DÉCENTRALISATION DE LA PRISE EN CHARGE DE
L’INFECTION A VIH/SIDA
Définition de L’infection à VIH/sida
L’infection à VIH est une maladie infectieuse virale chronique due au virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH), qui se caractérise par une baisse de l’immunité de l’organisme et qui a pour cible principale les lymphocytes T CD4, favorisant la survenue d’infection dites opportunistes. L’acronyme SIDA renvoie au dernier stade de l’infection à VIH, c’est l’ensemble des manifestations cliniques immuno-virologiques et psychosociales, conséquence d’une destruction progressive du système immunitaire par le VIH [33].
Historique
C’est au début des années 1980 que les premiers cas de SIDA ont été rapportés aux USA, par des médecins de New York et de San Francisco. Ces médecins s’aperçoivent que beaucoup de leurs patients homosexuels souffraient de pneumocystose parfois associée à un sarcome de kaposi. D’où le nom de « gay syndrome » qui lui a été donné. En juillet 1981, le Center for disease control (CDC) d’Atlanta relève une fréquence anormalement élevée de pneumonie à pneumocystis carinii et de sarcome de kaposi chez les homosexuels. Dans la mesure où, à cette époque, le SIDA concerne uniquement des homosexuels très actifs qui utilisent des drogues ludiques contenant du nitrite d’amyle, la première hypothèse physiopathologique pour expliquer la déplétion lymphocytaire va être reportée sur sa toxicité pour les lymphocytes T CD4. Cette hypothèse va être rapidement écartée [52]. Des cas de sida vont être observés aux USA pendant la même période chez des polytransfusés, des héroïnomanes et des haïtiens ; le sida est ainsi appelé la maladie des quatre « H » (homosexuels, hémophilies, héroïnomanes et haïtiens). 6 En 1982 le CDC baptisa cette nouvelle pathologie du nom de « Acquired Immune Deficiency Syndrome » [51]. En 1983, le virus a été identifié par l’équipe du professeur Luc Montagnier de l’institut pasteur, après culture d’un échantillon de biopsie ganglionnaire d’un patient atteint de « lymphadénopathie généralisée ». En collaboration avec l’équipe Américaine du professeur Gallot, le virus est appelé Lymphadenopathy Associated Virus (LAV). En 1984, apparait les premiers tests sérologiques. C’est à cette époque que les activités antirétrovirales de la zidovudine (AZT) ont été mises en évidence, ainsi qu’une connaissance plus claire des moyens de transmissions En 1985, L’organisation de la première Conférence internationale à Atlanta sur le SIDA, sponsorisée par l’OMS [51]. Dans la même année, l’équipe du professeur Souleymane MBOUP du Sénégal, en collaboration avec des équipes américaines et françaises, isolent en Afrique de l’ouest le LAV-2 (future VIH-2). En 1986, la communauté scientifique adopte le VIH à la place de LAV. En 1987, le test de dépistage du VIH est mis sur pied par « Diagnostics pasteur ». En 1988, l’OMS proclame le 1er Décembre journée internationale du sida. En 1991, le peintre Américain, Frank More, crée un ruban rouge, en guise de solidarité et de compassion pour la cause du sida. En 1994, la combinaison de deux ARV (AZT-3TC) est testée et s’avère plus efficace que la prise d’un seul médicament. Dans la même année, mise en place dans quinze pays dont le Sénégal du model CTA/UTA, développé par la croix rouge française [9]. En 1996, adoption de la trithérapie ARV, dont l’efficacité est démontrée. En Décembre 1997 à Abidjan, un consensus est adopté sur les indications des traitements ARV, notamment en Afrique subsaharienne, lors de la réunion de la Conférence internationale sur le Sida et les Maladies sexuellement transmissibles (CISMA). En 1998, l’initiative Sénégalaise d’accès aux antirétroviraux (ISAARV) est mise sur pied
SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE DE L’INFECTION A VIH
Situation épidémiologique de l’infection à VIH dans le monde [39-41] Depuis 2000, environ 38,1 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 25,3 millions de personnes sont décédées de maladies liées au sida. Bien que le nombre de nouvelles infections a diminué de 35% depuis 2000, 2 millions de personnes [1,9 millionŔ2,2 millions] ont été nouvellement infectées par le VIH en 2014, contre 3,1 millions [3,0 millionsŔ 3,3 millions] en 2000. En 2014, l’ONUSIDA estimait à 36,9 millions de personnes [34,3 millionsŔ41,4 millions] vivant avec le VIH. Les décès liés au sida ont chuté de 42% depuis le pic de 2004 soit en 2014, 1,2 million de personnes [980 000Ŕ1,6 million] sont décédées de causes liées au sida dans le monde. La riposte mondiale au VIH a évité 30 millions de nouvelles infections à VIH et près de 8 millions (7,8 millions) de décès liés au sida depuis 2000, lorsque les OMD ont été établis. En juin 2015, grâce aux efforts fournis pour la pris en charge des personnes vivant avec le VIH 15,8 millions avaient accès à la thérapie antirétrovirale, une augmentation de 84% de l’accès à la thérapie antirétrovirale depuis 2010
Situation épidémiologique de l’infection à VIH en Afrique subsaharienne
L’épidémie du VIH présente de grandes variations selon les zones géographiques dans le monde. L’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par la pandémie à VIH. L’ONUSIDA estime à 25,8 millions [24,0 millions–28,7 millions] le nombre de personnes vivant avec le VIH en Afrique subsaharienne, les femmes représentent plus de la moitié, en 2014. Le nombre des nouvelles infections à VIH est de 1,4 million [1,2 million–1,5 million] soit une diminution de 41% entre 2000 et 2014. Elle concentre 66% de l’ensemble des nouvelles infections à VIH en 2014. Le nombre de décès de causées liées au sida en 2014 est estimé à 790 000 [670 000–990 000] personnes. Grace à de nombreux efforts 10, 7 millions de personnes ont eu accès à la thérapie antirétrovirale, soit 41% de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH dans la région. 2.3. Situation épidémiologique de l’infection à VIH au Sénégal Le Sénégal est un pays caractérisé par une épidémie de type concentré avec une faible prévalence au niveau de la population générale (0,7% : EDS 4, 2005 et EDS-MICS, 2010-2011, 0,5% en 2012 selon les données de l’ONUSIDA). La prévalence du VIH est supérieure chez les femmes que les hommes : il en résulte un ratio d’infection entre les femmes et les hommes de 1,6. [2, 11]. La prévalence est élevée auprès des groupes vulnérables qui sont : les professionnelles du sexe (18,5%), les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (18,5%) et les consommateurs de drogues intraveineuses (10,2%) [11].Il existe une disparité dans la distribution de l’épidémie selon les régions. En effet, il ressort de l’EDS-MICS, 2010-2011 que les régions les plus touchées sont les régions du Sud et du Sud Est : Kolda (2,4%), Kédougou (1,7%), Tambacounda (1,4%), Sédhiou (1,1%), Kaolack (1,1%), Ziguinchor (1%). Les nouvelles infections étaient estimées à 1 600 chez les adultes de 15 à 49 ans en 2013. On observe une baisse régulière du nombre des nouvelles infections depuis l’année 2001, estimée à environ 70%. Cela marque une tendance à la baisse de l’infection à VIH au Sénégal, liée à la précocité et à la régularité des programmes de prévention et d’accès aux soins.
INTRODUCTION |