Cycle de réplication du VIH-2

Découverte et origine du VIH-2

En 1981, les praemiers cas d e SIDA sont décrits chez des homosexuels atteints de pneumocystose pulmonaire par Michael Gottlieb, à Los Angeles. En fin 1981, les premières données épidémiologiques indiquant que le SIDA était une maladie infectieuse transmissible par voie sexuelle et sanguine deviennent disponibles (*).
En 1983, Barre Sinoussi et al de l’équipe de Montagnier isolèrent le premier virus responsable du SIDA à partir des cellules ganglionnaires d’un homosexuel atteint de lymphadénopathie persistante et le nomment Lymphadenopathy Associated Virus (LAV). (Barre-Sinoussi et al. , 1983)
En 1983, l’équipe de Gallo publia l’isolement et la caractérisation du premier rétrovirus humain, Human T-cell Leukemia / Lymphoma Virus (HTLV-1) (Gallo et al. , 1983). L’existence du virus de l’immunodéficience humaine type 2 (VIH-2) a ét é évoquée pour la première fois par les travaux de Barin et al, en 1985 à partir de sérum de travailleuses du sexe du Sénégal et l’ont dénommé HTLV-4 (Barin et al. , 1985).
Mais ce n’est qu’en 1986 que le professeur Luc Montagnier et son équipe à l’institut pasteur, ont découvert le VIH-2 en collaboration avec les chercheurs et médecins de l’hôpital Claude Bernard (paris) et de l’hôpital Egas Moniz (Lisbonne) (Clavel et al. , 1986).
En mai 1986, un c omité international de nomenclature propose l’acronyme de VIH-1 pour le premier virus et VIH-2 pour le deuxième virus.
Le VIH-1 est le virus responsable de la pandémie du SIDA. Son code génétique est trop éloigné de celui du VIH-2 pour penser qu’il dérive par simple mutation (Montagnier, 1993).
De nombreuses études sur les origines du VIH ont montré des liens avec des virus simiens. La phylogénie moléculaire a montré d’évidentes transmissions de virus du singe (Peeters et al. , 2003). Pour le VIH-2 il s’agit du virus (S IVsm) vers l’homme du fait de leurs multiples relations de cohabitation et de parenté génétiques (Peeters et al. , 2003). Plusieurs études ont été effectuées pour savoir le processus de transmission des SIV vers les humains. L’évidence suggère que cela s’est passé plusieurs fois. Plusieurs VIS ont été identifiés jusqu’à ici, y compris un chez les chimpanzés (SIVcpz) qui est le plus proche du VIH -1, le virus qui s’est propagé dans le monde entier.
*Center for Disease Control, 1981
Un virus simien différent qu’on trouve chez les Sooty mangabeys monkeys (Cercocebus atys), les petits singes verts d’Afrique (SIVsm), est le plus proche du VIH-2, un v irus qui a peu contribué à la pandémie globale en dehors de l’Afrique Occidental (Hirsch et al. , 1989 ; Gao et al. , 1999 ; Bock et al. , 2001 ; Lemey et al. , 2002 ; Jackson et al. , 2004 ; Santiago et al., 2005 ).

L’épidémie du VIH-2

Dans le monde

La progression de la pandémie du SIDA demeure stupéfiante lorsqu’on considère l’ensemble de la planète. On estime qu’en 2005, 38,6 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde. Les estimations établies font état de 4,1 millions de nouveaux cas d’infections et 2,8 millions de décès imputables au SIDA (*).
Les deus types de virus co-existent avec une nette prédominance pour le VIH-1. Cependant le VIH-2 demeure élevé en Afrique de l’Ouest et dans les anciennes colonies portugaises (Mozambique et Angola) (Ariyoshi et al. , 2000).
 En Amérique du Nord, Europe Occidentale et Europe central
Dans l’ensemble de ces régions, on compte à 2,0 millions le nombre de personnes qui vivent avec le VIH (*).
La présence du V IH-2 en Amérique du N ord est suffisamment rare pour que les autorités fédérales pensent qu’il est inutile, aux Etats-Unis, de tester les dons de sang contre le virus de l’immunodéficience humaine VIH-2. Cependant le VIH-2 est relativement fréquent dans la plupart des pays de l’Europe de l’Ouest (Soro et al. , 1993).
 Les Caraïbes
On constate avec regret que dans de nombreux pays des Caraïbes, l’absence d’une rigoureuse surveillance de la progression du virus nuit à une claire évaluation des récentes tendances épidémiologiques. Le VIH-2 est également fréquent dans cette région (Soro et al. , 1993 ; *).
 En Asie
Dans ce deuxième pays la plus peuplé au monde, l’organisation nationale de lutte contre le SIDA, (National AIDS Control Organisation) estimait à 5,2 millions le nombre de personne âgé de 15 à 49 ans qui vivaient avec le VIH en 2005. Des cas de diagnostics concernant le VIH-2 n’ont pas été reportés dans ces pays (*).

En Afrique

L’Afrique, en particulier au sud du Sahara est la région la plus touchée par le VIH / SIDA et en particulier par le VIH-2.Ce virus de l’immunodéficience humaine est répandu dans toute l’Afrique de l’Ouest, son épicentre étant la guinée Biseau (Soro et al. , 1993 ; Arioyoshi et al. , 2000).
Un peu plus de la moitié de la population mondiale vit en Afrique Subsaharienne soit 24,5 millions de personnes On estime à 2,7 millions le nombre de personnes récemment infectées dans la région et à 2,0 millions celui des adultes et des enfants décédés après avoir contracté le SIDA (*).

Au Sénégal

Les résultats du système de surveillance de l’infection à VIH par sites sentinelles du Sénégal ont montré une épidémie de type concentré avec une circulation du VIH-1 et du VIH-2. Dans l’ensemble des sites, on note une prédominance du VIH-1 par rapport au VIH-2 avec quelques cas de double infection (Soro et al. , 1993)
La prévalence du VIH-2 était généralement plus élevée que celle du VIH-1 dans les groupes sentinelles. Mais depuis 1994, on observe une inversion des tendances entre VIH-1 et VIH-2 (*). Au Sénégal, le processus épidémique repose principalement sur le commerce du sexe et le danger éventuel réside dans une rapide propagation du VIH au-delà des professionnel (le) s du sexe et de leur clientèle vers les populations moins exposées aux risques. Depuis une dizaine d’année, on constate que la prévalence du VIH se maintient à u n niveau élevé parmi les professionnelles du sexe (20% à Dakar et 30% à Ziguinchor). En 2005, on e stime que la prévalence nationale s’élevait à 0,9%, bien qu’une étude ait, elle, contribué à établir qu’elle atteignait prés de 3% parmi la population adulte dans le sud du pays (*).
Chez les travailleuses du sexe, on note une prévalence plus élevée à Ziguinchor (29%) avec une prévalence du VIH-2 à 11% (*).

Les modes de transmission du VIH-2

L’infection par le virus du SIDA est une maladie transmissible mais seulement par les véhicules bien identifiés que sont le sang et les secrétions sexuelles.
* Données épidémiologiques de VIH/SIDA au Sénégal 2004/2005
On distingue ainsi trois modes de transmission du VIH-2 tout comme le VIH-1 : la transmission sexuelle, la transmission sanguine et la transmission maternofoetale (Montagnier, 1993 ; Garrait et al. , 2000).
 La transmission sexuelle
C’est le mode de contamination le plus fréquent : 80% des infections ont été acquises lors de rapports sexuels non protégés avec un (e) partenaire contaminé (e).
Pour un rapport vaginal avec un partenaire séropositif, le risque de transmission est évalué à moins de 0,1%. Ce risque est augmenté par certains facteurs comme : partenaire avec une charge virale élevée, partenaire en phase de primo-infection, la présence de lésions génitales… (Garrait et al. , 2000).
La transmission par voie sexuelle est de la même efficacité pour le VIH-2 que pour le VIH-1 (Kaki, 1992 ; Soro et al, 1993), mais des études ont montré que le risque de transmission sexuelle du VIH-2 est cinq fois plus bas que celui du VIH-1. Ceci s’explique par le fait que la charge virale des secrétions cervico-vaginales est de 16% de particules HIV-2 infectantes et de 36,4% de HIV-1 infectantes (Bock et al. , 2001).
Il existe des données qui montrent que le risque de transmission de l’homme à la femme est plus important que dans le sens femme – homme (Griensven et al. , 1989).
En Amérique du Nord et en Europe, la maladie touche principalement les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes. (Griensven et al. , 1989 ; Gayle et al. , 2001 ; McGarrigle et al. , 2005)
Contrairement à l’Europe et l’Amérique du Nord, la transmission hétérosexuelle représente le mode de transmission dominant en Afrique et dans les pays tropicaux. (Griensven et al. , 1989 ; Montagnier, 1993 ; Jackson, 2004 ;). Cependant une étude effectuée à Dakar montre que les MSM (Men who have Sex with Men) participent fort à la transmission de la maladie. C’est ainsi qu’en 2000, ils ont dénombré 250 MSM à Dakar (Wade et al. , 2000).
Les contacts oraux – génitaux (fellation et cunnilingus) peuvent théoriquement transmettre le VIH s’il existe des lésions dans la bouche ou sur le sexe.
 La transmission sanguine
Elle concerne quatre groupes de populations : les toxicomanes intraveineux, les hémophiles, les transfusés, les professions médicales et paramédicales.
La contamination par échange de seringues chez les toxicomanes est le principal mode de transmission après la transmission sexuelle (Garrait et al. , 2000).
Ces utilisateurs de drogues par voie veineuse constituent, après les homosexuels masculins, le deuxième grand «groupe à risque» des pays Occidentaux (Etats-Unis et Europe) (Griensven et al. , 1989).
Par contre, en Afrique Subsaharienne, l’utilisation des drogues intraveineuses n’est pas fréquente et ce mode de transmission n’a probablement pas contribué énormément à la propagation du VIH (Jackson, 2004).
La transmission accidentelle par inoculation chez le personnel soignant en cas d’accident d’exposition au sang est estimée à 0,3%. Des cas exceptionnels de contamination de patients par des professionnels de santé porteurs du VIH (chirurgien et dentiste) ont également été rapportés (Garrait et al. , 2000)
 La transmission maternofoetale
La transmission a lieu essentiellement dans la période périnatale. Le risque de transmission par allaitement maternel est estimé à 10%. Le risque de transmission maternofoetale augmente si la mère est à un stade avancé de l’infection, si le taux de lymphocytes CD4 est faible, si la charge virale plasmatique est élevée (Montagnier, 1993 ; Garrait et al. , 2000 ; Gayle et al. , 2001).
Une étude en Afrique de l’Ouest démontre que la transmission du V IH-2 de la mère à so n enfant est possible mais rare (Silva et al. , 1998).
Une étude montre que cette transmission existe mais est plus faible que celle du VIH-1 (Silva et al. , 1998).
Il a été démontré que l’administration de la Zidovudine (ZDV / A ZT) peut éviter la transmission maternofoetale (Bardeguez et al. , 2003) et peut réduire jusqu’à 68% de la transmission mère enfant (Gayle et al. , 2001).

La particule virale (VIH-2)

Morphologie et Structure du VIH-2 (Figure 1)

Il s’agit de virus enveloppés, se formant par bourgeonnement à la surface des cellules. En microscopie électronique, il se présente schématiquement sous la forme de particule de 80 à 120 nanomètres de diamètre avec un core excentré et une enveloppe avec des spicules. Ce core central est formé de deux molécules d’ARN simple brin et de trois protéines : une protéine interne majeur (p26), une protéine plus interne (p12) associée à l’ARN et qui est souvent subdivisée en deux sous unités (p7 et p9) et une protéine plus externe appelée protéine de membrane ou de matrix (p16), à laquelle est associée une enzyme virale : la protéase. Par ailleurs, le core viral contient des molécules de transcriptase inverse (RT) et d’intégrase (Brun-Vezinet et al. , 2000).
Autour de cette nucléocapside se trouve l’enveloppe virale, formée d’une double couche lipidique d’origine cellulaire et deux glycoprotéines virales (gp). La glycoprotéine transmembranaire (gp36) traverse la double couche lipidique ; elle est attachée par des liaisons faibles non covalentes à la glycoprotéine d’enveloppe externe (gp 140), qui fait saillie à l a surface du virus sous forme de spicules (Alizon et al. , 1989 ; Montagnier, 1989 ; Brun-Vezinet et al. , 2000 ).
Figure 1 : Structure du VIH-2 (Brun-Vezinet et al. , 2000)

Organisation génomique du VIH-2

L’organisation génétique des virus VIH-1 et VIH-2 est plus complexe que tout autre virus animal (Franchini et al. , 1989).
Le génome rétroviral est constitué de deux molécules d’ARN simple brin de même polarité que les ARN messager soit (+). Cet ARN compte plus de 9700 nucléotides. Ces ARN, associés de façon non covalente peuvent tous deux servir de matrice pour la synthèse de la forme d’ADN du génome rétroviral, effectuée par les enzymes virales : ADN polymérase, ARN dépendante ou transcriptase inverse et ribonucléase H. Une partie de cet ADN viral peut, après migration dans le noyau, être intégrée dans le génome de la cellule hôte par une activité endonucléasique, également contenue dans les particules virales. C’est cette forme intégrée du génome viral que l’on appelle provirus (Alizon, 1989).
A chaque extrémité, le provirus présente des répétitions terminales de certaines séquences, appelées en anglais « Long Terminal Repeat » qui ont un rôle capital dans l’intégration et le contrôle de la transcription des gènes du provirus. Les LTR sont composés de trois régions : U3, R et U5, R étant présent à chaque extrémité des deux copies d’ARN dans le virus.

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