Définition et prévalence des troubles neurocognitifs au Canada

Définition et prévalence des troubles neurocognitifs au Canada

Les troubles neurocognitifs (TNC) sont définis par le Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-V) comme un regroupement d’affections qui touchent les fonctions cognitives, c’est-à-dire les fonctions mentales comme la mémoire, le langage, le raisonnement, le jugement et bien d’autres (American Psychiatric Association, 2013). Ces troubles présentent habituellement une progression graduelle et un début insidieux. Leurs manifestations ne sont par conséquent pas présentes à la naissance ou dans l’enfance et elles représentent un déclin par rapport au niveau de fonctionnement antérieur de la personne atteinte (APA, 2013). Autrefois désignés par le terme « démences », le DSM-V reconnaît plusieurs sous types de troubles neurocognitifs, comme le TNC dû à une maladie d’Alzheimer, le TNC vasculaire, le TNC frontotemporal, le TNC avec corps de Lewy, le TNC dû à une maladie de Parkinson, le TNC dû à une lésion cérébrale traumatique ainsi que plusieurs autres (APA, 2013).

En fonction du niveau d’atteinte, le DSM-V différencie les troubles neurocognitifs dits légers de ceux dits majeurs (American Psychiatric Association, 2013). Afin d’établir le diagnostic d’un trouble neurocognitif léger, un déclin modeste des habiletés cognitives de la personne atteinte doit être constaté par rapport à son niveau antérieur de fonctionnement. De plus, les changements cognitifs constatés ne doivent pas interférer avec les capacités d’autonomie de la personne, cette dernière étant toujours en mesure d’accomplir les activités de la vie quotidienne et domestique, même si un effort plus important, des stratégies compensatoires ou des accommodements peuvent être nécessaires (American Psychiatric Association, 2013). De leur côté, les troubles neurocognitifs majeurs représentent un déclin cognitif significatif par rapport au niveau de fonctionnement antérieur. Les déficits constatés ont une interférence importance avec l’autonomie de la personne dans la réalisation des actes du quotidien (American Psychiatric Association, 2013). Au fur et à mesure de l’évolution du trouble neurocognitif, la personne atteinte voit progressivement son autonomie réduite jusqu’à nécessiter une prise en charge presque complète à un stade plus avancé de la maladie (Société Alzheimer du Canada, 2016).

D’après les données de la Société Alzheimer du Canada, en 2015, c’est près de 564000 Canadiens qui étaient atteints d’un trouble neurocognitif. De ce nombre, seulement 2,8 % étaient âgés de moins de 65 ans (Société Alzheimer du Canada, 2016). Les personnes âgées représentent ainsi la plus grande proportion des personnes atteintes de troubles neurocognitifs. Effectivement, en 2015, on estimait qu’au Canada, les troubles neurocognitifs faisaient leur apparition en moyenne à l’âge de 80 ans (Grignon & al., 2015). En tout, on estime à 10,4 milliards le coût imputé pour prendre soin des personnes atteintes de ces maladies (Société Alzheimer du Canada, 2016). Actuellement, au Canada, un vieillissement de la population plus important s’installe. Selon les projections, les personnes âgées de 65 ans et plus représenteront près de 25 % de la population canadienne en 2036, alors qu’ils représentaient 14,9 % de la population en 2012 (Statistique Canada, 2012). Le risque d’être atteint d’un trouble neurocognitif augmentant considérablement avec l’âge, le vieillissement démographique de la population aura pour conséquence une augmentation substantielle du nombre de personnes atteintes de troubles neurocognitifs au Canada (Société Alzheimer du Canada, 2016). Ainsi, en 2030, les projections estiment à plus de 937 000 le nombre de Canadiens qui seront atteints d’un trouble neurocognitif majeur. Si on ajoute à ce dernier chiffre les personnes souffrant d’un trouble neurocognitif léger, celui-ci devrait augmenter de près de 50 % (Société Alzheimer du Canada, 2016).

Dépistage et diagnostic des troubles cognitifs 

On peut définir le dépistage comme un « ensemble d’examens effectués au sein d’une population saine afin de dépister une affection latente à un stade précoce » («Dépistage», 2006, p. 265). Sans permettre d’établir par elles seules un diagnostic, les épreuves de dépistage sont une manière rapide et efficace de départager les sujets probablement atteints d’une affection des sujets qui n’en sont probablement pas atteints. En matière de dépistage des troubles neurocognitifs, plusieurs épreuves standardisées ont été développées dans les dernières décennies. Selon la US Preventive Service Task Force, certains instruments, présentant une sensibilité et une spécificité de plus de 80 à 90 %, permettent de départager avec précision qui, dans une population, est probablement atteint de trouble neurocognitif (Lin, O’Connor, Rossom, Perdue & Eckstrom, 2013). Parmi ces tests validés, on peut notamment citer le Mini-Mental State Examination, test de dépistage le plus utilisé à l’échelle mondiale, ainsi que le test de l’horloge, qui sont tous deux reconnus pour leurs excellentes qualités psychométriques (Borson & al., 1999; Folstein, Folstein & McHugh, 1975; Lin et al., 2013). L’utilisation de tests de dépistage des troubles neurocognitifs s’avèrerait d’ailleurs beaucoup plus efficace que le dépistage spontané basé sur le jugement clinique des professionnels de la santé. Les résultats de Borson, Watanabe, Tu et Lessig (2006) montrent que les professionnels de la santé départagent correctement les participants atteints de troubles neurocognitifs de ceux qui n’en sont pas atteints dans seulement 59 % des cas, contre 83 % des cas lorsqu’ils utilisent une épreuve standardisée de dépistage des troubles neurocognitifs comme le Mini-Cog (Borson et al., 2006).

Les bénéfices d’une détection précoce des troubles neurocognitifs sont nombreux (Borson & al., 2013). Tout d’abord, un dépistage précoce est essentiel afin d’identifier les causes potentiellement traitables ou réversibles de certains types de troubles neurocognitifs (Boise, Neal & Kaye, 2004; Clarfield, 1988). De plus, l’identification précoce des troubles neurocognitifs permet de mieux gérer les autres affections qui peuvent coexister avec la maladie (diabète, maladie cardiaque, etc.) et permet à la personne atteinte de recevoir des services, des traitements et des interventions qui auront pour conséquence un meilleur pronostic à long terme (Boise et al., 2004; Lin et al., 2013; Société d’Alzheimer du Canada, 2016). Un dépistage tardif ou, pire encore, une absence complète de celui-ci prive les personnes atteintes d’un accès à des traitements, des interventions et des services qui leur permettraient de maintenir le plus longtemps possible leur indépendance (Lin et al., 2013). Dans un rapport pour la Société Alzheimer, Cordell et ses collaborateurs (2013) exposent que les interventions adaptées permettent aux personnes atteintes de troubles neurocognitifs de recevoir des soins globaux d’une meilleure qualité, de réduire l’apparition de comportements indésirables souvent reliés à ces troubles et d’augmenter l’accès aux services pour la personne atteinte et les individus qui en prennent soin, ce qui permet de diminuer considérablement le risque de stress et d’anxiété chez les proches aidants (Cordell et al., 2013).

Pourtant, un peu partout dans le monde, on rapporte des lacunes importantes au niveau du dépistage et du diagnostic des troubles neurocognitifs (Boise, Neal & Kaye, 2004; Borson et al., 2013). Chez les patients qui consultent en première ligne, on estime que le déclin cognitif passerait inaperçu dans 21 à 81 % des cas, des tests de dépistage n’étant pas toujours administrés d’office (Cordell et al., 2013). En 2013, une étude ontarienne s’est intéressée à la prévalence des démences non diagnostiquées chez les personnes âgées hébergées en institution. Les résultats de cette étude montrent que plus de 11,6 % des participants âgés qui n’avaient pas de diagnostic de démence enregistré à leur dossier présentaient un déficit sévère concernant les fonctions cognitives et l’autonomie. On y conclut donc qu’une proportion importante des résidents ont des fonctions cognitives et un fonctionnement quotidien de pauvres à pathologiques (Bartfay, Bartfay & Gorey, 2013). D’ailleurs, on estime que près de 76 % des personnes atteintes de démence seraient diagnostiquées seulement à un stade modéré à sévère de la maladie (Lin et al., 2013).

Table des matières

Introduction
Contexte théorique
Définition et prévalence des troubles neurocognitifs au Canada
Dépistage et diagnostic des troubles cognitifs
Contexte des soins de santé
Technologies et dépistage des troubles neurocognitifs
Robots sociaux d’assistance et personnes âgées
Acceptabilité des robots d’assistance auprès d’utilisateurs âgés
Le robot NAO et son utilisation auprès des ainés
Objectifs de l’étude
Hypothèses
Méthodologie
Devis de recherche
Participants
Instruments
Questionnaire sociodémographique
Mini-mental State Examination (MMSE)
Test de l’horloge
Formulaires d’observations
Procédure et déroulement de l’expérimentation
Phase 1 : Recrutement, signature du formulaire de consentement et questionnaire
sociodémographique
Phase 2 : Expérimentations en laboratoire
Examinateurs humains présents pendant les expérimentations
Analyses effectuées
Résultats
Description de l’échantillon
Première hypothèse : différence et association entre les résultats recueillis par le robot
NAO et un examinateur humain
Deuxième hypothèse : niveau global d’acceptation envers le robot NAO
Troisième hypothèse : Influence du niveau d’acceptation
Autre élément important à considérer pour l’interprétation
Discussion
Rappel des objectifs de recherche
Discussion des hypothèses de recherche
Forces et limites de l’étude
Recommandations et pistes de recherches futures
Conclusion

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