Collecte et transport
La collecte des DBM à l’HOGIP se fait tous les jours après le nettoyage. C’est le cas selon une étude réalisée au centre hospitalier régional El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack (Diop, 2007). En effet, la collecte doit se faire au moins une fois par jour (OMS, 2017). Le personnel de nettoyage est chargé de cette tâche en général. Les mêmes résultats ont été trouvés à l’hôpital d’enfants Albert Royer de Dakar (Mouhamed, 2018). Après le nettoyage, le personnel de nettoyage collecte les sachets contenant les déchets et les remplace par de nouveaux sachets octroyés par la division hygiène et sécurité. La collecte dans les salles de soins et hospitalisations se fait par ESEF, qui y assure le nettoyage, et celle du reste de l’hôpital par l’Établissement Khady. Cette classification de l’hôpital en deux zones selon les exigences de propreté permet de réduire les risques de contamination (OMS, 2008). La collecte se fait manuellement aussi bien par l’Établissement Serigne Fallou (ESEF) que par l’Établissement Khady. Des résultats similaires ont été trouvés par Diop (2007) au centre hospitalier régional El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack. Les déchets collectés sont acheminés vers les différents lieux de stockage. Cependant, dans le service Hémodialyse sis au premier étage, ce sont les garçons de salle qui effectuent la collecte des DBM. Ils mettent les déchets dans une poubelle à pédale, puis la font descendre au rez-de-chaussée. C’est seulement après cela que le personnel de nettoyage peut avoir accès à ces déchets pour les amener aux lieux de stockage.
Toutefois, il faut noter que la collecte qu’effectue le personnel de nettoyage concerne les types de déchets tels que les DASRI et les DAOM. Ainsi, dans le questionnaire adressé aux services, d’autres acteurs apparaissent dans la collecte des déchets même si la part du personnel de nettoyage est largement supérieure. Il s’agit du personnel en charge de la gestion des DBM et du personnel soignant. En effet, le personnel en charge de la gestion des DBM se charge lui-même de la distribution des conteneurs à OPCT et de leur collecte. Ainsi, dès qu’il y a besoin de conteneurs, le responsable du service concerné fait la demande au niveau de la division hygiène et sécurité. Le personnel de la division prend les conteneurs remplis et les remplace par des nouveaux. Ces résultats sont en accord avec ceux de Mouhamed (2018) où, une fois remplis, les conteneurs OPCT sont renvoyés au bureau du responsable de l’hygiène et de la sécurité. Certaines personnes du personnel soignant se chargent elles-mêmes de la collecte et du transport des OPCT vers la salle de stockage intermédiaire, ce qui est du ressort du personnel en charge de la gestion des DBM. C’est le cas par exemple du service d’imagerie médicale où c’est le major qui, dès qu’un conteneur est rempli, le ramène personnellement vers la salle de stockage prétraitement. Par ailleurs, les placentas qui sont des DBM qui sont stockés à la morgue et non à la salle de stockage intermédiaire ne sont pas collectés par le personnel de nettoyage. Les placentas sont triés par les sages-femmes et mis dans des sachets jaunes puis transportés par les garçons de salle vers leur lieu de stockage qui sont les chambres froides de la morgue. Ainsi, d’après les enquêtes au niveau des services, trois types d’acteurs sont impliqués dans la collecte. Le personnel de nettoyage collecte jusqu’à 54% des DBM, le personnel en charge de la gestion des DBM 19% et le personnel soignant 27% (figure 4).
La fréquence de la collecte des DBM dans les services se fait une fois par jour dans 85% des services et deux fois dans le reste c’est-à-dire 15%. Toutefois, certains déchets peuvent rester pendant longtemps dans leurs lieux de production. C’est le cas de certains produits utilisés en médecine nucléaire. Après la décontamination, ils peuvent rejoindre la filière jaune. Cependant, ils peuvent rester dans le service pendant plusieurs jours voire des semaines sans être collectés (photo 10). En effet, certains DASRI comme les déchets radioactifs peuvent être collectés à la demande (OMS, 2017).
Dans un autre service, il a été observé des DBM par terre. Ce sont des tubes périmés (photo 11). Ils sont déposés dans un endroit du service et d’après l’aspect des cartons, ils ont duré là-bas. En effet, les cartons sont mouillés par la pluie car les enquêtes de terrain ont été effectuées au mois de Septembre. La photo a été prise le 4 Septembre. Or, la dernière pluie avant ce jour date du 2 Septembre. Donc il s’est passé au moins 48h depuis que les tubes périmés ont été déposés à cet endroit.
La collecte des poubelles est bien maitrisée à l’HOGIP, contrairement à ce qui se passe au centre hospitalier régional El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack (Diop, 2007). Le transport des DBM se fait suivant deux circuits distincts : le circuit des DAOM et le circuit des DASRI. Cette séparation a d’abord pour but d’éviter autant que faire se peut la contamination des DAOM par les DASRI et ensuite d’éloigner au mieux les DBM des malades et des visiteurs. En effet, des itinéraires et des heures fixes doivent être choisis (OMS, 2017) pour le transport des DBM. Cependant, le transport à l’HOGIP ne se fait pas seulement pendant les moments où il y’a moins d’affluence mais également pendant la journée.
Au niveau de la salle de stockage final, il y’a de grandes poubelles à pédale qui servent de bacs à ordures. Un bac est remis à l’élément ramasseur qui est un homme de l’équipe de nettoyage. Ce seul bac est utilisé aussi bien pour les DAOM que pour les DASRI (photo 12). Ils sont séparés une fois arrivés dans les salles de stockage. L’élément ramasseur passe dans les différents services pour ramasser les sachets collectés par les femmes de ménage et les transporte soit à la salle de stockage prétraitement pour les DASRI, soit à la salle de stockage final pour les DAOM. Cependant, les DASRI et les DAOM ne devraient pas être collectés et transportés en même temps ou dans le même chariot (OMS, 2017). Ceci augmente le risque de contamination des DAOM par les DASRI.
Parfois, les femmes du personnel de nettoyage de l’établissement Khady n’attendent pas l’élément ramasseur. Après la collecte, elles amènent elles-mêmes et de façon manuelle les poubelles avec les DBM vers les différents lieux de stockage puis nettoient les poubelles avant de les ramener. En outre, elles nettoient les poubelles tous les lundis et jeudis. Mais pour les femmes du personnel de nettoyage de ESEF les poubelles sont nettoyées régulièrement mais sans jours fixes. Elles précisent que le nettoyage est fait dès que les poubelles sont salles. La fréquence de nettoyage des poubelles à l’HOGIP est différente de celle trouvée par l’étude de Faye et al. (2014) selon laquelle les poubelles sont lavées tous les jours. Les observations directes ont permis de voir que certaines femmes de ménage amènent manuellement les sachets sans les poubelles vers les lieux de stockage. Par ailleurs, les services enquêtés affirment que le transport se fait manuellement à 43% et par bac1 à 52% (figure 5). Un service n’a pas précisé ce qui fait que le total des pourcentages ne fait pas 100% et un autre a affirmé que le transport des DBM par brouette existe. Il est important de noter que pendant toute la durée des enquêtes, aucun transport des DBM par brouette n’a été observé. Et selon le responsable hygiène et qualité, le transport des DBM par brouette n’existe plus depuis longtemps.
Stockage
Le stockage des DBM à l’HOGIP se fait en fonction de leur type. Ainsi, les DAOM, les DASRI mous et les OPCT, les placentas et les déchets anatomiques sont stockés dans des lieux différents. En effet, les DAOM et les DASRI ne doivent pas être stockés au même endroit (PNUE/OMS, 2004). Les DAOM sont stockés directement à la salle de stockage final (photo 13). Le temps de stockage est en moyenne d’une journée. Ceci est conforme aux recommandations de l’OMS (OMS/PNUE, 2004).
Quant aux déchets anatomiques, ils sont stockés séparément. Les placentas sont stockés au Laboratoire Anatomie-Pathologie, dans les chambres froides de la morgue. C’est généralement le lieu de stockage indiqué pour les déchets anatomiques (PNUE/OMS, 2004). Les autres déchets anatomiques comme les pièces opératoires sont déposés à même le sol dans une partie de la morgue après avoir été enduis de formol (photos 16 A et B). Le formol sert à conserver les pièces opératoires en attendant leur élimination pour ne pas qu’elles pourrissent.
En outre, les services qui sont dans le grand bâtiment ont tous des salles de stockage intermédiaire des DBM. Ces derniers y étaient stockés en attendant d’être transportés pour traitement. Cependant, ces salles ont été transformées pour la plupart en salle de linge sale.
Traitement et élimination des DBM à l’HOGIP
DAOM
Les DAOM sont des déchets banals c’est pourquoi ils n’ont pas besoin de traitement spécifique avant leur élimination. Après leur collecte, les sachets noirs sont transportés, suivant leur circuit, vers la salle de stockage final en attendant d’être éliminés (photo 17). L’élimination finale se fait par une société privée nommée COFRANET. En effet, l’hôpital a une convention avec ladite société pour le ramassage des ordures. C’est aussi le cas pour l’hôpital d’enfants Albert Royer de Dakar qui recourt à un opérateur privé pour l’évacuation des DAOM vers la décharge municipale (Mouhamed, 2018). Selon la convention entre l’hôpital et la société, le camion de ramassage de la société COFRANET doit passer du lundi au samedi à 8h du matin. Cependant, parfois le camion de ramassage des ordures passe bien après l’heure convenue à cause de problèmes techniques. C’est pourquoi le camion de ramassage peut se faire attendre jusqu’à 16h. Ce qui fait que la salle de stockage final n’est pas nettoyée tous les jours comme prévu. Car à l’heure du nettoyage si les déchets ne sont pas encore évacués, le personnel ne peut procéder au nettoyage. Les DAOM sont acheminés à la décharge de Mbeubeuss qui accueille la plupart des ordures de Dakar. Ces résultats sont similaires à ceux de Traoré (2014) Toutefois, selon l’Actualisation du Plan de Gestion des DBM (Primature, 2016), ce sont les mairies qui ont en charge la gestion des DAOM en ce sens où c’est à elles d’en assurer l’élimination. Ce qui n’est pas le cas à l’HOGIP. Or dans certaines structures sanitaires, ce sont les services communaux qui assurent le transport des déchets vers les décharges (Diop, 2007 ; Faye et al., 2014).
DASRI
Les DASRI, du fait de leur caractère infectieux, sont traités avant d’être éliminés afin de préserver la santé des populations et l’environnement dans lequel ils vont se retrouver. Ils peuvent être traités et mélangés aux DAOM (PNUE/OMS, 2004). Les DASRI qui sont traités au bâtiment PROGEDIME n’incluent pas les OPCT, les déchets pharmaceutiques et les déchets anatomiques. Le traitement concerne les DASRI mous. Le traitement des DASRI à l’HOGIP se fait en deux étapes : la stérilisation et le broyage. Le matériel de traitement qui se trouve dans la salle des machines est composé de deux autoclaves de marque Ketan et d’un broyeur (photo 18). Le traitement se fait de 8h à 18h. À leur arrivée à la salle de stockage prétraitement ou salle de conditionnement, les DASRI sont pesés. Ce pesage permet de connaitre la quantité de DASRI produite. Avant leur traitement, ils sont également pesés ; ce qui permet de noter la quantité de DASRI traitée.
Le machiniste allume l’autoclave pour que le réservoir se réchauffe pendant 5 à 10 minutes. Ensuite, les DASRI sont mis dans l’autoclave qui a une capacité de 30 Kg et il faut manipuler le back drive et laisser 20 à 40 minutes. Après les 20 à 40 minutes on revient manipuler le back drive pendant 40 minutes. Il faut réchauffer au fur et à mesure pour que les DASRI soient bien traités. La stérilisation des DASRI dans l’autoclave dure environ une heure trente minutes. Après cela, les déchets stérilisés sont mis directement dans le broyeur pour réduire le volume de ce qui a été traité. Un bac a ordure qui se trouve dans la salle des machines sert à transporter les DASRI traités vers la salle de stockage final où se trouvent les DAOM en attente d’être éliminés. Après traitement, les DASRI deviennent inertes, sans risque infectieux et peuvent dès lors rejoindre les DAOM (photo 19). Il faut noter que tout le processus de transport et de traitement des DASRI devrait se faire selon le circuit de la marche en avant qui doit continuer jusqu’à la salle de stockage final. Cependant, à cause de bagages entreposés sur le passage qui mène de la salle des machines à la salle de stockage final, un circuit arrière est adopté pour acheminer les DASRI traités à la salle de stockage final.