Définitions et bases théoriques de l’intégration régionale

L’analyse traditionnelle de la création et du détournement d’échange est fondée sur l’idée que, dans le monde, seules les différences de productivité et les dotations en facteurs déterminent le commerce entre les pays. Cependant, il peut être également généré par une différenciation des produits et des économies d’échelle, qui réduisent les coûts quand la production augmente.

Le commerce international favorise la concurrence en permettant à des nouveaux producteurs d’accéder aux marchés . L’intégration régionale est un moyen pour améliorer ce commerce en facilitant la circulation des biens et personnes entre les pays membres. Dans le but d’accélérer leur croissance économique, plusieurs pays s’accordent pour développer le commerce entre eux.

Bases théoriques 

Théoriquement, chaque pays tire plus de profit en s’ouvrant vers l’extérieur qu’en situation d’autarcie (théorie de l’ouverture internationale). D’après la théorie de l’avantage absolu d’Adam SMITH, un pays doit produire et vendre les produits dont il dispose un avantage absolu, c’est-à-dire dont il produit de façon plus efficace que les autres pays et que les autres produits. Et il doit importer les produits dont les autres pays produisent de façon plus efficace que lui, c’est-à-dire dont les coûts absolus ou les quantités de travail nécessaires dans la production de ces biens sont inférieures aux leurs. Au cas où ce produit n’existe pas, la théorie de l’avantage comparatif, établie par David RICARDO au XIXème siècle stipule que ce pays doit se spécialiser dans la production d’un bien dont le coût relatif, c’est-à-dire le prix de ce bien en terme des autres biens est faible. Et ce pays doit participer à l’échange pour améliorer son niveau de satisfaction ainsi que celui du reste du monde. Ce pays se spécialisera dans la production pour laquelle son avantage comparatif par rapport aux produits étrangers et par rapport aux autres produits qu’il est lui-même capable de fabriquer est le plus marqué (son désavantage le moins prononcé). Il abandonnera aux autres pays la production dans laquelle son avantage comparatif est le moins fort (son désavantage le plus marqué). Ce principe de spécialisation n’est pas spécifique au commerce international puisqu’il est aussi utilisé dans le cas de l’analyse des échanges entre régions d’un même pays, ou même entre individus.

L’intégration économique repose premièrement sur le but d’anticiper une création des échanges qui aura lieu lorsqu’il est préférable d’importer un produit au lieu de le produire à un coût élevé.

D’après VINER , la mise en place d’une union douanière, en faisant un pas vers le libre échange, devrait accroître le bien être même si elle ne le maximise pas. La formation d’une union douanière doit conduire à un accroissement des échanges entre les pays participants, du fait de la suppression des barrières douanières entre eux. A première vue, en vertu de ce que dit la théorie sur le gain de l’échange, cet accroissement des échanges doit être profitable aux pays échangistes. Dans ce cas, il y a une création de trafic quand une importation en provenance d’un pays partenaire se substitue à un bien d’origine nationale puisque après la suppression du droit de douane, le bien étranger devient moins chère que le bien domestique.

L’intégration régionale, en définissant le groupe de pays membres, essaie d’éviter également le détournement des échanges ou de trafic qui pourrait avoir lieu lorsqu’on remplace un échange internationale à un coût donné par un autre dont le coût est plus élevé.

Deuxièmement, l’intégration régionale cherche à tirer profit des avantages apportés par la grande taille du marché ainsi créé. De ce fait, les pays membres peuvent bénéficier des résultats de l’économie d’échelle . La concurrence que peut apporter cette ouverture doit avoir une conséquence positive à chaque membre du groupe. D’abord, elle permet au pays importateur une multitude de choix grâce à la diversification de la production due à la proposition de plusieurs pays. Elle incite les producteurs à assurer une bonne qualité et une meilleure quantité pour être plus compétitifs sur le marché. Inspirée par la théorie classique, notamment par le fait que les produits s’échangent contre des produits et que toute production crée son propre débouché à condition que la capacité de production soit suffisamment élevée pour donner cet effet de stimulation, de la loi de débouché de Jean Baptiste Say, l’union des pays dans un bloc économique permet de générer les effets du libéralisme et de gérer les risques éventuels.

Processus d’intégration dans la SADC et dans le COMESA

Pour que chaque membre contribue au développement de l’ensemble, les pays se regroupent en fonction de leur poids et de leur proximité économique. Comme l’union économique européenne dans la zone euro, et l’union politique américaine, des bons nombres de pays africains s’intègrent, principalement, dans le COMESA et dans la SADC Le marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe (COMESA : Common Market of Est and Southern Africa ), un groupement d’intégration régionale composé de 20 pays africains. Ces pays sont convaincus de promouvoir l’intégration régionale par le développement du commerce et de mettre en valeur leurs ressources naturelles et humaines dans l’intérêt mutuel de leur population. Le COMESA a succédé, en 1994, à la zone d’échange préférentiel des Etats de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe (ZEP) qui existait depuis 1981 dans le cadre du plan d’action et de l’acte final de Lagos de l’organisation de l’union Africaine (OUA). L’objectif de la ZEP était de tirer profit d’une plus grande taille du marché, de partager la destinée et l’héritage commun de la région et de permettre une plus grande coopération sociale et économique, en vue de la création en fin de compte d’une communauté économique avec un niveau de vie plus élevé pour ses populations. Le traité qui définit le programme de l’organisation, couvre un grand nombre de secteurs et d’activités. Cependant, la pleine réalisation de la mission du COMESA est considérée comme un objectif à long terme. Pour garantir une plus grande efficacité à sa mission en tant qu’institution, le COMESA définit ses priorités qui sont l’intégration régionale par le commerce et l’investissement. Le rôle du secrétariat du COMESA est d’assurer la direction en aidant ses Etats membres à faire les ajustements nécessaires pour pouvoir entrer dans l’économie mondiale dans le cadre des réglementations de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et des autres accords internationaux. Cela se fera par la promotion d’une intégration régionale orientée vers l’extérieur.

Par conséquent, les buts et objectifs du COMESA tels que définis par le traité et ses protocoles, sont de faciliter la suppression des faiblesses structurelles et institutionnelles des Etats membres, afin qu’ils soient en mesure d’atteindre le développement collectif et soutenu. Le COMESA cherche à devenir une communauté économique régionale pleinement intégrée au niveau international : une communauté qui connaît une prospérité économique démontrée par le niveau de vie élevé de ses population, avec une stabilité politique et sociale ; une communauté où les biens, les services, les capitaux et les main d’œuvre circulent plus librement à travers les frontières géographiques.

Tout comme le COMESA, le deuxième bloc économique de l’Afrique, voulant atteindre des mêmes objectifs à long terme, est la SADC La communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) quant à elle, tient à :
– libéraliser davantage le commerce intra régional de biens et services sur la base d’arrangements commerciaux justes, mutuellement équitables et avantageux, complétés par des protocoles dans d’autres domaines.
– Assurer l’efficacité de la production au sein de la communauté, compte tenu des avantages comparatifs actuels et dynamiques des membres.
– Contribuer à améliorer le climat pour l’investissement intérieur, transfrontalier et étranger.
– Renforcer le développement économique, la diversité et l’industrialisation de la région
– Etablir une zone de libre échange dans la région.

Les pays membres de la communauté se sont engagés à mettre en place progressivement une communauté de développement au sein de laquelle les droits de douane et autres taxes d’effet équivalent perçues sur les importations seront graduellement réduits et finalement éliminés, les obstacles non tarifaires aux commerces entre les Etats membres, abolis et les formalités et documents commerciaux, c’est-à-dire les lois et formalités douanières, simplifiées et harmonisées, pour contribuer efficacement au développement du commerce et des autres échanges.

Fondement historique et politique de la SADC et du COMESA

Le morcellement de l’Afrique en un grand nombre d’Etat nation avec peu de cohérence économique a poussé les dirigeants, après l’accession de leur pays à l’indépendance politique, à faire de l’intégration régionale un volet essentiel de leur stratégie de développement. La petite taille et la structure de production primaire des économies africaines ont conduit à l’instauration d’une coopération économique et d’une intégration régionale réciproquement bénéfique, surtout entre pays voisins. A part les motivations économiques, l’aspiration politique panafricaine à une identité, une unité et une cohésion continentales a également influencé les premiers efforts d’intégration régionale en Afrique. La poursuite de ces idéaux découle principalement de la volonté de surmonter les obstacles inhérents à l’héritage colonial ayant conduit au morcellement politique et économique du continent. Au fil du temps, cette aspiration politique à l’unité africaine a renforcé la volonté d’instaurer la coopération économique régionale et inter-régionale comme volet à part entière de la coopération et du développement économique à l’échelon continental. Depuis leur accession à l’indépendance dans les années 50 et 60, les pays africains ont fait de la coopération économique et de l’intégration régionale un des volets de la stratégie de transformation structurelle de l’Afrique. La vision et l’attachement des dirigeants africains aux idéaux de coopération politique et économique, comme moyen d’atténuation des obstacles au développement rencontrés par les économies de bon nombre de petits nations, les ont amenés, entre autres initiatives, à créer l’organisation de l’union africaine (OUA) et la banque africaine pour le développement (BAD) en 1963, en vue de promouvoir le développement du continent et l’unité africaine. Cet engagement devait être réitéré plus tard dans le plan d’action de Lagos de 1980 et, par la suite, dans le traité d’Abuja de 1991 qui envisage, à terme, la création de la communauté économique africaine.

La volonté de surmonter les inconvénients économiques du morcellement du continent a conduit à un foisonnement de traités et d’institutions régionales dont l’objectif primordial était de promouvoir le développement autocentré des Etats membres. Il s’agit notamment de l’union douanière et économique de l’Afrique centrale (UDEAC en 1964) qui allait devenir plus tard la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ; la communauté de l’Afrique de l’Est (1967-1977) ; l’Union douanière d’Afrique Australe (SACU en 1969) ; la conférence pour la coordination du développement de l’Afrique Australe (SADCC en 1980), devenue par la suite la Communauté pour le développement de l’Afrique Australe (SADC en 1992) ; la zone d’échange préférentiel (PTA en 1981) remplacée par le COMESA en 1995.

Table des matières

Introduction
Chapitre I : L’INTEGRATION REGIONALE
I-1 Définitions et bases théoriques de l’intégration régionale
I-1-1 Définitions
I-1-2 Bases théoriques
I-2 L’intégration régionale en Afrique : SADC et COMESA
I-2-1 Processus d’intégration dans la SADC et dans le COMESA
I-2-2 Fondements historiques et politiques de la SADC et du COMESA
Chapitre II : ETUDE DE CAS DE MADAGASCAR
II-1 Contexte macro économique de Madagascar
II-1-1 Aperçue globale de la réalité économique à Madagascar
II-1-2 Madagascar et les critères de convergence macro économique du COMESA
II-2 Madagascar dans la région économique africaine
II-2-1 Mesures à renforcer
II-2-2 Mesures à mettre en place
Chapitre III Evaluation et Etude comparative des pays membres du COMESA
III-1 Analyse temporelle de la situation macro économique de Madagascar
III-1-1 Analyse de la production
III-1-2 Analyse des échanges
III-2 Analyse comparative des pays membre des coopérations régionales africaines
III-2-1 Madagascar
III-2-2 Les autres pays
Chapitre IV Evolution récente, perspectives d’avenir du développement rural et enjeux de la politique agricole malgache
IV-1 L’approche par les associations paysannes
IV-1-1 Coopération Suisse Madagascar
IV-1-2 Le plan d’action pour le développement rural à Madagascar
IV-2 Perspectives d’avenir du développement rural et enjeux de la politique agricole malgache
IV-2-1 Les perspectives d’avenir du développement rural malgache
IV-2-2 les enjeux de la politique agricole malgache
Conclusion

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