CRÉATION D’UN CENTRE PISCICOLE PRODUCTEUR D’ALEVINS DE CARPE ROYALE ET DE POISSONS
Reproduction des carpes royales
Mode de reproduction envisagé Projet d’élevage de carpe royale à Antsomangy 23 RANDRIANARISON Tahina Partie 2 : Conduite du projet En général, les carpes se reproduisent naturellement dans des bassins d’élevage mais le succès de la reproduction dépend fortement des conditions climatiques (température de l’eau 16°C à 24°C). Il y a donc le risque de manque de juvéniles pour l’empoissonnement. Pour accroître nos rendements, nous avons recours à la reproduction artificielle. Cette technique est utilisée dans de nombreux pays comme la France. Certes, elle demande beaucoup des moyens, surtout financier, mais la production est meilleure et contrôlable. Elle se base sur des stimulations hormonales des géniteurs maintenus en captivités dans des conditions thermiques bien contrôlées pour induire la sécrétion du sperme et de l’ovule. 2.3.2 Sélection des géniteurs Nous utiliserons des géniteurs sélectionnés dans notre centre piscicole car nous espérons : – Produire le maximum d’alevins avec d’excellents géniteurs. – Obtenir des carpillons de bonne performance, de croissance rapide et résistant aux maladies. Ces géniteurs seront sélectionnés en fonction de leur comportement et leurs performances individuelles : – Corps bien constitué – Organes génitaux bien développés.
Séparation des sexes
Elle est très pratiquée en carpiculture. Elle évite les fastidieuses pontes incontrôlées qui se produisent presque inévitablement en étang où mâles et femelles sont gardés ensemble.
Hypophisation
L’hypophysation ou injection hypophysaire doit son nom à l’hypophyse ou glande pinéale qui est une glande endocrine de 2 – 3mm de diamètre, pesant 2 – 3 mg, située dans la tête du poisson. Projet d’élevage de carpe royale à Antsomangy
Conduite du projet
Elle secrète entre autre une hormone sexuelle, la gonado – stimuline qui, en arrivant dans le sang, provoque le développement des organes génitaux : – Chez la femelle, elle provoque la maturation et la séparation des oeufs de la paroi des ovaires d’où l’expulsion des oeufs; – Chez le mâle, ce sont la maturation et l’émission de laitance.
Prélèvement de l’hypophyse
Le prélèvement se fait l’aide d’une perceuse électrique sur lequel est monté un cylindre d’acier. Il suffit ensuite de détacher l’hypophyse du cerveau à l’aide d’une petite cuiller. A défaut de perceuse, pour détacher le cerveau, on peut faire des sectionnements antérieurs et postérieurs à l’aide de ciseau ou de couteau. Les hypophyses recueillies sont immédiatement dégraissées et desséchées dans l’acétone absolue (solvant) qui est renouvelée au bout de 8 heures. Le renouvellement sera répété trois fois pendant le même temps. On les assèche ensuite à l’ombre ou en salle sur du papier filtre pendant quelques heures et on les conserve dans un dessiccateur. Elles peuvent y être conservées pendant 3 ans, mais il est préférable d’utiliser des hypophyses fraîchement prélevées. 2.3.6 Injection de l’hypophyse Avant l’injection, les hypophyses sont finement broyées dans un petit mortier en porcelaine et émulsionnées dans une quantité suffisante de solution physiologique (Na Cl à 0,65%) qui correspond au nombre de carpes à traiter. Avant l’hypophysation, afin de les manipuler facilement, les géniteurs sont tranquillisés au MS 222 Sandoz à la dose de 5–10 g/10 litres d’eau. L’hypophysation est systématique chez les mâles comme chez les femelles. Les femelles reçoivent deux injections au lieu d’une comme par le passé, car avec les doubles Projet d’élevage de carpe royale à Antsomangy 25 RANDRIANARISON Tahina Partie 2 : Conduite du projet doses, 70 à 90 % des reproducteurs traités donnent des oeufs fécondables tandis que la proportion est de 40 – 50 % pour les femelles qui n’ont reçu qu’une seule injection. Tableau n°4 : Les doses d’hypophyses utilisées (x) sont les suivantes : Mâle Femelle Observation 1ère injection 2 mg/kg 3 mg/ femelle ou 0,3 mg/kg La dose utilisée dépend de l’état de la femelle 2 ième injection Néant 3 mg/kg Source : production piscicole maîtrisée en plan d’eau (x) – Les doses utilisées sont différentes d’une écloserie à une autre. Les deux injections sont séparées par un intervalle de 12 heures. L’injection intramusculaire a lieu à mi-distance du premier rayon de la nageoire dorsale et de la ligne latérale. Après la seconde injection, l’appareil génital des femelles est suturé afin d’éviter que les oeufs ne s’écoulent dans les bassins de maturation. Aussitôt l’injection faite, les géniteurs sont gardés en laboratoire, dans des bassins en béton, et ne doivent en aucun cas être perturbés car le calme est indispensable pour que la maturation s’effectue dans les meilleures conditions. A l’écloserie après chacune des deux injections, la température de l’eau est maintenue à 24°C. L’ovulation a lieu 10 heures après la seconde injection. Plus la température diminue, plus la durée d’ovulation est longue. Partie 2 : Conduite du projet Figure n°2 : schéma des opérations d’induction de l’ovulation et de stimulation de la spermiation (par injection hormonale)
Insémination artificielle
C’est la rencontre de l’ovule et du spermatozoïde, appelée aussi fécondation. Quand les géniteurs sont parfaitement mûrs, on les manipule avec beaucoup de précautions et on les tranquillise de nouveau au MS 222. En principe, par mesure de sécurité, on utilise la laitance de deux mâles différents pour féconder les œufs d’une femelle. La fécondation doit être faite avec la plus grande célérité car, d’une part, le micropyle par lequel le spermatozoïde pénètre dans l’oeuf se rétrécit par gonflement au bout de quarante cinq secondes de séjour dans l’eau. D’autre part, dès que les spermatozoïdes entrent en contact avec l’eau, ils sont doués d’une grande mobilité et meurent très vite. On sort une femelle de l’eau. On essuie délicatement son corps pour éviter que l’eau qui le mouille ne glisse dans la cuvette plastique qui est destinée à collecter les oeufs. On couvre la tête et la queue à l’aide de 2 serviettes de façon à laisser libre l’abdomen. On maintient ensuite le poisson en position inclinée, la tête vers le haut. Si les oeufs sont mûrs, les oeufs s’écoulent seuls dès qu’on coupe les ficelles qui ont servi à suturer l’appareil génital des femelles. Une légère pression manuelle achève l’expulsion des oeufs. On continue l’opération jusqu’à ce que la femelle soit totalement vidée de ses oeufs. La laitance du male est récoltée à l’aide d’un collecteur constitué par un tube de verre de 100 cm3 de capacité. A défaut de collecteur, on peut effectuer la même opération d’expulsion que chez la femelle en arrosant directement les oeufs avec la laitance. En volume, il faut 5 à 10 ml de laitance pour féconder 1 kg d’oeufs secs. On mélange intimement à sec oeufs et laitance à l’aide d’une cuiller plastique. Tout en remuant le mélange sans arrêt pendant une heure à une heure et demie, on y verse petit à petit une solution fertilisante d’urée et de NaCl Cette solution a pour propriété de préserver la mobilité des spermatozoïdes tout en empêchant les oeufs de s’agglutiner. En effet, les oeufs de carpe, une fois traités, secrètent une matière visqueuse qui fait coller les oeufs les uns aux autres sous forme de glomérules et les fait moisir et se gâter dans un temps assez court après la fécondation. Projet d’élevage de carpe royale à Antsomangy 28 RANDRIANARISON Tahina Partie 2 : Conduite du projet Figure n°3 : schéma d’insémination chez les carpes royales 2.3.8 L’incubation L’incubation se fait en carafes de Zoug de 7 – 9 litres de contenance. On verse délicatement les oeufs dans les carafes. Chaque carafe reçoit 2 litres d’oeufs. Les oeufs étant fragiles, le débit d’eau requis par carafe est de 0,81/minute pendant le 1er jour. A partir du 2è jour, il est de 2 à 3 1/minute. Cette eau doit être propre, bien oxygénée et sa température est réglée à 24°. On ne poursuit pas l’incubation dans les carafes de Zoug de 7–9 litres jusqu’à l’éclosion pour diverses raisons : manques d’espace vital, d’oxygénation et de point d’appui, difficultés pour résorber la vésicule vitelline. Quand les premières éclosions se produisent, on retire par siphonage les oeufs des petites carafes. On les garde quelques minutes dans des cuvettes où placés dans des conditions défavorables, tous éclosent rapidement. Les oeufs sont ensuite versés dans des grandes carafes de 250 litres de capacité où le débit d’eau est réglé à 10 – 12 1/mn. On submerge dans les mêmes carafes des branches feuillues où les alevins viennent trouver des points d’appui.
PARTIE I |