DEFINITION ET MECANISME D’INTEGRATION REGIONALE
Définitions données par quelques auteurs
Avant d’accéder aux définitions, il faut savoir que, comme la coopération, l’intégration est un mode particulier de relations internationales.
P. M. Morgan (auteur américain)
Cet auteur pose la question : « Qu’est-ce que l’Intégration ? Il n’y a aucune définition généralement acceptée de l’Intégration ». L’incertitude vient du fait que l’intégration peut être envisagée au moins à deux points de vue : d’un point de vue dynamique comme un processus, c’est-à-dire quelque chose qui est en train de se faire et qui va dans une certaine direction ; ou bien d’un point de vue statique comme une situation, comme quelque chose qui est déjà réalisée.
François Perroux (économiste français)
Ainsi, François Perroux écrit que « L’acte d’intégrer rassemble des éléments pour en former un tout ou bien il augmente la cohésion d’un tout existant ». Dans cette définition, il y a une réunion des parties de façon à faire un tout organique ; et on a deux aspects de l’intégration : l’intégration qu’on pourrait appeler externe ou internationale qui conduit à la création d’une nouvelle unité ; et l’intégration interne ou nationale, qui vise à accroître, à développer la cohésion d’un ensemble déjà constitué. Seule la première relève de l’étude des relations internationales, ce qui explique que les définitions de certains internationalistes (ou économistes, comme Béla Balassa) ne mettent en évidence que ce seul aspect. Inversement, ceux qui étudient les problèmes politiques internes mettant l’accent sur le second aspect.
Béla Balassa (économiste hongrois)
Il exprime très clairement : « Considérée comme processus, l’intégration est un ensemble de mesures destinées à supprimer les discriminations entre unités économiques appartenant à différents pays ; considérée comme une situation, l’intégration désigne l’absence de toute forme de discrimination entre économies nationales ». Cet auteur distingue cinq (5) degrés de l’intégration : zone de libre échange, union douanière, marché commun, union économique et intégration économique totale. Il classe ces degrés par ordre d’intensité croissante, chacun des degrés retenus étant constitué du degré précédent auquel s’ajoute un élément nouveau.
DUVERGER Maurice (juriste et politologue français)
Pour lui l’intégration est le processus d’unification d’une société dans le sens qu’il tend à faire de cette société (déjà constituée) « Une cité harmonieuse basée sur un ordre ressenti comme tel par ses membres ». On peut observer aussi à l’échelle des entreprises privées un mouvement d’intégration, horizontale ou verticale, qui conduit à la création des grandes unités à dimension internationale. Enfin, l’intégration, comme la coopération, est susceptible de se manifester dans n’importe quel domaine. A s’en tenir aux Etats, l’intégration peut se manifester seulement dans le domaine économique ou bien englober toutes les activités des Etats et déboucher sur le plan politique. En fait, l’intégration des Etats peut être envisagée comme un continuum qui va de la création d’une unité limitée à un petit nombre de problème technique jusqu’à la disparition pure et simple des Etats en tant qu’unités souveraines et indépendantes, au bénéfice d’un nouvel ensemble politique. 11 Généralités de l’intégration régionale
Définition générale
Pour en saisir tous les aspects, il faut adopter une notion globale. Considérée sous ses aspects internationaux, qui seuls nous intéressent ici, l’intégration peut être définie de la façon suivante : « L’intégration est à la fois un processus et une situation qui, à partir d’une société internationale morcelée en unités indépendantes les une des autres, tendent à leur substituer de nouvelles unités plus ou moins vastes, dotées au minimum du pouvoir de décision soit dans un ou plusieurs domaines déterminés, soit dans l’ensemble des domaines relevant de la compétence des unités intégrées, à susciter, au niveau des consciences individuelles, une adhésion ou une allégeance et à réaliser, au niveau des structures une participation de tous au maintien et au développement de la nouvelle unité. » Donc l’intégration économique c’est la fusion, à des degrés divers, des économies et des politiques économiques de deux pays ou plus d’une région donnée.
Différence entre coopération et intégration
On peut définir la coopération comme un mode des relations internationales, qui implique la mise en œuvre d’une politique (donc d’une stratégie et d’une tactique) poursuivie pendant une certaine durée de temps et destinée à rendre plus intimes, grâce à des mécanismes permanents, les relations internationales dans un ou plusieurs domaines déterminés, sans remettre en cause l’indépendance des unités concernées (Etats). Au sens technique du terme, elle est quelque chose de plus que la simple concertation occasionnelle à propos d’un problème déterminé. Inversement, elle est quelque chose de moins que l’intégration. La notion de coopération comporte une connotation voire une dimension « pacifiste » annoncée tandis que la notion d’intégration est a priori neutre de ce point de vue. La coopération est un acte « volontaire »; elle suppose une certaine indépendance des parties qui sont des entités distinctes au départ et qui le demeurent à la fin de l’acte de coopération. L’intégration en revanche ne procède pas nécessairement d’une démarche volontaire, exemple l’intégration de facto. De jure ou de facto, l’intégration suppose l’émergence de liens d’interdépendance structurelle conduisant à une certaine perte d’autonomie. Ainsi définie, l’intégration se différencie de la simple coopération, qui sauvegarde l’indépendance des partenaires et qui n’aboutit jamais à transférer aux institutions de coopération un pouvoir de décision autonome.
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