Déchets ménagers dangereux

Déchets ménagers dangereux

Dans la loi du 15 juillet 1975, un déchet est défini comme « tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit, ou plus généralement tout bien nuisible abandonné, ou que son détenteur destine à l’abandon ». Le terme de déchets ménagers non dangereux (DND) désigne les ordures ménagères (OM) qui sont issues de l’activité domestique des ménages ainsi que les déchets provenant des entreprises industrielles, artisans, commerçants, écoles, services publics, hôpitaux, services tertiaires, qui sont collectés dans les mêmes conditions que les OM (Ademe, 2002).

Production de déchets ménagers

En 1990, la production mondiale de déchets ménagers s’élevait à environ un milliard de tonnes, et elle ne cesse d’augmenter. Entre 1960 et 1995, la production d’ordures ménagères de chaque Français a doublé. En 1997, elle atteignait 369 kilos par habitant et par an, soit plus d’un kilo par jour. Selon les chiffres Ademe$Ifen en 2002, les Français produisent trente millions de tonnes de déchets ménagers par an (soit environ 500 kg par personne et par an incluant les ordures ménagères OM, les encombrants et les déchets verts), 14 Mt de déchets des collectivités, auxquels on peut ajouter 95 Mt de déchets industriels banals dont près de 5 Mt sont collectées avec les OM (chiffres Ademe$Ifen 2002). La production des déchets ménagers s’est stabilisée en France pour la première fois entre 2000 et 2002 (Ademe, 2000, 2002), mais semblerait à nouveau augmenter en 2007$2008. Cette augmentation reflète l’évolution de la société : • Croissance démographique, • Croissance de la consommation, • Remplacement des produits bruts (fruits et légumes par exemple) par des produits élaborés et emballés, • Développement des emballages en portion individuelle (augmentation de la part des ménages d’une ou deux personnes et individualisation des consommations au sein des familles), • Urbanisation et baisse du compostage de fond de jardin, • Raccourcissement de la durée de vie de certains produits (bâtiments, électroménager, produits jetables…). CemOA : archive ouverte d’Irstea / Cemagref 16 Les activités humaines ont toujours produit des déchets, mais le développement de l’urbanisation puis la révolution industrielle a entraîné d’importantes évolutions. Il a fallu collecter ces déchets (ils ont longtemps été jetés au milieu de la rue), leur volume n’a pas cessé d’augmenter, et la matière organique a diminué au profit du verre, des métaux, du papier$carton puis des plastiques et des produits toxiques (piles, huiles de moteur, peintures…). Mettre en œuvre les filières de traitement de nos déchets nécessite la mise en place de sites industriels indispensables pour chacun d’entre eux : les emballages vers un centre de tri, les déchets verts vers une unité de compostage industriel, les déchets ménagers non recyclables vers un incinérateur à valorisation énergétique, les déchets ultimes vers une installation de stockage. $   Le stockage des déchets est le procédé d’élimination à la fois le plus simple et le plus répandu sur la planète. En France, les déchets sont répartis entre trois types d’installation de stockage: $ Les ISD de classe 1: particulièrement bien protégés, ils sont destinés aux déchets industriels ultimes (la plupart de ces déchets doivent subir une stabilisation avant enfouissement). $ Les ISD de classe 2 ou ISDND: ils accueillent les déchets ménagers et les déchets industriels banals (déchets non dangereux). $ Les ISD de classe 3: ils sont réservés aux déchets inertes du bâtiment ou des travaux publics par exemple et ne nécessitent pas autant de précautions technologiques que les deux premières catégories. % 6-.-/ La minimisation des impacts environnementaux et des coûts associés à la mise en œuvre des ISDND constitue un enjeu très important. Au niveau international, le stockage des déchets reste le mode de gestion des déchets privilégié. Les marchés dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement sont donc importants. A titre d’exemple, dans les pays en voie de développement (PED), la totalité des villes comptent aujourd’hui 2 milliards d’habitants, soit deux fois plus que la totalité des villes des pays industrialisés. Leur population va doubler d’ici 2030. Elles rejettent aujourd’hui près de 300 millions d’ordures ménagères qui atterrissent pour l’essentiel dans des dépotoirs. La production de déchets dans les PED oscille entre 0,2 et 0,6 kg /hab /jour, soit 73 à 219 kg/hab/an. Si l’on retient la moyenne de 146 kg /hab /an, on obtient 292 millions de tonnes de déchets par an. Composés de 50 à 70 % de matière organique, le double environ du ratio des pays les plus industrialisés, ces déchets émettent 361 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an dans l’atmosphère. Rapportées à l’habitant, les émissions de méthane des décharges des PED représentent 70 kg d’équivalent carbone par an, soit près de 20 % des gaz à effet de serre émis en moyenne par habitant dans les PED (400 kg d’équivalent carbone). Cela représente aussi près de 15 % du crédit d’émission dont chaque terrien disposerait si l’on veut stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, soit 500 kg d’équivalent carbone par an. Maîtriser la production de ce méthane, le capter et le valoriser, représente ainsi un enjeu important sur les plans environnementaux comme énergétique, partout dans le monde. C’est pourquoi un consensus international d’experts se dégage actuellement en faveur de modes de gestion différents, mettant en œuvre des stratégies pour exprimer de façon contrôlée le potentiel polluant contenu dans les déchets et accélérer la dégradation biologique des déchets biodégradables et matières organiques : c’est la stratégie du stockage bioactif (Barber et Maris, 1984 ; Yuen et al., 1995). Ce mode de gestion a donné lieu à une intense activité de recherche depuis une vingtaine d’années environ et à la mise en œuvre d’un ensemble d’installations expérimentales à pleine échelle.

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