Cours sur l’investissement les différentes formes d’ISR , tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
Les différentes formes d’ISR
Nombre de gérants de portefeuille se sont aujourd’hui convertis à l’ISR. Les fonds gérés selon ces principes et baptisés « fonds socialement responsable », « fonds développement durable » ou « fonds éthiques » tentent de concilier performance financière et extrafinancière. Précisément, la performance financière se traduit par l’optimisation du couple rentabilité‐risque, tandis que la performance extra‐financière porte sur le respect de certaines exigences en matière de protection de l’environnement, d’actions sociales et de gouvernance d’entreprise (c’est que l’on appelle les critères ESG). Schématiquement, on distingue trois grandes approches4, celles‐ci ayant bien sûr tendance à se conjuguer en pratique. • Une approche de filtrage (screening). Le filtrage négatif est fondé sur l’exclusion de certains secteurs ou de certaines entreprises, au motif qu’ils ne sont pas « éthiques ». A contrario, le filtrage positif consiste à privilégier des secteurs d’activités en raison de leur implication pionnière dans le développement durable (énergies renouvelables, transports propres, etc.). Notons que dans certains cas, les fonds qui pratiquent le filtrage positif s’apparentent en fait à des fonds thématiques. • Une approche best‐in‐class, fondée sur la sélection d’entreprises qui réalisent les meilleures performances financières, environnementales et sociales sans qu’aucun secteur ne soit exclu ou privilégié a priori. Cette approche cherche à promouvoir la responsabilité sociale au sein de toutes les entreprises en privilégiant, dans chaque secteur, les entreprises les plus « vertueuses ». La pression sur les entreprises est ici indirecte.
• Une approche d’activisme actionnarial dans laquelle les investisseurs ont pour ambition de faire évoluer la politique des entreprises en s’impliquant davantage dans la conduite de celles‐ci et, le cas échéant, en faisant pression sur les dirigeants (Karpoff, 2006). En étant actionnaires, donc co‐propriétaires des entreprises, on est mieux à même d’orienter ces dernières dans la voie de la responsabilité sociale. L’engagement actionnarial va du simple dialogue avec les dirigeants, à l’exercice actif des droits de vote et à la proposition en assemblée générale d’actionnaires d’un certain nombre de résolutions relatives aux critères ESG. De manière générale, l’engagement actionnarial est beaucoup plus répandu dans les pays anglo‐saxons qu’en Europe. Cette pratique s’est notamment structurée dans les années 1970 lors des luttes pour les droits civiques et la lutte anti‐apartheid. Dans la suite de cet article, on s’attachera essentiellement aux deux premières approches qui forment le noyau dur de l’ISR.
Les initiatives politiques
Au‐delà de la création d’une nouvelle offre de produits financiers, l’ISR se traduit par des initiatives d’ordre politique visant à faire pression sur les marchés financiers et les entreprises pour les faire agir dans le sens du développement durable. Dans la plupart des pays occidentaux, des lois ont ainsi été promulgué pour favoriser l’ISR.5 Par exemple, en France, l’article 116 de la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (mai 2001) impose aux entreprises cotées de droit français de fournir des informations sociales et environnementales dans leurs rapports annuels. En outre, en 2005, des investisseurs institutionnels se sont réunis sous l’égide de l’ONU pour créer les principes de l’investissement responsable (PIR). En mai 2008, on dénombrait 362 signataires (41 % d’européens, 19 % de nord‐américains, 19 % en provenance d’Océanie et 8 % d’Asie) pour un montant d’actifs sous gestion qui s’élève à plus de 13 000 milliards.