Trente ans et des centaines d’écrivains venus chaque année à la rencontre de milliers de lecteurs qui déambulent entre les stands des libraires et des éditeurs, assistent aux tables rondes, entretiens et lectures, et participent aux très nombreux ateliers et animations que propose la manifestation. Trente ans de souvenirs et d’émotions partagés, avec une ambition réaffirmée, édition après édition : inviter tous les publics au plaisir du texte et des mots, à la découverte du livre et de tous les imaginaires littéraires, et défendre les librairies indépendantes, ces lieux indispensables et fragiles habités par la passion et l’envie de transmettre et de partager le goût de lire. Après les littératures du Maghreb il y a deux ans, et un détour l’année dernière par les pays du Nord de l’Europe, la Comédie du Livre est cette année fidèle à l’identité et à la vocation méditerranéennes de Montpellier. En accueillant les littératures ibériques, l’Espagne et le Portugal, la Comédie du Livre vous invite à venir à la rencontre d’univers littéraires, d’histoires, de personnages, de paysages qui sont familiers à beaucoup d’entre nous. Avec l’aide bienveillante des autorités espagnoles et portugaises en France, celle des éditeurs et des libraires, la Comédie du Livre et ses lieux de rencontres accueilleront plus de trente écrivains représentant ces deux grands pays de Littérature, et bruiront des accents et sonorités de cinq langues différentes : le castillan et portugais bien sûr, mais également le catalan, si proche de nous, le galicien et le basque. Pour la première fois cette année, des rencontres auront lieu autour de Montpellier, dans différentes communes et médiathèques de Montpellier Méditerranée Métropole. La Comédie du Livre, plus grande manifestation littéraire du Sud de la France, se doit en effet d’aller à la rencontre de tous les publics, au plus près de la vie quotidienne des habitants de la Métropole.Je tiens à remercier celles et ceux qui ont fait de la Comédie du Livre, depuis trente ans, ce rendez-vous si chaleureux, populaire et intelligent : les écrivains, les libraires, les éditeurs, les journalistes et tous les partenaires publics et privés, au premier rang desquels l’association Cœur de Livres ; les élus et les différentes équipes qui se sont succédés et ont contribué au succès de la manifestation ; mais avant tout le public, les centaines de milliers de lecteurs, fidèles et exigeants, qui ont visité les stands, participé aux rencontres, salué les écrivains, et qui attendent avec impatience de venir célébrer le livre, chaque fin de printemps, à Montpellier. Je vous souhaite une très belle et très riche Comédie du Livre 2015 !
LES ÉDITIONS VIVIANE HAMY CARTE BLANCHE À LYDIE SALVAYRE
Les éditions Viviane Hamy sont mises à l’honneur lors de cette 30e édition de la Comédie du Livre. Après avoir travaillé dans le domaine de l’édition en tant que représentante puis attachée de presse, c’est en 1990 que Viviane Hamy fonde sa propre maison d’édition. Celle-ci a pour intention de faire entendre de nouvelles voix et de faire réentendre celles que l’on aurait oubliées.« Un manuscrit me bouleverse pour les raisons les plus diverses, et j’ai alors l’envie, le besoin, la curiosité de comprendre pourquoi il a provoqué cette petite (ou cette grande) révolution. Et le meilleur moyen pour y arriver – me semble-t-il – est de débusquer son auteur, son imaginaire, son imagination en publiant ses livres. Et pour cela il me faut du temps, beaucoup de temps. […] J’aime la complexité de l’être humain et ce métier est un observatoire extraordinaire. » confie Viviane Hamy. Une ligne éditoriale basée donc sur l’envie de découvrir et sur la capacité à se laisser séduire par des textes auxquels d’autres pourraient résister.
Cette année, la maison d’édition Viviane Hamy fête ses 25 ans et compte parmi ses auteurs (tant français qu’étrangers) de nombreux lauréats des prix les plus prestigieux.Les librairies Sauramps recevront sur leur stand l’éditrice accompagnée de quelques-uns de ses auteurs : le Portugais Gonçalo M. Tavares, la jeune et talentueuse Cécile Coulon, Ruth Klüger, écrivaine américaine de renom, Élyane Dezon-Jones et Stéphane Heuet, spécialistes de Marcel Proust, l’habile romancier François Vallejo, les auteurs de polar Dominique Sylvain et Karim Miské et la poétique Hoai Huong Nguyen.Leur temps de présence sur la manifestation se partagera entre tables rondes, rencontres et séances de dédicaces. Née d’un père andalou et d’une mère catalane, tous deux réfugiés politiques dans le Sud de la France à la fin de la Guerre d’Espagne, Lydie Salvayre, psychiatre de formation, commence à écrire à la fin des années 1970. Ses premiers romans paraissent au début des années 1990, chez Julliard, puis au Seuil : si La Déclaration évoque la question du désamour, de la solitude et de la folie qui rôde, La Vie commune et La Médaille abordent les thématiques de la vie de bureau et du monde du travail. Mais c’est avec La Compagnie des spectres (Prix Novembre en 1997), monologue d’une jeune fille hantée par la voix de sa mère et les fantômes de l’Occupation et confrontée à la visite d’un huissier venu saisir les quelques biens qu’il leur reste, que Lydie Salvayre accède à la double reconnaissance du public et de la critique. Livre après livre, la romancière construit une œuvre singulière et subtile, qui interroge avec humour mais sans concession notre monde contemporain, la violence qui caractérise les rapports sociaux et le monde du travail, les traces du passé, la mémoire et ses blessures, les stratégies de résistance que les hommes et femmes opposent à la dureté du quotidien. Pas pleurer, son dernier roman, est sans doute son livre le plus personnel, le plus intime. Prix Goncourt 2014, ce magnifique récit entrelace deux voix. D’abord, celle de sa mère, qui parle un très vert et très inventif mélange d’espagnol et de français, adolescente catalane qui vit avec émerveillement, crainte et libération l’explosion libertaire qui secoue certaines régions d’Espagne en 1936. Dans des pages inoubliables, l’écrivain dresse le portrait d’un petit village qui connaît tout le poids des traditions et des servitudes, celui également de la vie des humbles soudain confrontés à l’irruption des idées nouvelles et de l’espoir révolutionnaire. Autre forte voix convoquée, celle de l’écrivain monarchiste et catholique Georges Bernanos, qui découvre avec effarement et indignation la répression des milices franquistes à Palma de Majorque, l’attitude complice et criminelle de l’Église, et livre sa colère dans les pages brûlantes de son chef..