Décentralisation et développement local

 Décentralisation et développement local

Les caractéristiques sociopolitiques 

La population de la commune est essentiellement d’obédience musulmane pour cause le village de Médina El Hadji a été fondé par le marabout El Hadji Aly Thiam dans un objectif d’expansion de l’Islam dans cette zone en 1918. Le pouvoir décisionnel est ainsi encore détenu par la famille maraboutique, gardienne de la stabilité de la communauté et du respect des règles de vie commune. L’aspect religieux est ainsi très présent dans la prise de décision et au niveau politique. L’actuel marabout fut ainsi le premier président du conseil rural qui est devenu maintenant commune rurale. L’influence maraboutique se manifeste dans plusieurs domaines dont :  le foncier du village, toujours sous le contrôle du marabout et aucune délibération ne se faisant sans son aval ;  dans le fonctionnement de la commune rural ;  la prohibition de certains comportements dans les villages de Médina El hadji et Saré Konko. Les enquêtes menées dans les villages ont permis de noter la persistance de certaines pratiques traditionnelles qui demeurent discrètes et tabous (excision des femmes dans le village de Médina El hadji). La gestion de la terre pose des conflits au sein de la commune ; ceci est dû entre autres par la disponibilité des terres et des conditions climatiques avantageuses qui suscite l’intérêt des populations allochtones pour l’accès à la terre et pour l’agriculture. L’affectation de terres pour ces personnes considérées comme étrangères est ainsi négativement perçue par les populations autochtones. III) Les activités socio-économiques 

 Le secteur secondaire 

 L’agriculture

 L’agriculture constitue la principale activité socio- économique de la commune de Médina El Hadji et occupe plus de 90% de la population active. Elle couvre une superficie cultivable très importante. Les disponibilités des ressources et potentialités en terres cultivables et les cours d’eau ceinturant la commune expliquent l’importance de cette activité dans le système de production. La disponibilité en terres cultivables réduit considérablement les conflits fonciers 48 entre les populations. L’agriculture sous pluie domine et se pratique souvent dans les plateaux. La culture irriguée revient aux femmes regroupées en GPF qui s’adonnent au maraîchage dans les bas-fonds et les bassins versants. L’agriculture pluviale comprend une production très diversifiée incluant principalement : le mil, le riz, le maïs, le sorgho et le fonio qui sont essentiellement destinés à l’autoconsommation. L’arachide, le coton et le sésame sont les principales cultures de rente et en quantité moindre le manioc, le niébé, la pastèque et la patate douce. L’importance de la culture céréalière montre à quel point les populations sont préoccupées par l’amélioration de leur situation alimentaire. A cause des difficultés liées à l’acquisition des semences d’arachide, la culture du mil et celle du maïs sont devenues dominantes ces dernières années. A l’heure actuelle, en dépit de son caractère traditionnel, l’agriculture traditionnelle présente des atouts comme : le potentiel humain, la disponibilité des terres cultivables et l’existence de partenaires et de structures d’appui et d’encadrement comme l’ANCAR, la SODEFITEX, SUNEOR… On note des problèmes qui se résument à la faible capacité de production due, pour l’essentiel, au manque d’intrants, à la pauvreté des sols, à la mauvaise répartition temporelle des pluies, à l’invasion des prédateurs. A cela se greffe la croissance démographique combinée à l’appauvrissement des sols. Par ailleurs, la distribution de semences aux paysans de la commune est insuffisante pour une population dont la l’activité principale est l’agriculture. Les intrants et les matériels agricoles sont devenus chers et inaccessibles. Beaucoup de cultivateurs ont abandonné la culture de certaines espèces, pour se concentrer exclusivement à la culture, soit de l’arachide, soit du mil entraînant une surexploitation des terres et favorisant la monoculture. La faible utilisation des produits fertilisants, du fait de leur cherté bloque toute perspective de permettre à la terre de retrouver les substances nécessaires au bon développement des plantes, accentuant ainsi l’appauvrissement des terres de la commune. 49 Au cours des dernières années, plus précisément l’année dernière, la répartition spatiotemporelle des pluies a dans une large mesure, influencé les rendements agricoles. Malgré les importants efforts déployés par les cultivateurs de la commune au cours des dernières campagnes agricoles, la pluviométrie a le plus souvent fixé les limites de la production. D’ailleurs l’année dernière, la baisse des pluies a entraîné d’énormes pertes aux paysans, à cause l’arrêt prématuré des pluies surtout concernant l’arachide, le riz et le coton. A cet état de fait, il résulte une baisse significative des revenus agricoles. Face à cette situation, de profonds bouleversements ont frappé le système de production, surtout dans son organisation. Bien qu’occupant la quasi-totalité de la population active, l’agriculture pluviale est incapable de couvrir de façon satisfaisante les besoins alimentaires des communautés de base. Actuellement, beaucoup de ménages n’arrivent pas à réaliser une production couvrant toute l’année. Cela a provoqué durant ces dernières années, une progression de la pauvreté, entraînant ainsi l’exode massif des populations, particulièrement des jeunes, vers les centres urbains.

L’élevage

 Au regard des ressources et potentialités pastorales ainsi que des revenus générés, l’élevage constitue la seconde activité de production derrière l’agriculture. Il est de type extensif et est pratiqué essentiellement par les Peulhs qui représentent la presque totalité de la population. Il est souvent associé à l’agriculture ou encore pratiqué seul et bénéficie de vastes zones de pâturage et des points d’eau suffisants en hivernage. Le cheptel est constitué de bovins, ovins, caprins, équins et asins. Les bovins et caprins quant à eux représentent respectivement un total de 11 589 et 8 014, alors que le cheptel ovin se chiffre à 7 331 têtes. Des asins (360) et des équins (165) réservés à la culture attelée ont été identifiés dans tous les villages ; illustrant ainsi l’importance de la traction animale dans la CR de Médina El Hadji. La volaille quant à elle, est de loin la plus nombreuse avec 55 223 têtes. 50 Tableau n°7 : Effectif du cheptel de la commune Bovins 11 589 Ovins 7 331 Caprins 8 014 Equins 165 Asins 360 Volaille 55 223 TOTAL 82 682 Source : Service régional de l’élevage de Kolda, 2009 Graphique 1 : Effectif du cheptel de la commune de Médina El hadji Source : Service régional de l’élevage de Kolda, 2009 11 589 7 331 8 014 165 360 55 223 Bovins Ovins Caprins Equins Asins Volaille 51 L’élevage est une activité directement associée à l’agriculture à travers l’utilisation des animaux de trait (bovins, équins et asins) mais aussi à travers l’utilisation de la fumure pour enrichir les sols. Il maintient son caractère traditionnel et extensif et la principale alimentation du bétail est constituée de produits agricoles. En effet, au niveau du secteur, on note l’introduction de l’insémination artificielle. Les principaux facteurs qui limitent le développement de cette activité sont : l’insuffisance de la couverture sanitaire marquée par l’inexistence d’agents vétérinaires, l’insuffisance des moyens de protection, les vols de bétail liés à la situation d’instabilité de la sous-région (Guinée, Guinée Bissau), l’accès difficile à l’information et l’insuffisance des moyens financés, l’existence de pathologies (pasteurellose, parasitose, peste, etc.),les problèmes d’accès aux aliments de bétail, le faible niveau de formation technique des éleveurs, les conflits entre agriculteurs- éleveurs, la faiblesse des moyens du conseil pour l’appui et le soutien aux éleveurs, l’extension des activités de production agricole au détriment des zones de pâturage etc. Tous ces facteurs font que la population et les associations d’éleveurs ne parviennent pas à entreprendre avec efficacité des initiatives favorisant le développement de l’élevage. 

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 Le commerce 

Le secteur du commerce est fortement handicapé par l’enclavement de certaines localités et par la proximité avec la Guinée Bissau, les produits frauduleux concurrençant fortement ceux locaux. Cette proximité constitue un réel facteur bloquant à l’émergence de marchés hebdomadaires et d’un système commercial organisé. Les produits de la Guinée Bissau étant plus compétitifs, le commerce local traine à se structurer. L’insécurité qui sévit dans la zone constitue également un frein au développement des échanges commerciaux. La commune rurale de Médina El hadji dispose de vingt-cinq (25) boutiques d’alimentation, deux (02) magasins de semences servant de sites pour la distribution et la commercialisation d’intrants et quatre (04) Opérateurs Economiques pour le commerce agricole. Elle ne dispose d’aucun marché, ni permanent, ni hebdomadaire. Le commerce concerne le bétail, les produits alimentaires par le biais des boutiques et le commerce agricole constitué de cultures de rente 52 (arachide, coton) écoulés parfois dans les seccos, mais aussi l’huile d’arachide et des noix de cajous.

L’industrie

 L’industrie de la commune rurale est constituée de deux petites unités laitières installées par deux éleveurs dans le village de Bantancountou Maoundé dans la zone de Médina El hadji. Chaque unité emploie quatre personnes et réalise un chiffre d’affaire annuel qui oscille entre huit et dix millions. Dans des périodes hivernales, la capacité de collecte atteigne les 160 litres par jour et polarise l’ensemble de la commune rurale et touche les communes voisines de même que la Guinée Bissau. 

Le transport, la communication et les TIC 

Le transport n’est pas très développé dans la commune. Seuls deux cars assurent le transport des populations vers la ville de Kolda. Le reste des moyens sont les motos communément appelées « moto jaakarta ». Ce secteur souffre de l’impraticabilité des pistes reliant les villages qui deviennent marécageuses durant l’hivernage et sablonneuses en saison sèche. Les pistes latéritiques Bantancountou- Saré Ndiaye longue de 19km et Saré Pathé BailoMédina El hadji, longue de 12km reliant la commune à l’axe goudronné Kolda- Ziguinchor et la frontière de Guinée Bissau ainsi que le tronçon Bantancountou Maoundé- Médina El hadji distant de 05km ont été réalisées en 2007 par ANRAC/PARC dans le programme de la reconstruction de la Casamance. Ces pistes aménagées ont contribué au désenclavement de la commune surtout pour les évacuations en urgence et l’écoulement de certains produits agricoles. En effet, aucun développement rural ne peut-être enclenché en passant sous silence les voies de communication. Ces dernières en bon état, constituent des leviers importants du développement en assurant une bonne circulation des personnes et des biens. Sur le plan du réseau de télécommunication, deux antennes de téléphonie mobile sont respectivement installées par les opérateurs Orange et Tigo dans le chef-lieu de la commune. Le téléphone mobile disponible dans chaque ménage constitue le moyen de communication le plus répandu au niveau de l’ensemble des 49 villages de la commune. Cependant les usagers sont victimes de perturbations régulières dans la zone de Sanka et de Médina Alpha Sadou. 53 Le taux de desserte est quasi nul en Technologie de l’Information et de la Communication. Aucun cyber café n’a été noté dans la commune. Par contre le signal TV et radio est accessible dans la commune. 

 L’artisanat 

L’artisanat est une activité peu dynamique dans la commune. Les rares corps de métiers identifiés sont la couture et la broderie, la menuiserie en bois et la coiffure. Cependant certains villages comme celui de Médina El Hadji disposent d’artisans ambulants : coiffeurs, photographes, mécaniciens auto, moto et vélo, forgerons. Le secteur de la boulangerie traditionnelle est également très développé. Le secteur de l’artisanat demeure faiblement organisé, aucune organisation n’est affiliée au village artisanal de Kolda. Les artisans sont confrontés à des contraintes en matière d’équipements, de matières premières, du faible niveau de qualification, de l’insuffisance des infrastructures et de l’accès au financement. 3.1.7 L’énergie Le réseau de distribution électrique couvre le chef-lieu de la commune rurale, Médina El Hadji, mais aussi les villages de Kanwaly, Bantancountou Maoundé et Saré Koubé, qui sont alimentés à partir du réseau électrique de la SENELEC. Les villages de Touba Sadou, Saré Samballé, Saré Gardy et Saré Golo ont également bénéficié de ce réseau mais l’éclairage tarde à démarrer. La desserte reste insuffisante, même si l’énergie solaire se développe et est utilisée dans les villages de Saré Kédiang Bakary, Sanka, Saré Konko, Sibidian, Médina Alpha Sadou, Bérécolon, Ainé Mady, Boguel Samba et Kaniako par le biais de l’ASER ou de PERACOD/ERSEN. L’électrification rurale est ressentie de plus en plus comme une nécessité pouvant contribuer à la lutte contre la pauvreté.

 La santé et l’hygiène 

Dans le domaine sanitaire, la commune dispose d’un seul poste de santé à Médina El hadji, d’une maternité à Médina El hadji, et de 8 cases de santé. Ce poste et cases de santé constituent les principales infrastructures de base en matière de santé pour la commune et de centres polarisateurs pour tous les villages. 54 Le mauvais fonctionnement des structures sanitaires et l’insuffisance des infrastructures et équipements montrent à quel point la faiblesse de la couverture sanitaire souffre d’une large part d’un manque de médicaments et d’ambulances pour évacuer les urgences. La cherté et l’insuffisance des médicaments sont liées en grande partie à l’absence de dépôts pharmaceutiques adéquats et à la faible dotation en médicaments. Le plus souvent les populations se déplacent vers Kolda pour se procurer de certains médicaments. Par ailleurs, on sait qu’une mauvaise condition d’hygiène, rime avec un mauvais état de santé. En dépit de la présence d’un forage à Médina El hadji, les populations de la commune se ravitaillent en eau à partir des puits car cette eau étant plus agréable. Ces puits à ciel ouvert posent des problèmes d’hygiène et de santé. A ce problème d’hygiène, vient s’ajouter l’inexistence d’un système de collecte des ordures ménagères. L’amélioration du volet santé et hygiène réside dans la participation des communautés de base et du conseil rural à l’effort de mise en œuvre d’infrastructures sanitaires adéquates, et de mutuels de santé et de la redynamisation des structures sanitaires.  

Table des matières

Sommaire
Avant-propos
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNE DE MEDINA EL HADJI
Chapitre I : Présentation, zonage et cadre physique
Chapitre II : Le cadre humain
DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUE DES ACTEURS LOCAUX DANS LA COMMUNE
Chapitre I : Diagnostic des acteurs locaux
Chapitre II : Dynamique organisationnelle
TROISIEME PARTIE : ENJEUX ET CONTRAINTES DE LA DECENTRALISATION SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL
Chapitre I : Les enjeux de la décentralisation sur le développement local
Chapitre II : Limites et contraintes des processus de décentralisation et de développement local
CONCUSION GENERALE

 

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