Le stress est un mécanisme d’adaptation essentiel à l’être humain, car, sans ce mécanisme, sa survie aurait été impossible (Lupien, 2010). Ainsi, « […] la réponse de stress est nécessaire à la survie et c’est par l’action concertée de la détection d’une menace par le cerveau, la production d’hormones de stress par notre corps, et l’accès ultérieur de ces hormones de stress au cerveau que nous pouvons assurer notre survie et par extension, celle de nos enfants (la survie de l’espèce). » (Lupien, 2010, pp. 43-44). Le stress est compris et est défini de plusieurs manières, et ce, dépendamment des auteurs ainsi que leur domaine de spécialisation. De ces faits, certains vont poser leur regard sur le mécanisme biologique du stress, d’autres sur le mécanisme psychologique ou social (Sarafino et Smith, 2011). Ce mécanisme a été décrit comme étant un stimulus, ou même une réponse, dans tous les cas « un thème qui est présent dans plusieurs de ces théories est l’adaptation et l’ajustement d’une personne face aux changements de son environnement » (Dougall et Baum, 2011, p. 55).
Une des théories qui représente bien ce thème est celle de Lazarus et Folkman (1984) où ils décrivent que la réaction de stress se manifeste lorsque la personne évalue que la situation (qui se présente dans son environnement) excède ses ressources personnelles afin de faire face à la situation et que cette même situation pourrait menacer son bien-être (Lazarus et Folkman, 1984). La réaction de stress sera plus ou moins intense dépendamment de la perception de la personne quant à ses ressources internes, ses stratégies d’adaptation possibles face à la situation ainsi que sa perception face à la situation (Selye, 1976). L’input externe, ou plutôt, le stimulus externe qui engendre le stress se nomme stresseur. Ainsi, le stresseur amène une réponse de stress (Lazarus, 2006). En d’autres mots, la source du stress provient des stresseurs environnementaux, externes à l’individu, qui eux sont ensuite interprétés comme étant menaçants pour le bien-être de la personne, provoquant ainsi une réaction de stress.
Certes, le stress permet l’adaptation de l’être humain, mais peut également amener plusieurs conséquences au niveau de la santé biopsychosociale d’une personne. Il peut affecter l’humeur, les aptitudes de résolution de problème, la motivation et les performances, augmenter la dépression, l’anxiété, la colère, la peur, et provoquer des difficultés à exécuter des tâches simples comme faire un budget (Dougall et Baum, 2011, p. 60). Il peut également avoir un impact sur la qualité du sommeil d’une personne, augmenter les comportements violents, en plus d’avoir des conséquences au niveau de l’appétit et d’augmenter les comportements alcooliques (Dougall et Baum, 2011, p. 60).
Le stress au travail
Lorsque les stresseurs vécus surviennent au travail et qu’ils produisent une réaction de stress, il est possible de parler de stress au travail ou de stress professionnel. Ce type de stress dans un environnement de travail peut amener un individu à vivre des émotions négatives, à avoir des symptômes physiques ou à vivre de la détresse psychologique (Kahn et Byosiere, 1992). Parmi les stresseurs les plus rapportés, il y a les stresseurs qui sont orientés sur la tâche (décrits comme stresseurs opérationnels plus bas) comme la pression de temps et la surcharge de travail, les stresseurs de rôle (tels que des tâches mal définies ou une surcharge de tâche attitrée à un rôle) et finalement des stresseurs sociaux (supervision abusive, harcèlement, violence, etc.) (Sonnentag et Fritz, 2015, p. S73). À ces types de stresseurs s’ajoutent les stresseurs organisationnels qui relèvent plus de la structure, de l’administration du milieu du travail. Les stresseurs peuvent survenir de façon ponctuelle/situationnelle en tant que stresseurs aigus ou sur une plus longue période de temps, devenant ainsi des stresseurs chroniques (Sonnentag et Fritz, 2015, p. S73) Puisqu’une panoplie de définitions existent, une combinaison de définitions provenant de Lazarus et Folkman (1984), de Selye (1976) et de Parker et DeCotiis (1983) sera utilisée afin de définir le stress au travail : le stress au travail est une réaction produite face à un ou des stresseurs de l’environnement de travail qui sont perçus comme excédant les ressources personnelles et les capacités d’adaptation des individus. De plus, afin de mieux conceptualiser ce qu’est le stress au travail, il importe de bien comprendre ce qu’est un « emploi sain ». Selon l’Organisation mondiale de la Santé (World Health Organization, 2017), un emploi sain est défini comme :
« […] un endroit où la pression mise sur l’employé est appropriée relativement à ses habiletés et ressources, au contrôle qu’il peut exercer à son emploi et sur le support qu’il peut recevoir des personnes qui comptent pour lui. Puisque la santé n’est pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité, mais plutôt un état de bien-être physique, mental et social, un environnement de travail sain est un endroit où il n’y a pas seulement une absence de conditions nocives, mais plutôt la présence de conditions qui promeuvent la santé. Ceci peut inclure l’évaluation continue des risques de santé, l’apport d’informations appropriées […] » (World Health Organization, 2017).
Types de stresseurs
Plusieurs types de stresseurs existent et, dépendamment du type de stresseur vécu, différentes conséquences peuvent survenir selon la gravité de l’exposition. De plus, les stresseurs peuvent se différencier par leur intensité ainsi que la durée de l’exposition. À ce sujet, selon Dougall et Baum (2011) deux types de stresseurs existent soit les stresseurs aigus et chroniques. Ces derniers se différencient par leur durée. Ces auteurs mentionnent également que l’exposition aux différents stresseurs (chroniques et aigus) peut probablement avoir des impacts aussi néfastes l’un que l’autre. De plus, il importe de faire la différence entre les stresseurs opérationnels, soit relevant du travail et les stresseurs organisationnels, c’est-à-dire, des stresseurs provenant de la structure organisationnelle.
Stresseurs aigus
Les stresseurs aigus peuvent être représentés par des stresseurs qui ont une courte durée dans le temps (cinq à trente minutes) (Dougall et Baum, 2011). Nonobstant cette courte exposition, la personne peut développer un trauma dépendamment de l’intensité de la menace perçue et ainsi avoir un impact à plus long terme (Baum, O’Keeffe, et Davidson, 1990).
Stresseurs chroniques
Les stresseurs chroniques, quant à eux, perdurent dans le temps. Pour être un stresseur chronique, il doit 1) perdurer dans le temps 2) être perçu comme étant une menace 3) amener la personne à tenter de s’adapter à ce stresseur et 4) être caractérisé comme étant instable (Dougall et Baum, 2011).
Ce type de stresseurs peut amener différentes conséquences sur le plan de la santé mentale, mais également sur la santé physique des individus. En effet, être confronté à des stresseurs sur une longue période de temps peut rendre plus vulnérable la personne à la maladie (Dougall et Baum, 2011; Lupien, 2010).
Stresseurs opérationnels
Les stresseurs opérationnels sont reliés aux différents facteurs inhérents à l’emploi tels que les horaires, les blessures physiques et psychologiques et la fatigue (Donnelly et al., 2016). De plus, la latitude décisionnelle, le niveau de contrôle que procure l’environnement de travail ainsi que le support social reçu et perçu peuvent également constituer des stresseurs opérationnels (Karasek et Theorell, 1990).
Stresseurs organisationnels
Les stresseurs organisationnels, quant à eux, font partie de la structure organisationnelle (Donnelly et al., 2016). On peut inclure dans cette catégorie les stresseurs reliés à l’employeur, au gestionnaire, aux politiques organisationnelles, mais également l’environnement de travail et les conditions de travail (Donnelly et al., 2016).
Introduction |