Définition du concept « socioculturel » et de ses dimensions
Ce concept découle de deux grands concepts: « social » et « culture ». Le concept « social » concerne la vie en sodété, c’est-à-dire les structures et le fonctionnement des groupes humains, leurs relations ainsi que leurs activités. Le concept « culture » quant à lui est, selon Rocher (1969),
Un ensemble lié de manièrs de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. (cité par Cloutier & al., 1983, p. 73) .
La culture est une entité complexe définie par des systèmes de valeurs, des connaissances, des normes, des croyances, une langue ainsi que des habitudes et habiletés qui sont transmises et apprises par des membres d’une société et partagés entre eux (Hamers & Blanc 1989, p.115-116). Nous pouvons donc conclure que la culture est apprise, qu’elle ne constitue pas le résultat d’un héritage génétique; elle implique toujours un apprentissage et les premiers acteurs de la transmission de cette culture sont les milieux familial et social.
Dans le domaine de l’éducation, œs deux concepts importants ont fait l’objet de nombreuses recherches depuis une trentaine: d’années (Fichter, 1965; Rocher, 1969; Husen, 1975; Devaux, Hamel et Vrignon, 19891; entre autres) et les résultats de celles-ci identifient comme déterminants de la performance ,et de la trajectoire scolaires de l’élève les environnements familial et social, autrement dit, les transmetteurs de la culture. Dans un même ordre d’idées, Lévesque (1979) suggère qu’il y a une influence du capital culturel, c’est-à-dire les systèmes de valeurs, les connaissances, la langue et les habitudes culturelles transmis à l’enfant par sa famille et son environnement social sur ses chances de scolarisation.
D’après les définitions citées ci-haut des concepts « social » et « culture » qui composent le concept « socioculturel », nous sommes consciente que des variables innombrables peuvent être étudiées et mises en relatiion dans le but de nous permettre de décrire la réalité socioculturelle des élèves de C.P.F.T. Cependant, l’ampleur d’une telle étude nous oblige à effectuer des choix répondant plus précisément à notre objet d’étude qui est de décrire la réalité socioculturelle des élèves de C.P.F.T. Aussi avons-nous retenu les quatre dimensions suivantes:
– l ‘environnement familial de l’élève;
-l’environnement social de l’élève;
– l’attitude de l’élève à l’égard de l’école;
-les habitudes face à la communication et aux activités culturelles de l’élève.
Composantes de l ‘environnement familial
Afin de dégager les élémemts constituant l’environnement familial, nous nous sommes inspirée des études effectuées par Husen (1975) ainsi que des travaux d’analyse sociale de Lévesque (1979) et de Cloutier, Moisset et Ouellet (1983) qui ont tenté de déterminer des facteurs socioculturels ayant une influence sur la réussite et la trajectoire scolaires d’un élève. Des facteurs tels que la constitution du foyer, la situation géographique de la résidence familiale, la classe sociale, l’attitude et l’implication des parents, la perception de l’élève à l’égard de l’attitude et de l’implication des parents concernant l’école ainsi que le comportement langagier ont failt l ‘objet de recherches par enquêtes qui ont démontré des corrélations plus ou moins fortes entre ces facteurs et les chances devant l’éducation.
Ainsi, l’étude de Fraser (Jl959; citée par Husen, 1975) qui avait pour objectif de clarifier la relation entre l’effet global du milieu familial et les résultats scolaires, a utilisé la variable « degré d’anormalité ilujoyer familial » . Fraser définit ce concept par l’ambiance générale de la vie de famille, foyer « brisé » ou non, mère exerçant un emploi en dehors de la maison ou non. Notre recherche vise plutôt à connaître la constitution du foyer, c’est-àdire à vérifier si l’élève vit au sein de sa famille naturelle (avec son père et sa mère biologiques), au sein d’une famille monoparentale ou reconstituée, ou dans un foyer d’accueil et non pas le degré d’anormalité du foyer tel que défini par Fraser. Nos discussions antérieures avec les élèves nous ont en effet permis de découvrir que très peu d’entre eux vivent avec les deux parents à la fois. Une analyse comparative nous permettra de conclure si ce phénomène est plus flagrant dans telle ou telle catégorie de C.P.F.T. De plus, nous émettons l’hypothèse qu’il existe un lien entre l’appartenance de l’élève à une catégorie de C.P.F.T. et la constitution de son foyer.
La situation géographique de la résidence familiale semble avoir également une incidence sur le rendement scolaire et la trajectoire scolaire de l’élève. Plusieurs chercheurs, notamment Husen (1975) ainsi que Pourtois et Desmet (1991) ont souligné l’importance à accorder à cette variable dans leurs travaux. Les élèves vivant à la campagne ou en dehors des limites de la ville sont souvent limités quant à l ‘accès et à la fréquentation des établissements culturels tels que la bibliothèque municipale, les salles d’exposition, les salles de spectacle, les musées et les cinémas. Nous croyons qu’il est très important d’en tenir compte étant donné la mention faite sur le caractère culturel de la présente étude.
Un autre concept généralement utilisé par la littérature portant sur les relations des facteurs sociologiques avec l’édUtcation est celui de « classe sociale ». L’appartenance d’une famille à l ‘une ou l ‘autre des classes sociales est déterminée par une échelle de statut socioéconomique. Il existe plusieurs échelles-types de statut socio économique dont la construction est basée sur des variables-critères que Wallot et Abell (1981) ont ressorties dans un ouvrage qui se voulait une revue critique des échelles majeures de statut socioéconomique utilisées en Amérique et en Angleterre. Ces variables-critères telles que le titre occupationnel, le pointage de prestige occupationnel et l’évaluation ou la perception des gens sur le prestige d’occupations se mesurent à l’aide de variables prédictrices telles que l’éducation, l’occupation, le revenu, le QI et le nombre de frères et de soeurs dans une famille entre autres. Dans leur ouvrage, les chercheurs Wallot et Abell notent que: … plusieurs [épidémiologues] et chercheurs en sciences sociales ne sont pas conscients des différences élrzormes dans l ‘utilisation d’une variable-critère au sein des échelles les plus importantE!S et leurs explications théoriques sont souvent de fait, des explications tautologiques. (Wallot & Abell, 1981, p. :567) .
Cette citation nous met en garde contre l ‘utilisation à tort et à travers des échelles de statut socio-économique. De plus, la stratification sociale et l’emploi d’une échelle de statut socio-économique sont complexes et peuvent faire, à eux seuls, l’objet d’une recherche. Le but de notre étude n’étant pas de classer les familles de notre clientèle cible dans l’une ou l’autre des classes sociales, nous nous préoccuperons de déterminer uniquement le type d’emploi qu’occupe le père, la mère ou les deux selon la constitution de la famille afin de décrire l’environnement familial des sujets. À cet effet, Vial et al. (1974; cités par Lévesque, 1979) mentionnent que les enfants problèmes sont plus nombreux parmi les fils d’ouvriers et d’employés de service que chez les enfants des cadres moyens, supérieurs et professionnels.
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