Cette section porte sur la criminalité chez la femme. Plus précisément, une brève définition du terme de violence ainsi que la prévalence du phénomène sont présentées. De plus, il est question des différences entre les hommes et les femmes qui commettent des actes criminels.
Avant toute chose, il importe de noter que dans ce travail, les actes violents englobent les infractions contre la personne au sens du Code criminel du Canada. Selon le ministère de la Sécurité publique du Québec (2012), les infractions contre la personne sont : « les crimes qui portent atteinte à l’ intégrité d’ une personne ou sont susceptibles de le faire ». Ainsi, des crimes tels que les homicides, la négligence criminelle, les agressions sexuelles, les vols qualifiés et les voies de fait font partie de la catégorie des crimes contre la personne. Ces crimes sont des actes que l’ on peut considérer comme étant hétéroagressifs.
Déjà en 1895, Lombroso dresse le profil psychologique de la femme criminelle dans son ouvrage « La femme criminelle et la prostituée ». Ainsi, la commission d’actes délictueux par les femmes n’ est pas une nouvelle réalité. Malgré tout, les recherches portant sur la criminalité féminine n’ en sont encore qu’ à leurs débuts. Harrati et al (2005) rapportent que les études sur le sujet sont peu nombreuses et qu’ elles se font principalement aux États-Unis et au Canada. En 2009, plus du quart (29 %) des infractions recensées chez les moins de 18 ans impliquaient des adolescentes (Statistique Canada, 2013b). Dans la même année, le pourcentage de crimes commis par les femmes adultes (21 %) est semblable à celui des adolescentes. Toujours selon Statistique Canada (2013b), le nombre de crimes commis par les femmes a augmenté de 7 % entre l’année 1979 et 2009.
Ainsi, il appert que les femmes commettent également des actes de violence. Les études qui se penchent sur la criminalité des femmes utilisent principalement les modèles théoriques déjà élaborées pour les hommes violents (p.ex., Verona, Sprague, & lavdani, 2012). Cependant, certains auteurs considèrent qu’ il serait préférable d’effectuer de plus amples vérifications afin de s’ assurer que les femmes criminelles ne présentent pas un profil clinique trop différent des hommes (Forouzan & Cooke, 2005; Nicholls, Ogloff, Brink, & Spidel, 2005). D’autres argumentent qu’ il serait pertinent, compte tenu des différences entre les hommes et les femmes déjà connues, de mieux comprendre les dynamiques internes spécifiques aux femmes (Falkenbach,2008; Nicholls, Odgers, & Cooke, 2008; Strand & Belfrage, 2005).
Notamment, Blatier (2006) suggère qu’il serait important de développer des connaissances spécifiques sur la criminalité féminine. Il considère que les femmes ont tendance à poser des actes criminels pour des raisons différentes des hommes. Cette différence est également soulevée par Odgers et Moretti (2002). Ils indiquent que les actes de violence commis par des hommes ont fréquemment un aspect domination. Cet aspect serait absent chez la majorité des femmes. Les victimes de la violence des femmes semblent également différentes. Celles-ci seraient principalement des personnes connues des femmes. Bien que les hommes fassent également des victimes dans leur entourage, il leur arrive plus fréquemment de perpétuer des actes de violence sur des inconnus (Snell, 1994; Statistique Canada, 2013b). D’autres exemples de différences sexuelles ont également été trouvés quant aux traits de personnalité, au genre d’actes criminels commis et aux problèmes de santé mentale associés (Cooke & Michie, 1999; Cunliffe & Gacono, 2005; Grann, 2000; Kreis & Cooke, 2011; Sprague, Javdani, Sadeh, Newman, & Verona, 2011; Toupin, 2006).
Une des différences fréquemment mentionnées entre les femmes et les hommes criminels est l’impact des évènements de vie traumatiques sur le développement de la personnalité et sur les trajectoires criminelles. Leurs impacts seraient, selon certains auteurs, plus importants chez les femmes que chez les hommes. En effet, Alegria et al. (2013) indiquent que les femmes ayant un trouble de la personnalité antisociale auraient vécu davantage d’évènements traumatiques (comme de la négligence, des abus verbaux ou physiques, etc.) que les hommes avec un même diagnostic. Les résultats de Loeber et Stouthamer-Loeber (1998) vont dans ce sens. Ils observent davantage d’abus ou de négligence durant l’enfance chez les femmes délinquantes. Aussi, Weizmann-Henelius et al. (2010) rapportent que les femmes ayant commis des homicides auraient subi davantage d’abus sexuels que les hommes qui commettent des actes similaires.
À ce JOur, des divergences entre les femmes et les hommes sont soulevées par plusieurs auteurs. L’importance de ces différences sexuelles parait assez considérable pour que l’utilisation des théories élaborées pour les hommes dans les études portant sur les femmes soit contestée (Falkenbach, 2008; Nicholls et al., 2008; Strand & Belfrage, 2005). Ainsi, il s’avère de plus en plus pertinent d’identifier le ou les fonctionnements intrapsychiques propres à ces femmes sans utiliser les modèles théoriques s’appliquant aux hommes. Les organisations pathologiques de la personnalité, plus précisément les troubles de la personnalité, semblent être des variables essentielles à approfondir dans la compréhension des femmes qui commettent des actes de violence.
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