Couvert végétal et sa relation avec le contenu pollinique
La distribution naturelle des plantes est le reflet des facteurs biotiques (exigences écologiques et potentialités de reproduction et de dispersion propres à chaque espèce) et abiotiques (distribution des niches écologiques potentielles) dans une perspective historique, l’histoire paléoclimatique et paléogéographique ayant profondément interféré sur la distribution actuelle des espèces (Felber et Clot, 2003). Plusieurs scientifiques suggèrent que la composition de la végétation locale exerce une profonde influence sur la quantité de pollens mesurée par un capteur (Carinanos et al., 2002; Frenz, 2000; Defila et Clot, 2001 ; Rodriguez-Rajo et al., 2010). L’extension des zones urbanisées a entrainé, depuis plusieurs années, un profond remaniement du paysage végétal. Les phytocénoses originelles ont disparu de nombreuses localités. Sur les terres- pleines des avenues, les bermes des routes, entre les immeubles récemment construits, l’homme a implanté des phytocénoses artificielles ou dominent des Graminées fauchés, des herbacées ornementales choisies pour leur aspect décoratif et des espèces ligneuses recherchées pour l’ombrage (Mediouni, 2002). L’objectif de la présente étude est d’établir, au niveau des trois localités, la comparaison entre la liste des plantes du couvert végétal et celle des espèces polliniques atmosphériques récoltées.
Généralités sur la flore méditerranéenne
A l’échelle de la biosphère, Myres et al. (2000) distinguent 35 Hotspots majeurs de biodiversité. Ils correspondent pour 18 d’entre eux à des écosystèmes de forêts tropicales, les autres à des zones sises dans divers écosystèmes méditerranéens, un seul d’entre eux dans la région caucasienne. En matière de biodiversité végétale, ces zones privilégiées sont caractérisées par le fait qu’elles comptent plus de 1000 espèces de plantes pour 2500 km2 (Véla et Benhouhou, 2007). Ces mêmes auteurs, soulignent que ces 25 Hotspots bien qu’ils ne couvrent au total que 1.5% de la surface des continents renferment 44% de la biodiversité totale en plantes vasculaires et 33% des espèces de mammifères.La région méditerranéenne est considérée comme région privilégiée dans sa diversité
floristique et son endémisme par son histoire à travers les ères géologiques. Elle apparaît donc sur le plan mondial comme un centre majeur de différentiation des espèces végétales (Quézel et Médail, 1995). Ces derniers distinguent au sein de ces régions dix points chauds ou Hotspots réparties tout autour du bassin. Les flores des régions méditerranéennes, et particulièrement celles présentes autour du Bassin Méditerranéen, sont unanimement considérées comme étant d’une exceptionnelle diversité (De Bélair, 2005). Le Bassin Méditerranéen, avec 30 000 espèces vasculaires, est un lieu de fort endémisme (Quézel et Médail, 2003). Si l’on étend cette évaluation à l’ensemble des zones à climat méditerranéen du monde, l’ensemble des flores méditerranéennes du globe regroupe au moins 70 000 espèces vasculaires, soit environ le quart ou le cinquième des espèces végétales vasculaires connues aujourd’hui sur l’ensemble de la planète.
La flore algérienne
La flore algérienne occupe une place importante au niveau du Bassin Méditerranéen. Parmi les 11 hotspots méditerranéens, 2 appartiennent au territoire algérien. Le tableau 4, relatif à la biodiversité des pays du bassin méditerranéen, nous permet de situer l’Algérie par rapport aux autres pays du bassin. Parmi les quatorze pays méditerranéen, l’Algérie occupe la septième position de point de vue richesse en nombre de taxons (Myres et al., 2000 ;Yahi et al., 2012). L’Algérie étant soumise à l’influence conjuguée de la mer, du relief et de l’altitude, présente un climat de type méditerranéen extra tropical tempéré, caractérisé par une longue période de sécheresse estivale variant de 3 à 4 mois sur le littoral, de 5 à 6 mois au niveau des Hautes Plaines et supérieure à 6 mois au niveau de l’Atlas Saharien. Au Nord, tous les bioclimats méditerranéens sont représentés, depuis le perhumide (monts des Babor) jusqu’au semi-aride (Sahel d’Oran) (Mediouni, 2002). Les principales unités de végétation rencontrées en Algérie du Nord sont (Figure 9) : Les forêts (sclérophylles à chêne vert, chêne liège, etc.), caducifoliées (à chêne zeen, chêne afarès, érables), de conifères (pin d’Alep, pin noir, pin maritime, thuya, cèdre, sapin) ;Les matorrals qui regroupent les formations sempervirentes dominées par le pistachier lentisque, les cistes, les genêts, le calicotome, le diss, le romarin, la globulaire; Les pelouses thérophytiques, orophytiques, chasmophiles, les ermes à asphodèle ;Il n’existe pas, en Algérie, de mise au point permettant d’avoir une idée précise de la richesse floristique. Les chiffres avancés par les auteurs sont très variables. Quézel (1964) cite 2840 espèces pour l’Algérie du Nord (Sahara exclu). En 1975, Quézel et Bounaga (1975) signalent 3300 espèces pour l’Algérie et la Tunisie. A la même époque, Le Houerou (1975) avance le chiffre de 3150 espèces pour l’Algérie alors qu’il en signale 3200 en 1995 (Le Houerou, 1995). Quézel et Médail (1995) retiennent également 3150 espèces dont 2700 se retrouvent en région méditerranéenne.