CRISES ET VIOLENCES DANS LES UNIVERSITES AFRICAINES

CRISES ET VIOLENCES DANS LES UNIVERSITES AFRICAINES

 SITUATION DES UNIVERSITES AFRICAINES 

En faisant le tour d’horizon de l’enseignement supérieur public africain, nous sommes frappé par l’amertume constat d’un continent « incapable de se préparer à profiter de l’expansion des frontières de la connaissance » . Ce qui donnera l’occasion pour certains auteurs de poser le débat en ces termes : l’Afrique face à sa laborieuse appropriation de l’Université, au moment où d’autres s’interrogent sur les moyens idoines de doter l’Afrique d’universités adaptées aux besoins de l’économie. Cette situation guère reluisante découle d’un long processus historique. De 1960 à 1970, l’enseignement supérieur africain a reçu une place privilégiée dans le secteur de l’éducation formelle. Pendant cette période faste, ce dernier a beaucoup profité des accords dits de coopération en matière d’enseignement supérieur entre les pays du Nord et ceux d’Afrique nouvellement indépendants. C’est dire que «profondément conscients de leur dépendance à l’égard de l’étranger dans le domaine de la connaissance, les gouvernements africains ont dépassé sans compter pour les universités. La population souhaite vivement donner à ses enfants une formation supérieure et les gouvernements ont répondu à cet appel. Les subventions publiques ont atteint un tel niveau que les coûts directs de l’enseignement supérieur sont devenus presque nuls pour les particuliers, ce qui a renforcé la demande. » A la suite du processus d’africanisation des universités, leur sort a été étroitement lié à celui des Etats, ce qui a aussi déterminé le type et le niveau de financement disponible ainsi que le degré d’autonomie institutionnelle et de libertés académiques. L’écroulement de nombreuses économies nationales, à partir du début des années 1970, et la déstabilisation des structures sociales a débouché sur la crise prolongée de plusieurs institutions y compris celles de l’enseignement supérieur. A partir des années 1980, et à la suite de l’adoption des programmes d’ajustement structurel, la situation des institutions a empiré lorsque l’enseignement supérieur a perdu du terrain en faveur de l’éducation de base sous la direction et le diktat de la Banque mondiale.  En définitive, les « universités cl Afrique noire sont en panne : Explosion démographique, années blanches, grèves, dissolution, grève du zèle rampantes des enseignants, pénurie documentaire, fuite des compétences, réduction des allocations publiques, vieillissement du corps enseignant, misère pédagogique et logistique forment le lot quotidien de dizaines de milliers d’étudiants et de professeurs. Présence de possibilités en ligne, migrations universitaires, ouverture au secteur privée ( réduite au regard de l’Afrique centrale) confirment encore le sentiment d’une . fin d’époque, celle des Universités —phares des sociétés nationales africaines » 

 MANQUE D’AUTONOMIE DES UNIVERSITES AFRICAINES 

La notion d’autonomie a suscité beaucoup de réflexions dans l’espace académique africain. Pour les besoins de notre étude et dans le souci de clarification, il convient de définir cette notion, afin de montrer sa portée et ses limites dans le contexte éducatif actuel. Elle peut être définie comme « le droit pour une institution universitaire de choisir son personnel, sélectionner ses étudiants, définir ses programmes, établir ses propres normes pour la qualification à ces programmes, et décider de la façon qu’elle utilisera ses ressources dans le contexte de son mandant éducationnel » aa En d’autres termes, il s’agit de la situation statutaire des établissements d’enseignement dotés de la personnalité juridique, de disposer de pouvoirs propres en matière d’organisation interne et de gestion financière, dans le cadre général des lois et règlements et ceci sans pour autant, sortir de l’Education nationale. Bref, de donner plus de latitude aux universitaires dans la mise en place de politiques destinées à améliorer l’enseignement supérieur et permettre aux universités d’atteindre les objectifs qui leur assignés. Cependant, force est de constater que sur le plan organisationnel le système universitaire francophone caractérisé par une forte centralisation laisse peu de place à la  créativité et à l’instauration de la collégialité dans la prise de décision, alors que le système de anglophone reste paralysé par ses multiples comités qui ralentissent la procédure des de autorités prise décision. Le plus frappant dans ces deux systèmes reste, sans doute, l’ingérence nationales dans les choix des principaux responsables de l’administration universitaire comme dans la définition des politiques, le choix des doyens et des chefs de département par exemple. Ce qui, par conséquent, ne permet pas à ces responsables de bénéfer du respect qui aurait pu servir de base solide pour l’établissement de relations favorables au travail. Alors qu’aux termes de l’article 11 de la déclaration de Kampala sur la liberté intellectuelle et la responsabilité sociale «les établissements d’enseignement supérieur doivent être indépendants de l’Etat ou de toute autre autorité publique dans la conduite de leurs affaires, y com ris leur administration et la mise en place de leurs programmes universitaires, p d’enseignement et de recherche et autres programmes connexes » Et l’article 12 de bien confirmer et de définir les cadres et contours de l’autonomie universitaire en stipulant que « l’indépendance des établissements d’enseignement supérieur doit être exercée par des moens démocratiques d’autogestion nécessitant la participation active de tous les membres y de la communauté universitaire concernée » Sur le plan de la gestion des ressources (humaine, matérielle et financière), les budgets de l’enseignement supérieur public ont, soit, stagné, soit connu une chdes ute vertigineuse notamment après la dévaluation du franc CFA survenue en 1994, avec imacts dévastateurs sur tous les aspects de la vie et du travail universitaire alors que les p institutions universitaires africaines ne disposent pas, dans leur majorité, de ressources extrabudgétaires qui puissent leur permettre de construire de nouvelles infrastructures en vue d’accueillir la vague déferlant des étudiants, d’assurer l’entretien des rares nouvelles constructions et d’arrêter l’hémorragie de la fuite des cerveaux. Autrement dit, il n’existe s à proprement parler, de contrats de recherche et d’expertise avec les entreprises industriel pa les, les communes, les organismes nationaux et internationaux. Les institutions universitaires publiques africaines dépendent exclusivement des Etats qui sont- et resteront probablement longtemps encore-la principale source de financement des dépenses d’éducation ( plus de 80 % ), même si les collectivités locales, l’aide publique au développement, les ONG, les agences de coopération internationale et les ménages sont de plus en plus impliqués dans le financement des infrastructures, du mobilier, du matériel didactique, etc. Par ailleurs, le cas de L’UCAD ne diffère pas beaucoup de celui des autres pays. Pas plus que les autres universités nationales, elle souffre d’un manque caractéristique d’autonomie causé principalement par ce que SOULEYMANE NIANG, aucun Recteur de L’UCAD, appelle une « extension progressive de l’espace politique national sur le campus et une tentative persistante de son application durable sur l’espace académique » C’est dire que chaque parti politique essai d’avoir le maximum de membres chez les étudiants et les professeurs. Ce qui aboutit, par conséquent, à des manifestations politisées c’est-à-dire parrainées, dictées et conditionnées par des appartenances partisanes. Les partis politiques se contentent d’accompagner le processus des mouvements de grève pour en tirer profit et participer à la solution finale. Il s’agit, pour, la plupart de ceux que nous avons interrogés, classe politique, du gouvernement qui dicte au Recteur la politique à de savoir si oui ou non L’UCAD dispose d’une autonomie d’action, nous avons obtenus. Tableau 3 : L’UCAD est-elle autonome ? d’une « influence de la adopter » A la question voici les résultats que TOTAL 100 Sur les cents ( 100 ) étudiants que nous interrogés, trente cinq ( 35 ) estiment que L’UCAD est autonome, alors que les soixante cinq ( 65 ) restants ne la sentent pas. Ainsi au vu de ces résultats, l’on ne peut être frappé que par le chemin qui reste à parcourir pour que L’UCAD puisse asseoir les bases d’une concertation démocratique par rapport aux choix du personnel administratif et disposer d’une plus grande liberté de manoeuvre et d’action pour faire face aux problèmes auxquels elle est confrontée, sans l’aide substantielle et attendue de 45 l’Etat. Autrement dit, de parvenir à trouver des solutions et à satisfaire les plates-formes revendicatives des étudiants et des professeurs ou à défaut de cela jouer le rôle de médiateur entre l’Etat et ces derniers. Malheureusement tel n’est pas le cas, car que se soient pour les étudiants ou les professeurs le seul interlocuteur légitime, à leurs yeux, reste l’Etat. Ce qui met, par conséquent entre parenthèse l’autonomie de L’UCAD dans un contexte de mondialisation économique et démocratique. 

LA PRIORITE DE L’EDUCATION DE BASE AU DETRIMENT DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR OU LE DIKTAT DE LA BANQUE MONDIALE 

La fragilité des économies nationales africaines constitue un frein pour les gouvernementS africains d’actualiser les contenus de leurs politiques et reformes éducatives, il a fallu donc l’aide et le support des institutions internationales. Ainsi les autorités politiques, sous la pression de la coopération bilatérale et multilatérale, la société civile et même les organismes de bienfaisance se trouvent à isoler l’enseignement supérieur en remettant en question sa fonction de participer au développement durable des sociétés africaines. Pour ce faire, les stratégies mises en oeuvre étaient de restructurer les ressources allouées aux différents secteurs de l’éducation, avec comme objectif de restreindre celles de l’enseignement supérieur au profit de l’enseignement de base pour transformer l’économie de base et promouvoir la réduction de la pauvreté. L’université d’Etat africaine se trouve ainsi acculée à ses derniers retranchements. Même des cours par correspondance et autres institutions privées commerçantes en arrivent à lui ravir le peu de crédibilité qui lui reste. En outre, la pression des institutions internationales perdure malgré la levée de l’interdit à la suite d’une décision conjointe de la Banque mondiale et de l’UNESCO datant de 1997. Au Sénégal « parmi les formes institutionnelles visant à rationaliser l’intervention de l’Etat clans l’économie et à rendre la croissance saine et durable, figure la restructuration du budget en faveur d’un certain nombre de secteurs considéré comme prioritaires. Cette ré 46 allocation des ressources publiques cible particulièrement les soins de santé primaire et l’enseignement primaire » En ce qui concerne l’enseignement élémentaire l’objectif fondamental est d’atteindre un taux de scolarisation, des enfants de 7 à 12 ans, de 100% pour l’an 2008. Les différents objectifs ont été définis dans le cadre du Programme de développement de l’éducation et de la formation PDEF.) La réalisation d’un tel objectif passe par une ré allocation effective des ressources de l’Etat en faveur de l’enseignement élémentaire dont le financement doit s’élever à 49% du budget de l’Education nationale. Par contre, les objectifs de l’enseignement supérieur s’articulent autour de trois axes : rendre la formation plus performante, moins coûteuse et plus adaptée aux besoins de l’économie nationale. Pour atteindre ces objectifs des mesures telles que le contrôle de l’accès des nouveaux bacheliers à l’université, la gestion rationnelle des effectifs et la maîtrise des coûts sociaux doivent être prises. Ainsi, le tableau qui va suivre montre la relation de concurrence entre les secteurs de l’éducation notamment l’élémentaire et le supérieur quant aux dépenses publiques courantes.La période allant de 1992 à 1995 est marquée par une tendance fortement ascendante où les dépenses publiques de fonctionnement dans le supérieur passent de 19,3 à 24,4 milliards de francs, soit une hausse de 5,6% en quatre ans. L’année 1994-1995 connaît la plus grande part du budget jamais égalée, l’explication peut provenir de la dévaluation du franc CFA à cette date. La deuxième période allant de 1996 à 2002 marque un renversement de tendance qui voit les dépenses publiques courantes de l’enseignement supérieur tomber de 24,4 à 9,6 milliards de 48 francs (1996-1998 ), pour ensuite connaître une légère hausse de 10,2 à 12,7 milliards qui est de loin infériCUlt aux dépenses de (1992-1995.) D’où des baisses remarquables de 16,6% pour la période (1995-1997) et de 13,1% (1995-2002.) En outre, une légère hausse de 3,5% durant la période (1997-2002) est à noter. Par contre, l’évolution des dépenses publiques de l’enseignement primaire est croissante — à part les années 1993 et 1995 — avec une hausse de 4,3 %. Et par extension, des baisses peu significatives de 1% et 1,4% respectivement pour les années 1993 et 1995. Par ailleurs, même pendant ces années, les dépenses publiques de l’enseignement supérieur ont été elles- aussi réduites, correspondant plus précisément aux périodes pré et post- dévaluation du franc CFA à 50%. Au regard de ce tableau, nous pouvons dire que ces évolutions expriment la relation de concurrence qu’entretiennent les deux niveaux d’enseignement dans la répartition des ressources publiques d’éducation. Ainsi, autant le gouvernement a investi des sommes importantes dans le paiement des bourses aux étudiants et des salaires substantiels aux enseignants jusqu’au début des années 1990, autant il a par la suite réduit la part du budget de l’enseignement supérieur. Par conséquent, plus la part des dépenses allouées à l’enseignement supérieur est élevée, plus celle allouée à l’enseignement élémentaire est faible. Et un niveau de financement équitable et suffisant des dépenses de fonctionnement de ce dernier soussecteur, requiert donc un ajustement à la baisse de la proportion des ressources publiques du supérieur. En d’autres termes, depuis le début des années 1990 et depuis que les gouvernements sénégalais se sont assigné comme tâche de scolariser tous les enfants en âge d’aller à l’école, l’enseignement élémentaire est devenu la priorité du système éducatif : construction de nouvelles salles et écoles dans les coins les plus reculés, scolarisation des jeunes filles, achat de fournitures et mobiliers, recrutement en masse des vacataires et volontaires de l’éducation pour ne citer que ceux-là constituent les seuls points qui peuvent avoir un financement conséquent de la part des bailleurs de fonds. Ce qui veut dire qu’avec ces écarts entre les dépenses publiques allouées à l’élémentaire et au supérieur ( notamment quatre fois supérieures ) l’objectif visé était de faire exister les institutions de cc dernier en raison de leur viabilité et de leur efficience. Par viabilité on entend qu’elles doivent être amenées à produire pour le marché et à s’autofinancer, d’où 49 l’introduction du partage des coûts. L’efficience, quant à elle, signifie simplement qu’il faut amener ces institutions à réviser leurs programmes d’études pour les adapter aux produits destinés au marché. Ces politiques de la Banque mondiale et du FMI s’agissaient d’une attaque contre les formes supérieures de savoir et de recherche, plus particulièrement les connaissances théoriques. 

NON-RESPECT DES FRANCHISES ET LIBERTES UNIVERSITAIRES 

La question des franchises et libertés universitaires est restée suspendue sur toutes les lèvres pour dire qu’elle est devenue un fait social en ce qu’elle permet aux étudiants, au personnel d’enseignement et de recherche et ‘au personnel administratif, technique et de service de mener à bien leur travail, de se sentir en sécurité et de surcroît à garantir le niveau du débat intellectuel en dehors de toute contingence extérieure. La présence de régimes dictatoriaux et la persistance des conflits armés ne facilitent guère le respect des franchises et libertés académiques, dans la mesure où pendant que certains universitaires s’identifièrent aux aspirations démocratiques, d’autres ont même aidé leurs gouvernements à martyriser leurs peuples et sont devenus les avocats du changement non démocratique. C’est dire que dans certains pays l’intellectuel, s’il ne se range pas du côté du pouvoir en place, est considéré comme un ennemi. Pendant longtemps, la culture du silence, de la peur et de la trahison a prévalu dans les institutions d’enseignement universitaire notamment au Malawi. En effet. à des degrés divers, partout dans le continent, les institutions d’enseignement supérieur et en particulier les grandes universités publiques, ont activement participé aux luttes contre l’autoritarisme et le déclin de la vie nationale et sociale, et pour l’ouverture de l’espace démocratique. Au cours des années 1970, 1980 et 1990 et même au début du XXIéme siècle un grand nombre de campus universitaires au Nigeria, au Sénégal, au Ghana, au Cameroun, en République démocratique du Congo, au Bénin ( où les autorités politiques ont fermé l’université nationale pendant un bon bout de temps ) et au Mali parmi beaucoup d’autres, ont été la scène d’affrontements avec l’armée et la police, qui se sont parfois soldés par des morts et des blessés graves. Le calendrier universitaire a, à plusieurs reprises, été interrompu par des grèves dans divers secteurs de la communauté des institutions de 50 l’enseignement supérieur et par la fermeture des établissements par les autorités. De même, pendant ce temps, des universitaires ont été menacés, intimidés, persécutés, bâillonnés ou tout simplement jetés en prisons. Par conséquent, ceux qui sont enclin à respecter leurs principes et aspirations idéologiques se voient priver d’une position leur permettant de faire connaître leur point de vue. Et ceux qui collaborent avec les autorités publiques, cessent volontairement de s’exprimer pour l’obtention de promotions, voyages d’étude, congés sabbatiques, etc. Par ailleurs « aux prises avec une multitude de forces hostiles qu’elle a, elle-même, déchaînées, la classe politique africaine opère avec une mentalité (le siège qui la rend de plus en plus nerveuse, intolérante, autoritaire et répressive. Ainsi, nous nous trouvons devant un environnement politique particulièrement hostile à la liberté académique. Il en est ainsi d’autant plus que l’Ela’ post colonial n’a pas encore réussi à institutionnaliser certains aspects comme, en particulier, le respect -de la loi, la séparation des pouvoirs et l’organisation bureaucratique qui sont autant de .facteurs déterminants dans la création d’un certain espace (le liberté académique »13 Face à ce constat, les universitaires se sont réunis à Kampala en 1990 afin de définir et de délimiter les franchises et libertés universitaires. Depuis lors, il convient de signaler qu’avec le vent de la mondialisation qui souffle de tous les côtés, associés au processus de démocratisation amorcé dans beaucoup de pays africains. Les gouvernements sous l’invite et la pression du corps intellectuel se sont trouvés dans l’obligation de mettre sur pied des textes relatifs aux franchises et libertés universitaires dans certains pays, tandis que dans d’autres où on notait l’existence déjà de lois sur ces dernières, la tâche consistait donc à les améliorer pour doter les universités d’une bonne protection. Au Sénégal, la loi 67–45 du 13 juillet 1967 relative à l’université de Dakar proclamait dans son article 3 que « l’université de Dakar bénéficie des franchises et libertés universitaires traditionnelles » Ce texte a été reformulé deux ans plus tard par la loi 69 — 33 du 19 juin 1969 qui disposait dans son article 3 que « les franchises universitaires sont définies comme les libertés indispensables à l’objectivité de l’enseignement et de la recherche : elles sont garanties aux membres du personnel enseignant, aux chercheurs et aux 13- AKE, (C), (1994), « Liberté académique et base matérielle » in Liberté académique en Afrique, sous la direction de DIOUF(M) et MAMDANI(M), CODESRIA, Dakar, 22. 51 étudiants dans l’enceinte des facultés, instituts et autres établissements d’enseignement supérieur » Le législateur de 1969 avait ainsi écarté la conception défendue alors par la communauté estudiantine et appuyée par les enseignants qui considéraient cette définition des franchises restrictive et proposaient de l’élargir à la garantie de sécurité sur le campus universitaire social. Ainsi avec la pression conjuguée des enseignants ( qui ont préparé sous l’égide du SAES un avant- projet de texte modifiant la loi de 1969 ) et des étudiants au fil des ans, mais aussi face aux crises successives qui secouèrent les universités, le gouvernement déposa à l’Assemblée nationale un projet de loi. Une loi entièrement consacrée à la question mais qui ne tient pas compte malheureusement des observations de la commission ad hoc. La loi n°= 94 — 79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et libertés universitaires traduit donc un équilibre provisoire voire précaire des rapports de force entre l’Etat et l’université. L’article l er de la loi de 1994 énonce que « les franchises et libertés universitaires garantissent aux enseignants, chercheurs et étudiants, dans le respect des lois et règlements et des principes d’objectivité et de tolérance, l’exercice des libertés indispensables au développement de l’enseignement et de la recherche » Et l’article 9 alinéa 1′ d’ajouter : « le régime des franchises et libertés universitaires s’applique à la communauté universitaire composée des enseignants, (les chercheurs et des étudiants » Ces deux articles concernent les personnes protégées. Pour ce qui est des espaces protégés il comprend selon l’article 2 « les facultés, les unités d’enseignements et recherche aussi que les instituts et établissements d’enseignement supérieur relevant des universités » Cependant l’exclusion du personnel administratif, technique et de service ainsi que le campus social du champ d’action des franchises et libertés universitaires a souvent été l’objet de controverses dans le milieu universitaire. Car il serait irrationnel de faire le départ sur le campus académique entre un espace qui serait cligne de protection et un autre qui ne le serait pas, entre, le personnel d’enseignement et de recherche, les étudiants qui seront protégés et le personnel administratif, technique et de service qui ne le serait pas. Dans l’enceinte des universités, tout espace de même que toute personne sont à protéger, dans la mesure où n’y figure que ce qui est jugé indispensable à son bon fonctionnement.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE 6
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE L’ETUDE
CHAPITRE I/ CADRE D’ANALYSE ET APPROCHE GENERALE DE L’ETUDE
: Justification du choix du sujet
1-2 : Problématique
I-3 : Objectifs de la recherche
I-4 : Hypothèses
I-5 : Cadre de l’étude
CHAPITRE II/ CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
11-1 : DEFINITION DES CONCEPTS
Crise
Violence
Université
Franchises et libertés universitaires
: MODELE THEORIQUE
II-2-1 : Fonctionnalisme : théorie du dysfonctionnement mertonien
II-3 : REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE III/ METHODOLOGIE
III-1 : PHASE EXPLORATOIRE
III-1-1 : Recherche documentaire
III-1-2 : Les entretiens exploratoires
III-2 : ECHANTILLONNAGE
III-3 : TECHNIQUES DE RECEUIL DES DONNEES
111-4 : DIFFICULTES RENCONTREES
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE IV/ SITUATION DES UNIVERSITES AFRICAINES
IV-1 : Manque d’autonomie des universités
IV-2 : La priorité de l’éducation de base au détriment de l’enseignement supérieur ou le diktat de la banque mondiale
IV-3 : Non-respect des franchises universitaires et libertés universitaires
CHAPITRE V/ LES MODALITES DE LA CRISE ET LES FORMES DE LAVIOLENCE A L’UCAD DE DAKAR
V-1 : Modalités de la crise à l’UCAD
V-1-1 : Dégradation des infrastructures et de l’environnement du campus pédagogique
V-1-2 : Massification des étudiants dans les premiers cycles des facultés
V-1-3 : Dégradation du taux d’encadrement et taux d’échec élevé
V-1-4 : Le manque de sécurité dans le campus social
V-2 : Formes de la violence à l’UCAD
V-2-1 : Violence à l’occasion des renouvellements des bureaux d’amicale, des mouvements de ressortissants et de la codification
V-2-2 : Violence entre associations religieuses et à l’endroit des résidents du campus social
V-2-3 : Violence entre étudiant et forces de l’ordre
CHAPITRE VI/ CAUSES DE LA CRISE ET DE LA VIOLENCE A L’UCAD DE DAKAR
VI-1 : Cumul d’insatisfaction et de sentiments de frustration, d’angoisse et d’anxiété
VI-2 : La précarité des conditions pédagogiques et sociales et la difficile insertion des diplômés
CONCLUSION GENERALE
ANNEXE

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