DE LA THEORIE A LA PRATIQUE : ETUDE DE CAS DE TROIS CITY-REGIONS ANGLAISES
Après avoir exposé un « modèle de référence » sur ce que devraient être les régions métropolitaines et les city-regions, basé sur une étude bibliographique, voyons maintenant ce qu’il en est de la réalité anglaise, en faisant l’étude de cas de quelques city-regions. Lors d’un séminaire qui s’est tenu à Bristol (Royaume-Uni) les 22 et 23 février 2010 et qui a rassemblé pour la première fois une partie des équipes qui travaillent au Programme de recherche sur la comparaison franco-anglaise, des professionnels travaillant dans trois city-regions anglaises ont été invités à venir faire une présentation de leur territoire. L’objectif était, toujours dans le cadre de l’étude comparatiste city- regions/régions métropolitaines, de donner aux chercheurs des deux pays une première vision de la réalité des city-regions. Nous avons ainsi pu assister à des exposés sur deux city-regions : Southampton/Portsmouth et Bristol. En nous basant sur ces exposés, nous allons maintenant voir ce que sont devenues les modèles que nous avions construits à partie de la bibliographie : à quoi correspondent vraiment les limites des city-regions ? Que sont devenus les objectifs « globaux » et « locaux » ? Mais surtout : quid de la gouvernance de ces espaces ? Nous complèterons ces deux études de cas par l’analyse de la réalité d’une autre city- region, la Greater Manchester city-region, légèrement différente des autres cas d’étude.
Les MAAs, des contrats qui fixent des objectifs à atteindre
Comme nous l’avons montré en première partie de cette recherche, le développement des city-regions est étroitement lié à celui de nouvelles structures de gouvernance. En Angleterre se sont développés les MAAs (Multi Area Agreements) : ce ne sont pas des structures de gouvernance en tant que telles, mais des partenariats, des accords signés entre différentes parties. Ces contrats, au nombre de 15 en Angleterre à ce jour, semblent être adaptés à l’échelle des city-regions et apporter de bons résultats. Les MMAs seraient-ils une « méthode » de gouvernance adaptée à de tels territoires ? Les MAAs ont été mis en place en 2008 par le Gouvernement anglais, et sont des accords signés de manière complètement volontaire entre le Gouvernement Central, les autorités locales, et différents partenaires issus du secteur privé et public, tels les Quangos (Jobcentre plus, Homes and Communities Agency), des agences privées, des constructeurs immobiliers, etc. Il faut noter l’absence dans ces contrats d’instances représentatives de la population, telles que les associations. Les MAAs reprennent le rôle que jouent les LAA (Local Area Agreements) au niveau local, qui sont aussi basés sur des contrats entre le territoire (les City Councils), le Gouvernement Central, et des partenaires des secteurs public et privé.
Les MAAs sont de véritables contrats, et sont une manière d’obliger les différents acteurs à travailler ensemble ; ce sont des partenariats entre acteurs qui dépassent les limites des autorités locales. La liste des acteurs n’est pas imposée par l’Etat, et peut donc évoluer suivant le type de projet ou le territoire en jeu. Ces MAAs semblent donc correspondre aux méthodes de gouvernance voulues par les city-regions, qui réclamaient plus de flexibilité, et la collaboration d’acteurs issus d’horizons différents. politiques qui ont un impact sur la croissance -par exemple le transport, le logement ou l’emploi- à un niveau qui reflète l’empreinte économique géographique). Les MAAs ont donc surtout des objectifs économiques, même si des objectifs d’autre sorte (sociale ou environnementale par exemple) ne sont pas écartés. Ceci concorde avec le modèle que nous avons développé pour les city-regions, dans lequel ces espaces régionaux basaient surtout leur réussite et l’atteinte de leurs objectifs (global et local) sur un développement économique du territoire. Les MAAs constituent un partenariat, un contrat passé entre le Gouvernement Central et les autorités locales. Les différentes cibles des MAAs, en termes de marché du logement, de développement économique ou d’infrastructures de transport par exemple, sont définies par les autorités locales et leurs partenaires, en collaboration avec le Gouvernement Central. Pour l’Etat, ceci est un moyen de s’assurer que les questions de croissance économique, d’inégalités sociales et spatiales vont être abordées à l’échelle des city-regions ; en contrepartie, il s’engage à laisser plus de liberté et de flexibilité aux partenariats (www.communities.gov.uk, 2010).