des reconnaissances. Tout ce qui est à l’homme est aux ancêtres et vice versa. Et pour que les ancêtres aient le plein droit de jouir de cette chose, un sacrifice doit être fait. Les inaugurations de chemins, par exemple ou l’inauguration d’un établissement (école, hôpital, terrain de foot,…), une nouvelle maison, un pont demandent un jôro effectué par le Mpijôro suivi de l’immolation d’un ou des bœuf(s) auprès des ancêtres pour leur demander la pérennité de tel ou tel projet qui vient d’être réalisé.
“Jôro fampakaram-bady”: Quiconque franchira cette étape cruciale dans la vie doit recourir au jôro. Car sans ceci, le mariage n’est pas bien fondé et il est fort probable que leur vie de couple rencontre toujours des problèmes et des difficultés. Pour cela, il est opportun de faire bien attention car c’est non seulement leur vie à venir qui sont en jeu mais aussi leurs futurs enfants puisque c’est dans cette union que le couple aura des enfants, de familles et des richesses. A cet effet, le jôro du mariage aura lieu, pour les bénir et pour demander à Dieu et aux ancêtres de les aider et d’être là pour eux dans le pire comme dans le meilleur. Il est à préciser que c’est la famille de l’épouse qui fera ce jôro. C’est aussi une occasion pour faire son adieu avant de quitter sa ville et ses familles. Le bœuf est alors immolé pour sanctifier cette union et par la suite pour dire aux ancêtres (à cet égard, ces ancêtres peuvent la protéger) que leur fille va quitter la demeure de ses parents pour se marieret le Mpijôro doit aussi énoncer sa nouvelle demeure et le nom de son époux pour qu’afin leurs ancêtres savent où elle sera et avec qui.
« Jôro sasa bay » :Ce rituel est fait lors de la circonsion. C’est un rituel pour le nettoyage de la plaie. Le parent, la famille ainsi tous les membres de la société sont invités pour honorer ce jôro sans quoi l’enfant circoncis n’a pas bien achevé son passage. Et ce rituel lui permet de payer sa dette et de vivre avec respect et dignité de son droit de garçon.
“Jôro ahitry”: L’élevage des bœufs demande de bons pâturages. Certes, ils sont des herbivores. Les hommes peuvent aller là où ils veulent pour nourrir ces bœufs mais il se peut que ces herbes se raréfient d’une saison à l’autre. Pour cela, les Sakalava Anjoaty font ce rituel du jôro ahitry pour que les herbes soient en abondance et également pour éviter les convoitises des autres qui veulent tout le temps empoisonner leurs bœufs. Ce rituel suscite non seulement la fertilité du sol mais aussi la fertilité de leurs bœufs.
« Ny jôro vangy tany manintsy » :Vangy est le radical du mot mamangy qui signifie visiter ou rendre et/ou faire une visite. Et pour les mots « tany manintsy » qui peuvent être traduits littéralement par « terre froide », c’est-à-dire tombeaux ancestraux ou cimetière. L’objectif du jôro vangy tany manintsy est selon JOAJOMA Samuel, le président d’honneur du FISANI : « Confesser et communier avec Dieu créateur de l’univers, exaucer des prières aux âmes de ses ancêtres, pour produire et reproduire le bien-être des hommes et de la Nature, solliciter la richesse (culturelle, économique, sociale), perpétuer sa race, lutter contre le mal, éduquer ses semblables pour prévoir tout fléau, gouverner tout en sacrifiant des zébus pour offrande ».
Jôro vangy tany se fait tous les trois ans. Avant, ce rituel se faisait tous les sept ans, puis on l’a réduit mais à la demande de tous, ils se sont mis d’accord pour tous les trois ans. Ce rituel s’effectue pendant trois jours : samedi, dimanche et lundi. Et tous les anjoaty qui sont éparpillés dans toutes les périphéries ou dans les autres régions s’unissent et essaient d’arriver deux ou trois jours en avance. Avant le premier jour de la cérémonie donc le vendredi, tous les bœufs doivent être réunis à Ambohipaosa ; auxquels le Mpijôro choisit ceux qui sont dignes d’être mis à l’offrande.