CHAINES LOGISTIQUES
Définition de la logistique
La logistique vient du grec logistikos qui signifie art du raisonnement et du calcul (2004). Puis, on a parlé de logistique militaire en temps que moyens et méthodes d’organisation matérielle. A la fin de la seconde guerre mondiale est apparue la notion de logistique industrielle avec la reconversion d’anciens militaires en logisticiens (Akbari Jokar et al., 2000). Mais l’apparition du concept de logistique apparaît au début du vingtième siècle avec le taylorisme. En effet, Taylor mit en place une organisation cherchant à définir la meilleure façon de produire le maximum. Dans les années 50-60, IBM lança les premiers logiciels informatiques de gestion industrielle. Puis, dans les années 70-80, la logistique prit un virage radical avec la complexification de ses paramètres. « L’optimisation des fonctions logistiques exige une spécialisation croissante des entreprises en raison de la diversité de l’offre, de la rapidité de l’évolution de la demande et de la mondialisation des sources d’approvisionnement. La maîtrise des flux logistiques est une condition indispensable à la compétitivité des entreprises, aussi bien industrielles que commerciales » (Paché and Colin, 2000b). Ce concept a donc évolué avec l’évolution du marché et des entreprises et représente une problématique en soi (Akbari Jokar et al., 2000) (Lauras, 2004) indique qu’aux temps des grecs comme du nôtre le but est de permettre l’utilisation de produits. Dans ce sens, la norme officielle AFNOR (X 50-600) donne la définition suivante : « la logistique est la planification, l’exécution et la maîtrise des mouvements et des mises en place des personnes ou des biens, et des activités de soutien liées à ces mouvements et ces mises en place, au sein d’un système organisé pour atteindre des objectifs spécifiques » et elle est une fonction « dont la finalité est la satisfaction des besoins exprimés ou latents, aux meilleures conditions économiques pour l’entreprise et pour un niveau de service déterminé. Les besoins sont soit de nature interne (approvisionnement de biens et de services pour assurer le fonctionnement de l’entreprise) soit externe (satisfaction de clients) ». La logistique fait appel à plusieurs métiers et savoir-faire qui concourent à la gestion et à la maîtrise des flux physiques et d’informations ainsi que des moyens mis en œuvre dans le cadre de ces activités. Dans cet ordre d’idée, en 1948, l’AMA adopte la définition suivante « la logistique concerne le mouvement et la manutention de marchandises du point de production au point de consommation ou d’utilisation », (Tixier et al., 1996). Par la suite, on ne se cantonne pas à la distribution mais on intègre l’amont de la production : « La logistique est un terme employé dans l’industrie et le commerce pour décrire le vaste spectre d’activités nécessaires pour obtenir un mouvement efficient des produits finis depuis la sortie des chaînes de fabrication jusqu’au consommateur, et qui dans quelques cas inclut le mouvement des matières premières depuis leurs fournisseurs jusqu’au début des chaînes de fabrication. Ces activités incluent le transport des marchandises, l’entreposage, la manutention, l’emballage, le contrôle des stocks, le choix des emplacements d’usines et d’entrepôts, le traitement des commandes, les prévisions de marché et le service offert aux clients » (National Council of Physical Distribution Management (NCPDM), actuellement le Council of Logistics Management (CLM), 1962). Le NCPDM propose, quant à lui, en 1972 une autre définition : « la logistique est un terme décrivant l’intégration de deux (ou de plusieurs) activités dans le but de planifier, mettre en œuvre et contrôler un flux de matières premières, de produits semi-finis et de produits finis, de leur point d’origine au point de consommation. » (Hammami, 2003, Bowersox, 1969) absorbe toutes les fonctions dans sa définition : « la logistique concerne toutes les fonctions de l’entreprise : on s’intéresse désormais à la logistique amont (logistique d’approvisionnement), à la logistique interne (gestion de production) et à la logistique aval (logistique de distribution) : c’est l’aube de la logistique intégrée. ». Ce concept a été introduit par (Bowersox, 1969). Il est repris par (Samii, 1997): « la logistique est le processus : – qui anticipe les désirs et les volontés des clients; – qui permet de se procurer le capital, les matières, les personnels, les technologies et l’information nécessaires pour réaliser ces désirs et volontés; – qui permet d’optimiser et d’utiliser les réseaux de distribution de biens matériels, d’informations et de services afin de satisfaire complètement et rapidement la commande ou l’ordre placé par le client au plus juste coût. » De même, « the Logistic Institute » incorpore, quant à lui, les notions de flux d’informations et financiers (figure 3) : « la logistique est une collection de fonctions relatives aux flux de marchandises, d’informations et de paiement entre fournisseurs et clients depuis l’acquisition des matières premières jusqu’au recyclage ou à la mise au rebut des produits finis » (Tixier et al., 1996).
Définition d’une chaîne logistique
La notion de supply chain a été donnée en 1982 par Oliver et Webber. Les deux termes supply chain et chaîne logistique sont considérés comme similaires et sont utilisés indifféremment. Elle comporte trois éléments principaux : fournisseurs, producteurs et clients (Chidambaram et al., 1999). Il existe de nombreuses définitions de la chaîne logistique liées respectivement aux définitions de la logistique. D’après les trois définitions suivantes, une chaîne logistique se compose de l’ensemble des entreprises impliquées dans la fabrication et la vente d’un produit fini : « La chaîne logistique est un réseau d’installations qui assure les fonctions d’approvisionnement en matières premières, de transformation de ces matières premières en composants puis en produits finis, et de distribution du produit fini vers le client. » (Lee and Billington, 1993) » Une chaîne logistique est un ensemble de deux ou plusieurs entreprises liées par des flux de marchandises, d’informations et financiers. » (Tsay, 1999) « La chaîne logistique d’un produit fini se définit comme l’ensemble des entreprises qui interviennent dans les processus d’approvisionnement en composants, de fabrication, de distribution et de vente du produit, du premier des fournisseurs au client ultime » (Rotta-Franz et al., 2001) La chaîne logistique est l’« ensemble des entreprises qui interviennent dans le processus de fabrication, de distribution et de vente du produit, du premier des fournisseurs au dernier au client ultime ». (Rota et al., 2002) « Une chaîne logistique désigne un système intégré qui synchronise une série de processus en corrélation d’affaires dans le but de: acheter les matières premières et les pièces, transformer ces matières premières et ces composants en produits finis, ajouter de la valeur à ces produits, distribuer ces produits à des distributeurs ou aux clients, les promouvoir et faciliter l’échange de l’information parmi ces diverses entités » (Min and Zhou, 2002). Cette définition met l’accent sur les flux connectant les entreprises entre elles. (Lauras, 2004) souligne que lorsque le concept de chaîne logistique est abordé du point de vue d’une entreprise, on considère l’ensemble des chaînes logistiques qui incluent l’entreprise en se limitant parfois aux fournisseurs et aux clients de l’entreprise, mais en considérant les différents flux de produits. (Thierry, 2003) souligne que cette vision de la chaîne logistique est pertinente quand il s’agit d’étudier des problématiques liées aux relations d’une entreprise focale (donneur d’ordre) avec ses fournisseurs et sous-traitants.
Discussion
Les différentes définitions de la logistique montrent que, si au départ, la logistique était réduite à l’optimisation de la production à travers les flux matériels, elle a aujourd’hui évolué. Nous retiendrons, pour notre étude, la définition suivante : la logistique est l’ensemble des flux matériels et d’informations circulant du fournisseur de matières premières au client final. A partir de cette définition générale, nous avons étudié la notion de chaîne logistique. La plupart des auteurs s’accordent pour intégrer au moins cinq maillons : fournisseur du fournisseur, fournisseur, entreprise, client et client du client. Une fois le nombre d’entreprises défini, il faut également en déterminer les activités. Notre modèle doit être facilement simulable et généralisable. Pour cela, nous avons donc retenu la représentation de (Courtois et al., 2006). Notre modèle de chaîne logistique sera donc centré sur les approvisionnements, les transformations et la distribution. Une fois la chaîne logistique définie, elle se caractérise de différentes manières : – structurelle, – organisationnelle, – fonctionnelle.
Caractérisation de la chaîne logistique
Caractérisation structurelle
(Lambert and Cooper, 2000) propose une structure tridimensionnelle : – dimension horizontale : nombre de niveaux le long de la chaîne – dimension verticale : nombre de fournisseurs et clients à chaque niveau horizontal – place de l’entreprise étudiée A partir de cette structure de base, on peut définir 3 grandes familles (BEA 01) : – chaîne convergente : les flux manufacturiers convergent vers un seul et même site – chaîne divergente : opposé du cas précédent – chaîne conjointe (figure 7)
Caractérisation organisationnelle
Trois grandes organisations sont à retenir : – l’organisation en réseau est un ensemble d’entreprises coopérant et s’appuyant sur les compétences de chacun des partenaires (Gruat La Forme-Chrétien 2007). « Les réseaux d’entreprises sont des constructions coopératives à moyen et long terme qui, dans leur forme la plus achevée, s’appuient sur l’intérêt mutuel et réciproque des partenaires en présence. » (Nunes, 1994) – l’organisation virtuelle « est une agrégation temporelle de compétences et de ressources qui collaborent ensemble pour un besoin spécifique tel une opportunité d’affaire. » (Goranson et al., 1997) – l’organisation fédérale : « est constituée d’un petit siège et d’un grand nombre d’unités qui travaillent sous le même nom. A la tête de chaque unité, il y a des chefs qui s’apparentent plus à des leaders. Les décisions sont prises par l’ensemble des chefs. Le centre (siège) traite seulement ce que les unités ne peuvent pas traiter (principe de subsidiarité). Il coordonne, conseille et suggère. Cette forme permet d’avoir une grande taille tout en gardant les avantages des petites unités. » (Feldman, 1991) La chaîne logistique est impactée à son échelle par ces différentes organisations des entreprises. Afin de toujours répondre à nos objectifs de recherches, l’organisation en réseau nous semble la plus adaptée pour notre modèle.