Décentraliser pour développer
L’évolution de l’UE vers une vision plus politique de la décentralisation (vue comme processus d’autonomisation) a des conséquences majeures sur la façon d’appuyer les réformes dans les pays partenaires. A cette fin, il est utile de réviser plusieursIl y a des différences fondamentales de par le monde sur la conceptualisation du rôle des autorités locales et ceci affecte clairement la manière dont la population peut trouver la voie de son autonomie à travers elle. La première question est : quel est réellement le rôle des autorités locales ? Est-ce un instrument du gouvernement central pour mettre en œuvre les politiques nationales ? L’expression d’une communauté locale qui développe et met en œuvre des politiques locales en réponse aux demandes de cette communauté ? Ou encore s’agit-il d’une combinaison de cesdeuxdéfinitiondePour évaluer plus facilement la nature des autorités locales, Nickson (2011) suggère une classification sur base des deux modèles types : le modèle « administratif » et le modèle « politique ». Le tableau 5.1 résume les principales caractéristiques de ces deux modèles.Dans les pays industrialisés, le système le plus proche du type « administratif » est le modèle anglais de collectivités locales, il est également proche des systèmes trouvés en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon ainsi que dans certaines parties d’Europe du Nord et des États- Unis. D’autre part, les systèmes de collectivités locales les plus proches de ceux décrits.
le type « politique » se retrouvent en Europe continentale (France, Italie, Espagne, quelques régions d’Allemagne et de Suisse) ainsi que dans les pays du Nord de l’Europe.Dans les pays en développement, les systèmes de collectivités locales ont historiquement été influencés par l’un ou l’autre des modèles. Cependant, durant ces dernières décennies et dans le dialogue politique mené avec les partenaires de développement, c’est le type « administra- tif » qui a dominé le discours sur les AL. Ceci s’explique par le fait que ce type : a) minimise la nature politique des AL et apparaît donc moins menaçant aux yeux des autorités centrales avec qui les organismes donateurs interagissent et b) répond mieux aux préoccupations des bailleurs de fonds qui attendent des AL qu’elles appuient la mise en œuvre des programmes que ces agences négocient et financent via le gouvernement central. Nickson note à ce pro- pos que le type « administratif » a longtemps été « le type d’autorité locale préférée par la Banque mondiale […qui] voyait les autorités locales comme un dispositif institutionnel pour améliorer la fourniture des services publics […et] comme un administrateur plus efficace des programmes de réduction de la pauvreté durant les périodes d’ajustement structurel » (Nickson, 2011, p. 2)De par le monde les autorités locales tendent à prendre la forme de combinaisons en muta- tion permanente de ces deux modèles-types « administratif » et « politique ». Il en résulte que ces autorités locales ont un double rôle lorsque l’on parle de la promotion du développement .
Le mandat général augmente significativement le potentiel d’autonomisation des popula- tions puisqu’il permet à leurs autorités locales d’entreprendre tout type d’action qu’elles estiment être dans l’intérêt des communautés locales, pour autant qu’elles n’enfreignent pas la loi et, plus spécifiquement, n’empiètent pas sur des domaines de compétence exclu- sivement assignés par la loi à un autre échelon de gouvernement(2). Le mandat général est aussi crucial pour les autorités locales qui veulent atteindre leurs communautés, être plus réactives à leurs demandes et, plus impor-tant encore, offrir des opportunités aux organisations communautaires et à celles de la société civile de s’engager ou d’être soutenues dans leurs engagements exis-tants, dans la fourniture et la production de services publics et dans la mobilisation de ressources locales additionnelles pour financer ces services.