Définitions et théories sur la douleur

La douleur chronique est une problématique de santé majeure dont souffre un nombre grandissant de personnes en raison du vieillissement de la population. Au Québec, les dernières données estiment à plus d’un million le nombre d’individus vivant avec de la douleur chronique (Boulanger et al., 2007; Institut de la statistique du Québec, 2010). Le coût financier annuel de la douleur chronique est estimé à plus de 10 milliards de dollars au Canada (Chronic Pain Association of Canada, 2008).

Les théories sur la douleur les plus populaires citées dans les écrits (p. ex., théorie du portillon, modèle de Keefe, modèle de Gatchel, modèle biopsychosocial) identifient que les facteurs psychosociaux, émotionnels, cognitifs et environnementaux ont un impact sur la modulation de la douleur. D’ailleurs, c’est en raison de l’aspect multidimensionnel de la douleur chronique que les approches multidisciplinaires ont été intégrées dans le traitement de cette problématique de santé (Waddell & Main, 1998 ; Dunn, 2000). Lorsque la douleur est devenue chronique, la douleur ne constitue plus le seul aspect à traiter (Woolf & Mannion, 1999). En effet, l’implication des facteurs physiques et psychologiques s’avère nécessaire dans la prise en charge des patients (Ashburn & Staats, 1999) et il a été démontré que les approches psychologiques permettent des améliorations significatives dans la gestion de la douleur (Astin, 2004; Morley, Eccleston, & Williams, 1999; Turk, Okifuji, Sinclair, & Starz, 1998).

Parmi les approches psychologiques, les stratégies utilisées pour s’ajuster à une situation aversive peuvent avoir un impact positif tant sur le plan physique que psychologique (p. ex., Smith, Lumley, & Longo, 2002; Stanton, Kirk, Cameron, & Danoff-Burg, 2000a, 2000b). Ces stratégies, appelées stratégies de coping, ont été principalement popularisées par les écrits de Lazarus et Folkman (1984) portant sur le stress. Le coping se définit comme suit : «l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux qui sont constamment changeants, déployés par l’individu pour gérer des exigences spécifiques externes et/ou internes qui sont évaluées, par l’individu, comme consommant ou excédant ses ressources personnelles » (Lazarus & Folkman, 1984 p.141). Cela permet entre autre de maîtriser, tolérer, éviter ou minimiser les effets négatifs d’une situation aversive, de diminuer la détresse induite par cette situation et s’y ajuster positivement (Lazarus & Folkman, 1984). Selon Lazarus et Folkman (1984), les deux principales stratégies de coping sont le coping centré sur le problème et le coping centré sur les émotions. Certaines études effectuées sur le sujet ont laissé voir que le coping centré sur le problème est lié à une meilleure adaptation tandis que le coping centré sur l’émotion est lié à l’augmentation de la douleur et une mauvaise adaptation (Brown et al., 1989; Kohn, 1996; Sullivan & D’Eon, 1990).

Toutefois, selon les théories fonctionnalistes, les émotions possèderaient un potentiel adaptatif. Plus récemment, Stanton et ses collaborateurs (1994) ont développé l’Échelle de coping émotionnel (Emotional Approach Coping Scale). Le coping émotionnel est défini comme étant : « les efforts déployés pour connaître, comprendre et exprimer les émotions vécues dans la vie de tous les jours et celles liées à un événement de vie stressant » (Stanton et al., 1994), peu importe qu’il s’agisse d’émotions positives ou négatives (Smith et al., 2002). Selon Smith et ses collaborateurs (2002), le coping émotionnel s’inscrit dans un processus d’ajustement chez différentes populations (p. ex., cancer, douleur chronique myofaciale, étudiants universitaires). Puisque des études portant sur le coping émotionnel et des problématiques de santé en ont déjà démontré des bienfaits, il est plausible d’envisager que chez des personnes vivant avec de la douleur chronique, le coping émotionnel soit associé à des conséquences positives notamment au niveau du bien-être psychologique et de l’intensité de la douleur.

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La présente étude a pour principal objectif l’étude des relations entre le coping émotionnel, l’intensité de la douleur et le bien-être psychologique auprès de patients souffrant de douleur chronique. Pour les fins de la présente étude, la variable du bien-être psychologique est une variable composite regroupant la détresse psychologique, la satisfaction de vie et le fonctionnement psychologique. Également, afin de réaliser la présente étude, une traduction du Emotional Approach Coping Scale, élaboré par Stanton et ses collaborateurs (1994), a été effectuée puisqu’aucune version française de cette échelle n’a été répertoriée. Puisque de très rares études ont jusqu’à présent mis en relation la douleur chronique et le coping émotionnel, tel qu’élaboré par Stanton et ses collaborateurs (1994), les retombées de cette étude permettront d’améliorer le corpus des connaissances au sujet du coping émotionnel auprès des patients souffrant de douleur chronique.

Table des matières

Introduction
Contexte théorique
Définitions et théories sur la douleur
Définitions
Théories sur la douleur
Définition de la douleur chronique
Prévalence de la douleur chronique
Coûts psychosociaux de la douleur chronique
Conséquences biopsychosociales de la douleur chronique
Conséquences psychologiques et cognitives de la douleur chronique
Douleur chronique et bien-être psychologique
Définitions du bien-être psychologique
Études portant sur la douleur chronique et le bien-être psychologique
Le coping, la douleur chronique et le bien-être psychologique
Définition du coping
Le coping selon Lazarus et Folkman
Le coping émotionnel
Processus émotionnel et expression des émotions
Études portant sur le coping émotionnel et la douleur chronique
Études portant sur les émotions et l’adaptation
Études portant sur le coping émotionnel et le bien-être psychologique
Synthèse et objectifs de l’étude
Hypothèses de recherche
Questions de recherche complémentaires
Méthode
Participants
Instruments de mesure
Informations démographiques
Bien-être psychologique
La détresse psychologique
La satisfaction de vie
Le fonctionnement psychologique
Le coping émotionnel (Emotional Approach Coping Scale)
Questionnaire sur la douleur de McGill
Déroulement
Schème de recherche
Analyses statistiques
Résultats
Présentation des analyses statistiques
Analyses préliminaires
Vérification des postulats statistiques
Statistiques descriptives
Caractéristiques sociodémographiques des participants
Informations paramédicales et conséquences associées
à la douleur chronique
Variables à l’étude
Analyses principales
Analyses complémentaires
Synthèse des résultats
Discussion
Bref rappel des objectifs de recherche
Présentation sommaire des résultats
Discussion des hypothèses de recherche
Caractéristiques sociodémographiques des participants
Données paramédicales et conséquences associées à la douleur
chronique
Première hypothèse
Deuxième hypothèse
Troisième hypothèse
Discussion des questions de recherche complémentaires
Première question
Deuxième question
Troisième question
Implications théoriques et pratiques de l’étude
Implications théoriques
Implications pratiques
Forces et limites de l’étude
Pistes de recherches futures
Conclusion 

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