CULTURE DE LA VANILLE
Système de culture du vanillier
On peut considérer trois grands systèmes de culture du vanillier, le « sous-bois » où l’on compose avec une écologie bien établie (de type forêt), le « semi-intensif » où l’on essaye d’améliorer des points faibles du système précédent (ombrage et tuteurs) et le système « intensif » où l’on essaye de créer et de gérer des conditions optimales de culture (ombrage, alimentation et irrigation). Les systèmes « sous-bois » et « semi-intensif » ne peuvent être entrepris que dans l’aire écologique naturelle du vanillier ; ils conviennent aussi bien à des petites surfaces qu’à des grandes et sont particulièrement adaptés à des projets de plantation à vocation agro-touristique et/ou production « naturelle » (production biologique, production à labels…). Le système intensif permet quant à lui d’élargir la zone de culture (et notamment de permettre l’implantation de vanilleraies dans des zones plus sèches) ; il convient particulièrement à des projets où les surfaces potentielles d’extension sont limitées et/ou le coût élevé de la main d’œuvre est un facteur limitant. Ses systèmes comportent leurs avantages mais leurs inconvénients, il convient pour ces raisons de les appréhender pour mieux les gérer avant de faire un choix durable de systèmes de culture du vanillier.
Système de culture en sous-bois
L’exploitation du vanillier sous un couvert végétal naturel non implanté volontairement à des fins d’ombrage pour ce même vanillier est pratiqué dans de nombreuses zones de production, c’est probablement le système le plus utilisé puisque le plus économique. Il s’apparente à un système de culture dit traditionnel de sous-bois. Le vanillier trouve en général dans cette écologie toutes les conditions propices à sa culture : ombrage, matière organique issue de la décomposition des feuilles et branchages du couvert végétal, hygrométrie… Ces conditions peuvent cependant varier notablement en fonction de la saison et du type de sous-bois. Il est pour ces raisons indispensable d’intervenir régulièrement dans ces vanilleraies afin de compenser ou d’éviter une dérive de ces conditions optimales de culture. L’ombrage : C’est probablement l’aspect le plus contraignant de ce système de culture. L’excès d’ombre provoque l’étoilement. En forêt trop dense (taux d’ombrage et d’humidité trop importants), le vanillier produit des tiges et des feuilles en abondance au détriment de la floraison et de la fructification. A contrario, un excès d’ensoleillement et une ventilation trop importante et desséchante lui sont également défavorables. Le vanillier trouve finalement des conditions optimales de croissance et de floraison dans des sous-bois assez clairs (lumière tamisée, la présence d’une strate herbacée est un bon indicateur de luminosité idéale), ventilé (sans qu’il le soit trop) et où la chaleur n’est pas excessive. Les tuteurs : Dans ce système de culture l’arbre-support (tuteur) du vanillier est naturellement choisi en fonction des essences composant le sous-bois. Le vanillier est alors placé dans des conditions de vie semiépiphyte analogues à celles de sa vie spontanée. Cependant et afin de rationaliser sa culture il convient de choisir ces tuteurs en fonction de leurs formes (présence d’une fourche pour le bouclage), de la densité d’ombrage qu’ils [12] procurent (et donc de l’éventuelle possibilité de taille), de leurs enracinements (et donc de leur résistance aux vents violents) et des spécificités de l’espèce (écorce pérenne, nonphytotoxicité de l’humus…). En fonction de la densité d’implantation de ces arbres, un défrichage sélectif devra être effectué afin d’assurer une bonne circulation d’air dans la parcelle. L’alimentation : Même en sous-bois le vanillier peut manquer de nourriture. Gestion agroécologique : Cette gestion de la vanilleraie est d’autant plus importante que les conditions de culture du vanillier en sous-bois changent notablement en fonction des saisons et des conditions climatiques.
Système de culture semi-intensif
Ce système de culture doit permettre de mieux maîtriser l’ombrage du vanillier par le choix d’un tuteur adapté. Un aménagement de la parcelle est donc nécessaire afin d’implanter ce tuteur à une densité précise. Le défrichage s’avère donc indispensable, les arbres de valeur (essences forestières ou fruitières) sont cependant conservés, ils apporteront un complément d’ombrage non préjudiciable à la culture du vanillier. Le choix du tuteur est donc primordial dans ce système de culture. L’expérience montre qu’une espèce de rapport (café, cacao, arbres fruitiers…) n’est pas la meilleure solution notamment à cause d’itinéraire technique (taille ou non-taille, traitement, récolte…) incompatibles. Divers tuteurs peuvent être choisis, ils doivent cependant répondre à ces exigences : il doit être de multiplication aisée (par bouturage de préférence), l’enracinement doit être profond, il doit supporter les tailles successives, il ne doit pas perdre son écorce, il doit être robuste afin de porter le vanillier, il ne doit pas héberger de maladies (ou ravageurs) transmissibles au vanillier, son bois de taille doit pouvoir servir d’humus au vanillier… Peu d’espèces répondent à toutes ses exigences, notre choix portera sur le Gliricidia, espèce qui a fait ses preuves en tant que tuteur du vanillier dans de nombreuses contrées.
Système de culture intensif
Les conditions naturelles rencontrées en sous-bois répondent en grande partie aux exigences du vanillier. Le tuteur n’est cependant pas toujours adapté à une exploitation rationnelle (taille, densité d’implantation réduite…). L’ombrage n’est pas toujours adéquat ou du moins difficilement maîtrisable. Quant aux besoins en eau, ils ne sont pas toujours couverts. La culture du vanillier en système intensif – englobant un ombrage artificiel, des tuteurs morts et un système d’irrigation d’appoint – permettent de répondre précisément et durablement aux exigences du vanillier. L’ombrage : La qualité de l’ombrage est de toute première importance, l’ombre doit être régulière et précise. Une structure d’ombrage réalisée avec des feuilles de palmier est difficilement maîtrisable et incompatible avec la « durée de vie d’une plantation »3 . En fonction des conditions climatiques, cet ombrage naturel devrait être renouvelé 1 à 2 fois par an. Les filets d’ombrage en polyéthylène semblent être mieux adaptés, bien que plus coûteux. Il convient pour la culture du vanillier de choisir un ombrage de 60 %. Le filet doit être garanti par le constructeur « traité U.V. », le fil composant les œillets sur les côtés du filet doit l’être également. La durée de vie donnée par les constructeurs est de l’ordre de 10 ans. Au fil du temps, le filet s’altère tout de même, il perd environ 1% d’efficience par an. Ce qui ne semble pas être un facteur limitant pour le vanillier, même au bout de 10 ans. Les bacs à substrat de culture : Les bacs à substrat sont installés à même le sol à condition que ce dernier soit drainant (sinon il convient de réaliser un drainage au fond avec du gravier). Ces bacs servent à contenir le substrat de manière à ce que les 2 lianes de vanillier disposé sur chaque tuteur disposent d’environ 1.3 – 1.5 m² (dépend de la densité de plantation) de surface autour de lui. La hauteur de ces « bacs » est de l’ordre de 20 cm (l’épaisseur du substrat étant de 10 cm). Ils peuvent être par exemple réalisés à l’aide de bordure en pin traité, d’un grillage rigide maintenu et coincé entre deux fers à béton, de bambou, d’un tressage de branchage…
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