L’art de paraître dans la politique
Machiavel s’est servi de la politique comme terrain de prédilection par le biais des bons conseils techniques puisés des situations réelles de son temps. Ici, nous n’ allons pas parler des sept arts libéraux des universités d’antan, à savoir la grammaire, la logique, la rhétorique qui formaient les cours d’études appelés trivium, ni du quadrivium composé de l’arithmétique, de la géométrie de la musique et de l’astronomie. Nous allons parler de l’art politique vu par Nicolas Machiavel. Comment le conçoit- il ? Il fit travailler Bramanté, Michel- Ange, Raphaël. Le Véconcile du Latran qu’il réunit (1512), ne réussit guère à réformer l’Eglise.
Nicolas Machiavel a stipulé des conseils contre les bons sentiments, mais il est aussi contre la violence. Il déroute les adeptes du droit comme ceux de la raison d’Etat.
L’auteur a l’audace de parler de vertu là ou il blesse la morale. Il est clair de ce fait que la base de la politique sans racine dans la rupture d’avec la morale antique. Ainsi la pensée politique de Machiavel marque le tournant de la conception antique de l’ordre politique, annonçant la remise en question de la sociabilité naturelle.
Le secrétaire florentin avait une connaissance concrète des réalités politiques de son pays. Une telle occasion lui avait conduit à penser sur le ce qui est, tout en prenant des leçons sur le passé, contrairement à Platon qui a pensé sur le ce qui doit être, en matière de politique. La cité platonicienne ne doit pas être confondue ave l’Etat moderne. Dans la cité de Platon, chacun doit s’occuper de sa place qui est naturellement la sienne : les paysans et les artisans, les guerriers et les gouverneurs, selon la classification suivante : la classe d’or, la classe d’argent et la classe de fer.
Les espèces de gouvernements
Le Prince, ouvrage dans lequel Machiavel livrait ses réflexions sur les moyens de gouverner les peuples, et son ouvrage théorique. Cette œuvre constitue un retournement de la respectif classique de la philosophie politique grecque. Rappelons que cette dernière se préoccupait principalement d’élaborer le meilleur régime politique possible, alors que Machiavel parle, en revanche, de la manière dont nous vivons et de la façon dont nous devrions vivre. Sur ce, le florentin élabore son projet qu’il présente comme une route nouvelle par rapport à celle des hommes politiques. Ce mode d’approche de l’histoire est une démarche radicalement neuve. Son souci est de concevoir des thèses qui rendent possible une connaissance de l’action humaine et plus spécialement de l’action politique.
Avec Machiavel, la première de ses thèses apparaît dans les Discours sur la première décade de Tite- Live. Cette thèse pose le problème de l’immuabilité du monde.
C’est peut- être la raison pour laquelle l’auteur du Discours dit que : En réfléchissant sur la marche des choses humaines, j’estime que le monde demeure dans le même état où il a été de tout temps et qu’il y a toujours la même somme de bien, la même somme de mal ; mais que ce mal et ce bien ne font que parcourir les divers lieux, les diverses contrées. D’après ce que nous connaissons des anciens empires, on les a tous vu déchoir les uns après les autres à mesure que s’alternaient les mœurs. Mais le monde était toujours le même.
Si le monde n’était pas constant, il serait impossible d’en engager des lois. Or la permanence de la quantité du bien et du mal dans le monde est l’une d’entre elles. Cette thèse rejoint les lois du mouvement que les savants italiens ont découvertes.
L’application du Machiavélisme
Concrètement, la politique se définit comme exercice du pouvoir qui possède un aspect technique. En ce sens, la politique est une pratique, par laquelle celui qui gouverne parvient à maintenir son autorité. Cette tactique suppose que le souverain se donne les moyens du pouvoir. Pour lui, l’art du paraître devant la foule, sous la forme d’une autorité capable d’imposer sa force sans pour autant être détesté, est conseillé. Cela montre que le prince effectue un constant calcul au nom d’une instance suprême. Il lui faut penser à la raison d’Etat car le prince doit conserver son Etat et tenir en respect les forces qui risquent de le dissoudre. Ainsi, le prince doit se servir du pouvoir, l’exercer au bon moment tout en tenant compte des circonstances, notamment profiter des occasions pour rehausser son autorité. En outre, la politique est l’acte d’organiser avec les circonstances pour maintenir sa force et administrer l’ordre de l’Etat. C’est ainsi qu’un souverain qui ne parvient pas à la hauteur d’efficacité ne peut pas se maintenir.
Il existe des stratégies pour se maintenir au pouvoir. Machiavel montre clairement que les hommes sont rivaux. De cela, il faut savoir gérer cette irrationalité des conflits humains pour régner. Il faut prendre les hommes tels qu’ils sont et non pas tels que l’on aimerait qu’ils soient et oublier à quel point ils peuvent être violents. L’Etat est un théâtre de conflits. Le prince se trouve ainsi dans la caverne du monde sensible, il ne vient pas du ciel intelligible. Il doit prendre les hommes tels qu’ils sont dans leur ignorance et leur orgueil. Ce n’est pas la raison qui permet de comprendre l’homme en société, mais ce sont plutôt ses appétits, ses désirs et ses passions. Ainsi le politique doit être conscient de la lutte du pouvoir, du fait que la politique se détermine en terme de rapport de force qu’il faudra gérer.
Légitimation du pouvoir
Le pouvoir politique doit s’exercer par l’intermédiaire d’un homme ou d’une assemblée d’hommes. Sa mission est d’assurer la cohésion sociale, la prospérité de l’Etat et le développement du régime. Tout cela n’est possible que si la condition de l’autorité du prince est établie. En sus, le pouvoir politique ne peut pas assurer sa mission en l’absence d’une autorité reconnue par le peuple. Le pouvoir politique se forme toujours à travers un processus par lequel il se dote d’un prince. Comment ce pouvoir se légitime-t-il ?
Dans certains pays, la tradition est une garantie suffisante pour le dirigeant au pouvoir. Ce qui fait que dans un pays où la tradition persiste, nous n’arrivons pas à faire la distinction entre les pouvoirs politiques. L’autorité, le chef, le prince, incarne tous les pouvoirs à savoir : le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif. Dans ce cas, le problème est d’ordre coutumier. Parce que la coutume veut que le pouvoir soit ainsi, comme c’est le cas de transmettre le pouvoir à un fils.
Le prince comme expression de la volonté fondatrice du pouvoir
La politique machiavélienne n’est qu’apparition, modèle de qualité. Cette politique nécessite un savoir- faire. Le prince doit avoir l’expression de la volonté fondatrice du pouvoir politique. Pour posséder cette expression de la volonté, il faut qu’il inspire tant de confiance à ces sujets, d’autant plus que ses propres troupes vivent ensemble. Le prince parvient à fonder son pouvoir politique facilement tout en répondant aux promesses pour mieux assurer la confiance et le succès. Tout cela s’obtient à partir d’une seule volonté. Cette volonté unique n’étant rien d’autre que la volonté fondatrice du pouvoir politique. Pour illustrer l’expression de cette volonté unique dans la conservation du pouvoir politique, prenons le cas de l’histoire de César Borgia. Il est réputé cruel, mais par sa cruauté, il eut l’avantage de réunir la Romagne à ses Etats et de rétablir, dans cette province, la paix et la tranquillité dont elle était privée. Sur ce point, Machiavel déclare clairement que : « Il faut établir comme règle générale que jamais ou bien rarement du moins, on n’a vu une république ni une monarchie être bien constituée des l’origine, ou totalement reformée depuis, si ce n’est par un seul individu ; il lui est même nécessaire que celui qui conçoit le plan fournisse lui seul les moyens d’exécution. »
Sous cette vision de Machiavel, nous remarquons que les leçons touchent le prince en matière de politique et non de morale ou de religion. Il convient que si l’auteur du Prince ne veut plus l’usage de ces deux notions à savoir la religion et la morale, il ne faut pas oublier que dans son livre pré- politique, il a ordonné aux princes d’y avoir recours quand elles sont nécessaires. En ce sens, il est à noter que les uns font de lui un démocrate sincère qui décrit les abus du pouvoir tyrannique, d’autres voient qu’il est un sadique, suppôt des tyrans qui prennent plaisir à la violence, à la cruauté et à l’injustice.
Table des matières
INTRODUCTION
Première partie L’EUROPE DE L’EPOQUE DE Machiavel
Chapitre I Mouvement des idées en Italie
I. Aperçu sur la situation à Florence
II. L’Etat de l’Italie au début du XVIè siècle
III. L’art de paraître dans la politique
Chapitre II ACTUALITE DU PRINCE
I. Les espèces de gouvernements
II. L’application du Machiavélisme
III. Le Destin de l’œuvre
Deuxième partie CONQUETE ET CONSERVATION DU POUVOIR POLITIQUE
Chapitre I PRISE DU POUVOIR
I. L’usage de la nécessité
II. Le Prince comme réalité en acte de la virtù
III. Le prince et l’usage de la fortuna
Chapitre II PRESENTATION DU POUVOIR
I. Légitimation du pouvoir
II. Le Prince comme incarnation de la force fondatrice du pouvoir
III. Le prince comme expression de la volonté fondatrice du pouvoir
Troisième partie Analyse de la Politique Machiavélienne
Chapitre I LA MODERNITE MACHIAVELIQUE
I. La vérité effective
II. Le Processus de la violence et de la Ruse
III. La Politique- lutte
I. La méthode machiavélienne
II. Le problème de la Fin et des Moyens
III. Portée et limite de cet Utilitarisme
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE